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La destruction des vêtements invendus bientôt interdite en France ?

undefined undefined 27 avril 2018 undefined 16h11

undefined undefined 27 avril 2018 undefined 18h12

Manon Merrien-Joly

Vous voyez ce gros tractopelle ? Il est en train de gravir un monceau de sapes que certains ont jugées plus à la mode. Ce sont peut-être aussi des pièces défectueuses sorties d'usines, à moins que ce soient carrément les invendus d'une grande enseigne de fast-fashion qui a décidé de les détruire pour éviter de les brader, pour préserver son image de marque. 


Cette photo est extraite du très bon documentaire d'Andrew Morgan The True Cost, et ce tractopelle n'est pas en France, puisque toute la confection a été délocalisée depuis belle lurette déjà, transférant les dégâts humains et environnementaux assez loin pour qu'on ne puisse pas les voir. Alors qu'on produit toujours plus et qu'en parallèle de nombreuses alternatives se mettent en place pour produire mieux voire moins, les surplus textiles sont bien là.

Lundi 23 avril dernier, le premier ministre Edouard Philippe a présenté la feuille de route en vue du développement de l'économie circulaire en France. Parmi les 50 mesures accompagnant le pays vers la transition, l'une d'entre elles est passée inaperçue, et pourtant elle n'était pas des moindres : il s'agit de « faire valoir d’ici 2019 pour la filière textile les grands principes de la lutte contre le gaspillage alimentaire ».

Dans le secteur alimentaire, tout magasin de plus de 400 mètres doit signer un accord avec une association caritative pour la reprise des invendus et justement, éviter de jeter où de brûler. 

Ainsi, d'ici 2019, le gouvernement s'est fixé comme objectif que plus aucun vêtement invendu ne soit "jeté ou éliminé". Une décision saluée par Emmaüs, qui alertait le gouvernement depuis plusieurs mois sur l'urgence de la situation mais reste prudent : cette feuille de route n'a pour l'instant valeur que de déclaration d'intention.

Au fait, vous vous souvenez de ce documentaire suédois en octobre qui accusait H&M de brûler 12 tonnes de vêtements invendus chaque année ? C'est pour éviter ce genre d'atrocités qu'une telle mesure serait plutôt bienvenue, surtout quand on connaît le salaire moyen d'un ouvrier du textile (56€ mensuels) et les risques sanitaires auxquels ils s'exposent pour que finalement, une partie de la production se retrouve à l'incinérateur.

Rappelons que chaque Français achète environ 30 kg de produits textiles chaque année, et que seuls 2,5 kg en sont recyclés. À ceux qui pensent que la mode est un domaine qui ne mérite pas que l'on s'attarde dessus, du moment que vous ne sortez pas nu de chez vous, le recyclage textile vous concerne également. À bon entendeur.