C’est la nouvelle qui a attisé la colère des Parisien·ne·s et, a fortiori, des Français·es. Mercredi 1er octobre 2025, Shein, le géant asiatique de la fast-fashion, annonçait la création de sa première boutique physique au monde. Et ce n’est autre que Paris, capitale de la mode, qui a été choisie pour cela dans un premier temps. Shein a notamment signé un accord avec la Société des grands magasins (SGM), qui détient les Galeries Lafayette et le BHV Marais où l’enseigne d’ultra fast-fashion viendrait poser ses valises dès le mois de novembre. Un projet contesté de toutes parts et particulièrement par les Galeries Lafayette, qui comptent s’opposer à cette ouverture.
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Des valeurs et des pratiques opposées
La réponse était sans appel : « Les Galeries Lafayette empêcheront la mise en œuvre de cette décision », pouvait-on lire dans un communiqué envoyé par le grand magasin le mercredi 1er octobre, en réponse à l’annonce de Shein. Les Galeries, dont la direction est assurée par Nicolas Houzé, déplorent un projet « contraire aux conditions contractuelles d’affiliation qui lient le groupe SGM aux Galeries Lafayette » et se disent en « profond désaccord avec cette décision au regard du positionnement et des pratiques de cette marque d’ultra fast-fashion qui est en contradiction avec leur offre et leurs valeurs. [...] Les affiliés ont une latitude d’action pour choisir les marques qu’ils veulent vendre dans leurs magasins. Ces marques doivent correspondre au positionnement premium des Galeries Lafayette, ce qui n’est pas le cas de Shein ».
Des appels au boycott de plus en plus nombreux
Depuis l’annonce, les oppositions et les appels au boycott sont nombreux. Sur LinkedIn, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a déclaré que « Paris dénonce l’implantation de Shein, symbole de la fast-fashion au BHV Marais. [...] Ce choix est contraire aux ambitions écologiques et sociales de Paris qui soutient un commerce de proximité responsable et durable. » Mathilde Lacombe, la cofondatrice de la marque Aime présente au BHV, a affirmé que son enseigne se retirera du grand magasin, et elle appelle ses collègues à faire de même.
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« Je prends rarement la parole publiquement sur ce type de sujet, mais là, le silence n’était plus une option », a-t-elle affirmé à nos confrères du Figaro. Une pétition a également été créée par le collectif « Un Autre Monde Est Possible » afin de s'opposer à l'arrivée de Shein à Paris et dans tout l'Hexagone. Plus de 71 900 signatures ont déjà été récoltées.
Une aberration écologique et humaine
Avec environ 7000 nouveaux articles produits par jour, avec des matériaux difficiles voire impossibles à recycler, l'enseigne d'ultra fast-fashion représente une catastrophe écologique. En 2023, l'ONG des Amis de la Terre avait publié un rapport montrant que 470 000 vêtements étaient disponibles au quotidien sur le site de Shein, soit 900 fois plus qu'une marque française classique.
Or, un tel rythme de production émet entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2 chaque jour. À cela s'ajoutent des conditions de travail désastreuses. Le 31 juillet dernier, l'association ActionAid et l'ONG China Labor Watch ont publié une enquête intitulée « Shein, la mode qui va vite et qui fait mal », qui révèle que les employés de Shein travaillent dans des ateliers qui ne respectent pas les normes sanitaires, ils n'ont pas de contrat — et n'ont donc aucune sécurité de l'emploi — mais sont à l'ouvrage entre 10 et 12h par jour, et sont payés une misère : entre 6 et 27 centimes le vêtement.
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