Plus de la moitié de l'eau potable française contaminée par un pesticide interdit depuis 2020

undefined 7 avril 2023 undefined 17h45

Auriane Camus

Eau en bouteille ou eau du robinet ? Le débat anime les Français·e·s déjà depuis de nombreuses années, mais ne semble toujours pas résolu. S’il a été prouvé que l’eau en bouteille contenait des micro-plastiques en quantités importantes – 93% des eaux en bouteille contiennent des micro-plastiques selon une étude publiée en mars 2018 –, l’eau du robinet serait, quant à elle, polluée par des pesticides et perturbateurs endocriniens potentiellement dangereux pour la santé.

C’est en tout cas ce que vient d’affirmer un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire nationale (Anses) ce jeudi 6 avril. L’organisme pointe du doigt la présence de résidus de pesticides dans l’eau du robinet, et notamment d’un produit appelé "chlorothalonil", interdit en France depuis 2020 en raison de sa toxicité. 57% des eaux publiques seraient contaminées par celui-ci.


Des résidus de pesticides interdits

Comment expliquer la présence de cette substance normalement interdite en France ? Le chlorothalonil a été utilisé pendant près d’une cinquantaine d’années pour éliminer les champignons parasites sur les céréales, légumes, vignes ou encore sur les betteraves et pommes de terre. Des résidus chimiques ruissellent ensuite des cultures et s’infiltrent dans les cours d’eau ou les nappes phréatiques, d’où sont pompées les eaux publiques. 

Si son interdiction date de 2020, l’Anses affirme que « certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l'environnement plusieurs années après l'interdiction de la substance active dont ils sont issus ». Malgré le traitement et la filtration des eaux avant leur distribution dans les circuits d’eau potable, certains résidus persistent. Un problème majeur, quand on sait que plus de 68% des Français consomment l’eau du robinet au quotidien, selon le Baromètre annuel d'opinion 2022 du Centre d'information sur l'eau.

Hormis la présence de chlorothalonil, l’Anses a également noté la présence de S-métolachlore dans la moitié des échantillons analysés, une substance dont l’utilisation avait été bannie en février 2023 pour préserver les nappes phréatiques en raison de son potentiel cancérigène. Des résidus d’explosifs, de type TNT, ont également été retrouvés dans 10% des échantillons.


Les régions agricoles très touchées

Si les Hauts-de-France et la Bretagne sont particulièrement touchés par ces pollutions des eaux, en raison de la forte présence agricole sur ces territoires, le Bassin parisien se place tout de même en 3e position dans la liste des régions les plus impactéesDe leur côté, les autorités sanitaires assurent qu’elles vont renforcer les mesures de la qualité de l’eau publique, mais le gouvernement estime que la présence généralisée de ces pesticides dans l’eau ne présente « pas de risque sanitaire ».