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Le Paris d’Agnès Varda raconté en photos au Musée Carnavalet

undefined undefined 21 avril 2025 undefined 18h00

Flora Gendrault

« Je n’habite pas Paris, j’habite Paris 14e », disait Agnès Varda. Arrivée dans la capitale en 1951, la jeune prodige s’installe au 86, rue Daguerre, entre la place Denfert-Rochereau et la gare Montparnasse, et transforme rapidement son logement en terrain de jeu. À la fois cour-atelier, studio, espace privilégié de création et d’exposition, elle ne cessera de le placer au cœur de ses travaux, qu’ils soient photographiques ou cinématographiques, jusqu’à sa mort en 2019. C’est sur l’ancrage profond de son œuvre avec son environnement que choisit de se pencher la nouvelle exposition du Musée Carnavalet, témoignant de sa liberté de ton et révélant Agnès Varda la photographe, longtemps reléguée au second plan, au profit de la réalisatrice. 


Le 14e, laboratoire d’une photographe à tâtons 

Agnès Varda ne tombe pas instantanément sous le charme de Paris, non. Elle trouve d’ailleurs la ville un peu triste, presque maussade : c’est au travers de son imposante chambre photographique qu’elle en tombe amoureuse, jusqu’à lui rester fidèle toute sa vie. Peut-être est-ce aussi parce qu’elle parvient à se construire un cocon d’inspiration rue Daguerre, son chez-elle de toujours, où elle effectue ses premiers clichés. 

C’est ainsi au cœur de son habitat que s’ouvre Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là, avec une série d’images en noir et blanc de différentes natures. Des portraits, des nus, des natures mortes, l'artiste choisissant souvent son cercle proche – amis, voisins, et sa compagne, Valentine Schlegel – ou quelques anonymes pour modèles. Déjà, Agnès Varda donne l’impression d’être toujours au bon endroit, au bon moment, d’avoir un talent naturel pour saisir la subtilité d’une expression, d'un regard ou d’une pose. De ses quelques autoportraits, dans lesquels elle valorise son emblématique coupe au bol et sa petite taille (1 mètre 52), on retient une assurance tranquille. Naturellement, elle expose très vite ses photographies dans son atelier, et tourne quelques plans de raccord de ses premiers films. La machine est lancée. 


D’amatrice à professionnelle, de l’atelier au théâtre 

La jeune Agnès Varda a tout juste 23 ans lorsqu’elle s'associe au Théâtre National Populaire et au Festival d’Avignon. Dans les années 50, elle devient ainsi l'une des photographes de théâtre les plus réputées de la capitale. Sa patte est drôle, singulière, comporte une part de noirceur qui plaît. Le musée municipal parisien est parvenu à mettre la main sur quelques-uns de ses plus célèbres portraits, utilisant toujours Paris comme toile de fond, mais avec des décors déroutants ; notre favori est peut-être celui du cinéaste Federico Fellini dans les éboulements des anciennes fortifications de la capitale. Varda n’a pas froid aux yeux, elle les utilise pour sublimer l’étrange. Dans sa cour s’ajoutent aux habitué·es son nouveau conjoint, le réalisateur Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg), ainsi que des personnalités issues du monde du théâtre, puis, bien sûr, du cinéma. 

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Filmer l’envers de Paris et ses marginaux 

Chronothématique, l’exposition se concentre sur le travail photographique d’Agnès Varda, mais n’hésite pas à faire des ponts avec le cinéma, une gymnastique qu’elle effectuera elle-même toute sa vie. Le regard de la cinéaste sur Paris est évoqué dans un parcours mettant en valeur ses courts et longs métrages, tournés partiellement ou entièrement à Paris, à commencer par L’opéra Mouffe (1958) puis le cultissime Cléo de 5 à 7 (1962), ou encore L'une chante, l'autre pas (1977). La ville y est filmée pour être à l’unisson des sentiments traversés par la jeune femme, sensible aux problématiques féministes et sociales, désireuse de mettre à l’écran non pas le Paris pittoresque mais l’envers de son décor de carte postale et ses marginaux·les oublié·es, dont des glaneur·ses sur les marchés.

Aussi manuelle qu’intellectuelle, Agnès Varda s’est peu à peu muée en artiste contemporaine complète et accomplie, libre de s’essayer à l’art dans sa pluralité, rencontrant le succès de-ci, de-là. Cette exposition est ainsi une merveilleuse occasion de la célébrer une fois encore. 

Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là
23, rue de Sévigné – 3e
Jusqu’au 24 août 2025 
Tarif : 15€, réduit 13€
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
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