Louis Vuitton. A l’évocation de ce nom, on pense immédiatement à la "toile Monogram", cet imprimé qui juxtapose motifs végétaux, géométriques et initiales LV, et dont on a presque fini par se lasser. On est alors loin de se douter que le malletier fut le précurseur des sacs à main et qu’il révolutionna la bagagerie moderne, incarnant le grand chic français comme personne d’autre. Le Grand Palais consacre une exposition à cette grande maison française, dévoilant ainsi des facettes insoupçonnées jusqu'alors. Le Bonbon t’en donne un petit aperçu.
1. Louis Vuitton est parti de loinIl n’a que 14 ans lorsqu’il quitte Anchay, son village natal situé dans le Jura. Nous sommes en 1835. Au terme d’un voyage à pied de deux ans, il arrive à Paris où il est engagé comme apprenti layetier-emballeur par Romain Maréchal. Ce dernier fabrique des boîtes et des caisses servant à emballer les garde-robes et les objets du quotidien. En 1854, il crée sa propre maison rue Neuve-des-Capucines (aujourd’hui rue des Capucines). Il meurt en 1892, mais son fils Georges et son petit-fils Gaston-Louis perpétueront ce savoir-faire et cette innovation.

Malle plate, malle-cabine, malle-auto, malle Aéro ou Restrictive, malle-armoire, malle-courrier, malle-secrétaire, malle Idéale, malle pour chapeaux, malle-tableau… On en a mal aux yeux ! Chacune a pourtant une fonction bien précise, qu’elle sublime le voyage, qu’elle accompagne celui de grands écrivains ou d’anonymes, qu’elle permettent de transporter des tableaux de grands maîtres ou les garde-robes de Greta Garbo, Katharine Hepburn, Lauren Bacall ou encore Elizabeth Taylor. Elles révolutionnent la vie quotidienne et confirment la notoriété et le savoir-faire de Louis Vuitton.

En 1924, la maison Louis Vuitton participe à l’expédition la Croisière noire organisée par André Citroën. Il s’agit de traverser l’Algérie, le Mali, le Congo à bord de voitures pour explorer ces pays. Le malletier doit alors créer pour l’occasion des malles adaptées aux contraintes climatiques et logistiques. Il équipe les aviateurs en créant notamment la malle Aéro qui peut contenir pour seulement 26 kilos « deux vêtements, un pardessus, dix chemises de jour, trois chemises de nuit, trois caleçons, trois gilets, six paires de chaussettes, douze mouchoirs, une paire de chaussures, dix-huit faux cols, des gants, des cravates et un chapeau ». Son succès s’explique ainsi en partie par cette ingéniosité incroyable.

Au tout début du XXe siècle, Louis Vuitton invente le Steamer Bag - conçu au départ comme un sac d’appoint - à utiliser lors des croisières en yacht ou en voilier. On nous explique que « sa taille nouvelle, sa légèreté et sa commodité préfigurent la souplesse du sac de sport d’aujourd’hui, qui en est l’héritier ». Mais il annonce surtout les futurs sacs à main grâce à « son système judicieux de fermeture sur ossature en toile ou en cuir ». La maison crée également des sacs plats en maroquin pour les passagères coquettes en auto qui peuvent ainsi ranger leurs gants, étoles ou encore flacons de parfum. Cette création est un prélude au sac à main et au sac de mode dont le succès explosera aux XXe et XXI siècles.

5. Il s’est diversifié pour encore mieux perdurer
Ce n’est qu’en 1997 que la création de mode et le prêt-à-porter sont officiellement déclarés comme activités de la maison. Pendant 16 ans, Marc Jacobs en est directeur artistique, marquant grandement nos esprits de modeuses. Depuis 2014, Nicolas Ghesquière est en charge des collections de prêt-à-porter femme, encensé pour avoir réussi à construire « un pont entre l’Histoire et la nouveauté ». Mais ce qui marque et destabilise particulièrement dans cette exposition, c’est la juxtaposition des pièces d’époque aux pièces modernes, que l’on ne différencierait pas sans regarder l’étiquette explicative. On se rend alors compte de la modernité de cette maison à l’époque, une maison qui ne cesse de marquer les esprits encore aujourd'hui.

"Volez, Voguez, Voyagez", l’exposition Louis Vuitton Du 4 décembre 2015 au 21 février 2016 Grand Palais Entrée par le square Jean-Perrin Plus d’infos
© cover : Louis Vuitton ; © Olivia Sorrel-Dejerine