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César 2025 : les films qu’on aimerait voir gagner dans les catégories principales

undefined undefined 30 janvier 2025 undefined 20h00

Flora Gendrault

Le monde du cinéma s’apprête à célébrer la 50ᵉ année d’existence des César. Le 28 février prochain, cinéastes, acteur·rices, technicien·nes et hautes personnalités de l’industrie sont convié·es à l’Olympia pour suivre la prestigieuse cérémonie, qui récompensera les films les plus remarqués de 2024 et les talents qui les ont portés. La liste des nommés vient d’être rendue publique, et soulève plusieurs points.

D’abord, elle suscite comme chaque année plusieurs déceptions : celle de ne comporter que très peu de réalisatrices – Louise Courvoisier est la seule femme à figurer parmi les prétendant·es au Meilleur scénario, et aucune n'est nommée dans la catégorie du Meilleur film ou de la Meilleure réalisation – et de voir plusieurs long-métrages vibrants, là aussi portés par des femmes, mis sur la sellette. Exit Niki de Céline Salette ou Les Femmes au Balcon de Noémie Merlant, qui avaient pourtant conquis la critique. 

Malgré ce point, la sélection reflète l’extraordinaire année cinématographique qu’a été 2024, tant en termes de films d’auteur (Vingt Dieux, L’Histoire de Souleymane) qu’en productions plus populaires mais tout aussi ambitieuses (Le Comte de Monte-Cristo, L’Amour ouf), sans oublier Emilia Perez, la comédie musicale virtuose de Jacques Audiard qui a percé outre-Atlantique pour grappiller 13 nominations aux Oscars, réduites à 12 aux César. À la rédaction, on a déjà nos petits favoris, des acteur·rices installé·es ou novices qui nous ont tapé dans l’œil, des films déjà cultes qui ont fait déferler en nous un flot d’émotions incontrôlables… Voici le palmarès idéal des César si le Bonbon trafiquait les votes. 


Meilleure actrice

Les nommées : Adèle Exarchopoulos dans L’Amour ouf Karla Sofia Gascon dans Emilia Perez ; Hafsia Herzi dans Borgo ; Zoe Saldana dans Emilia Perez Hélène Vincent dans Quand vient l’automne.

Notre favorite : Hafsia Herzi dans Borgo. 

Pourquoi ? Pour le naturel du jeu par lequel elle est parvenue à incarner une matonne de prison prise dans les filets de la pègre corse. Louis Memmi, qui campe le jeune détenu qui la place sous sa protection, aurait mérité d'être nommé aux révélations masculines. 


Meilleur acteur

Les nommés : François Civil dans L’Amour ouf ; Benjamin Lavernhe dans En fanfare ; Karim Leklou dans Le roman de Jim ; Pierre Niney dans Le Comte de Monte-Cristo ; Tahar Rahim dans Monsieur Aznavour.

Notre favori : Pierre Niney dans Le Comte de Monte-Cristo. 

Doublé pour Pierre Niney ? L'acteur, qui a déjà reçu le César du Meilleur acteur en 2015 pour son interprétation troublante d'Yves Saint Laurent, a une nouvelle fois prouvé qu'il pouvait tout jouer en incarnant avec brio les alter-egos d'Edmond Dantès, tantôt marin de 20 ans, lord anglais et milliardaire assoiffé de vengeance. 

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Meilleure actrice dans un second rôle

Les nommées : Élodie Bouchez dans L’Amour ouf ; Anaïs Demoustier dans Le Comte de Monte-Cristo ; Catherine Frot dans Miséricorde ; Nina Meurisse dans L’histoire de Souleymane ; Sarah Suco dans En fanfare.

Notre favorite : Anaïs Demoustier dans Le Comte de Monte-Cristo. 

Douce, solaire, Anaïs Demoustier s'est tout autant investie que son partenaire à l'écran pour incarner la future mariée d'Edmond Dantès, condamnée à poursuivre sa vie sans la partager avec son premier amour. Ce serait pour elle aussi son deuxième César dans la même catégorie, après sa performance remarquée dans Alice et le Maire (2020). 


Meilleur acteur dans un second rôle

Les nommés : David Ayala dans Miséricorde ; Bastien Bouillon dans Le Comte de Monte-Cristo ; Alain Chabat dans L’Amour ouf ; Jacques Develay dans Miséricorde ; Laurent Lafitte dans Le Comte de Monte-Cristo.

Notre favori : Alain Chabat dans L'Amour Ouf. 

Parce qu'il nous a touchés dans son rôle de père de famille aimant, compréhensif et tendrement drôle. Et pour son alchimie avec Adèle Exarchopoulos, d'une grande pureté, dont différentes interviews nous ont confirmé par la suite que ces deux-là partageaient une vraie complicité derrière la caméra. 


Meilleure révélation féminine

Les nommées : Maïwene Barthelemy dans Vingt Dieux ; Malou Khebizi dans Diamant Brut ; Megan Northam dans Rabia ; Mallory Wanecque dans L’Amour ouf ; Souheila Yacoub dans Planète B.

Notre favorite : Malou Khebizi dans Diamant Brut. 

Fausses louboutin vertigineuses aux pieds, pomponnée à l'extrême et des rêves plein la tête, Malou Khezibi s'est plongée corps et âme dans le rôle de Liane, jeune adulte sur le chemin vers la gloire. Forte tête bien plus vulnérable qu'elle n'y paraît, ce personnage haut en couleur – et en coup de gueule – a mis en lumière l'hypersexualisation des femmes dans le milieu de la téléréalité avec beaucoup de justesse. 


Meilleure révélation masculine

Les nommés : Abou Sangaré dans L’histoire de Souleymane ; Adam Bessa dans Les Fantômes ; Malik Frikah dans L’Amour ouf ; Félix Kysyl dans Miséricorde ; Pierre Lottin dans En fanfare.

Notre favori : Abou Sangaré dans L'histoire de Souleymane.

Sûrement le César le plus évident à distribuer, et ce malgré les excellents concurrents auxquels fait face Abou Sangaré. Le jeune Guinéen installé à Amiens a bouleversé le Festival de Cannes puis les spectateur·ices en incarnant un livreur à vélo en quête d'un titre de séjour, une situation proche de la sienne, alors qu'il était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sur le tournage, avant d'être régularisé en janvier 2025. 


Meilleure réalisation

Les nommés : Gilles Lellouche pour L’Amour ouf ; Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière pour Le Comte de Monte-Cristo ; Jacques Audiard pour Emilia Perez ; Boris Lojkine pour L’histoire de Souleymane ; Alain Guiraudie pour Miséricorde.

Notre favori : Jacques Audiard pour Emilia Perez. 

La comédie musicale de Jacques Audiard subit actuellement les foudres des spectateur·rices mexicain·es suite à sa sortie dans le pays, jugée tantôt caricaturale pour les personnes transgenres, tantôt déconnectée de la réalité de la société mexicaine. À notre échelle, on souhaite récompenser la virtuosité de la mise en scène, la direction des quatre actrices principales, brillantes, et l'audace de signer un drame social et politique guidé par la musique

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Meilleur film

Les nommés : Le Comte de Monte-Cristo ; Emilia Perez ; En fanfare ; L’histoire de Souleymane ; Miséricorde.

Notre favori : L’histoire de Souleymane, par Boris Lojkine.  

Merveilleusement interprété, on l'a dit, L'histoire de Souleymane est plus largement un film d'utilité publique, à diffuser dans les écoles à l'heure où l'extrême-droite stigmatise et discrimine les personnes en situation irrégulière en France. Voici, pour une grande partie, leur réalité : des heures de travail sous-payées, un habitat précaire, une vie dans l'urgence. L'entretien de Souleymane à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) restera l'une des scènes les plus déchirantes de notre année cinématographique. On a d'ailleurs failli décerner le prix de la Meilleure actrice dans un second rôle à Nina Meurisse, qui joue une fonctionnaire entre intransigeance et humanité.


Meilleur scénario

Les nommé·es : Stéphane Demoustier pour Borgo ; Emmanuel Courcol, Irène Muscari pour En Fanfare ; Boris Lojkine, Delphine Agut pour L’histoire de Souleymane ; Alain Guiraudie pour Miséricorde ; Louise Courvoisier, Théo Abadie pour Vingt Dieux.

Notre favori : L'histoire de Souleymane, par Boris Lojkine.

Pas besoin d'en rajouter. On aurait aimé récompenser au moins une fois En Fanfare, qu'on a adoré, mais entre cette comédie sociale sur la fraternité et ce thriller essoufflant sur la réalité des demandeurs d'asile, notre cœur a tranché. 


Meilleur film étranger

Les nommés : Anora de Sean Baker ; Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rassoulof ; The Apprentice d’Ali Abbasi ; The Substance de Coralie Fargeat ; La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer.

Notre favori : The Substance, par Coralie Fargeat.  

Monstrueusement gore, résolument féministe et barré, The Substance nous a autant subjugué que donné la nausée. Mais parce que Coralie Fargeat nous a offert une expérience cinématographique absolument déroutante et inoubliable, pour la renaissance de Demi Moore et de toutes ces femmes reléguées au second rang à 40 ans, on lui aurait accordé la Palme d'or d'Anora, et plutôt deux fois qu'une. 


Meilleur premier film

Les nommés : Diamant brut réalisé par Agathe Riedinger ; Les Fantômes réalisé par Jonathan Millet ; Le Royaume réalisé par Julien Colonna ; Un p’tit truc en plus réalisé par Artus ; Vingt Dieux réalisé par Louise Courvoisier. 

Notre favori : Les Fantômespar Jonathan Millet. 

Qu'on se le dise, chaque film de la sélection mérite le trophée, sauf peut-être Un p'tit truc en plus, comédie touchante sur les colos réservées aux personnes en situation de handicap, mais un peu trop grossière pour nous. On choisit de le remettre aux Fantômes de Jonathan Millet, dont l'histoire inspirée de faits réels nous met sur les traces du bourreau d'Hamid, qui lui a fait subir des tortures dans la prison de Saidnaya, en Syrie. Une traque opressante menée par un Adam Bessa brisé, dont on sort éreinté, comme lui, et qui nous hante longtemps.  


Meilleur film documentaire

Les nommés : La belle de Gaza réalisé par Yolande Zauberman ; Bye bye Tibériade réalisé par Lina Soualem ; Dahomey réalisé par Mati Diop ; Ernest Cole, photographe réalisé par Raoul Peck ; La ferme des Bertrand réalisé par Gilles Perret ; Madame Hofmann réalisé par Sébastien Lifshitz.

Notre favori : Bye Bye Tibériade, par Lina Soualem.   

Dans ce documentaire intime, l’actrice et scénariste Lina Soualem raconte une lignée de femmes qui ont appris à tout quitter et recommencer, de la Palestine jusqu'à la France : son arrière-grand-mère, sa grand-mère et sa mère, la comédienne palestinienne Hiam Abbass. En fouillant dans ses secrets de famille, elle parvient ainsi à réparer celles qui les cachaient. 

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