C’est officiel, Adèle Haenel ne fera plus de cinéma mainstream

undefined 3 mai 2022 undefined 09h42

Lucille Bion

En 2020, Adèle Haenel a déclaré qu’elle arrêtait le cinéma. Deux ans plus tard, l’actrice semble avoir disparu des écrans. Depuis le succès de Portrait de la jeune fille en feu en 2019, la comédienne a seulement participé au documentaire Regard noir d’Aïssa Maïga et prêté sa voix à la narratrice de Retour à Reims (Fragments), le documentaire de Jean-Gabriel Périot. 

Interrogée par le journal italien Il Manifesto sur l’avenir de sa carrière, l’actrice a déclaré fermement qu’elle en avait “fini avec le cinéma”. Du moins, elle a décidé de boycotter une partie de l’industrie. Comme le relaye BFMTV, la comédienne a expliqué à la presse italienne qu’elle avait pris de nouvelles résolutions : “Je ne travaillerai plus avec des réalisateurs établis, mais seulement avec des réalisateurs qui débutent.”

Face à cette décision radicale, Adèle Haenel a néanmoins précisé qu’elle poursuivrait ses collaborations avec Céline Sciamma qui a révélé tout son talent avec La Naissance des Pieuvres en 2007  : “La seule avec qui je pourrais travailler est Céline Sciamma car notre relation va au-delà du travail, mais cela devra être dans un autre système économique. (...) Nous avons beaucoup d'artistes qui veulent faire des films d'une autre manière, dans une autre économie, avec un autre type de représentation, avec d'autres corps. Je pourrais participer à ce cinéma, si ça arrive.

Actrice engagée

Quand elle n’est pas sur un plateau de cinéma, Adèle Haenel apparaît en véritable militante et témoigne régulièrement de son engagement social et politique, qu’elle s’érige contre les violences policières ou qu’elle participe activement au mouvement #MeToo. 

En novembre 2019, l’actrice a dénoncé dans les colonnes de Médiapart les violences sexuelles que le réalisateur Christophe Ruggia lui avait infligées sur le tournage des Diables en 2001 alors qu’elle n’était âgée que de 12 ans et qu’elle venait de décrocher son premier rôle au cinéma. Dans cette solide enquête, de nombreuses personnalités témoignent à visage découvert de ce “harcèlement sexuel permanent" et des "attouchements sur les cuisses et le torse" de la jeune actrice jusqu’à ses 15 ans. Peu de temps après avoir eu le courage de faire éclater la vérité, la comédienne a condamné publiquement le sacre de Roman Polanski aux César lorsqu’il a reçu sa distinction pour J’accuse.

Lassée par le système du septième-art, l’actrice explique que “dans l'industrie du cinéma telle qu'elle est aujourd'hui, il n'y a pas d'espoir" et préfère mettre son énergie ailleurs. "Aujourd'hui, je suis beaucoup plus impliquée dans la lutte non seulement féministe, mais aussi contre le racisme et le capitalisme”, conclu celle qui manque déjà cruellement au cinéma français.