Une nuit chez la voyante

undefined 26 novembre 2014 undefined 00h00

La Rédac'

 

Restaurant Toi 8e arrondissement 20h27

Vous savez quand on est journaliste, en plus de ne pas savoir écrire correctement, on ne sait pas trop comment va finir notre vie. Il me semblait salutaire pour ce gonzo de fin d'année de faire un point sur mon avenir afin de préparer cette année 2015, l’année de la professionnalisation pour notre patron. En gros, arrêter de faire des trucs vulgaires pour me concentrer sur des choses un peu plus spirituelles. J’ai donc tapé « soirées Paris spiritualité » sur Google afin de préparer cet article. Et quelle fut ma surprise en découvrant ce restaurant, près des Champs-Elysées, le TOI, qui propose tous les lundis et les mercredis des soirées voyance.

NET1

Je m’imaginais un peu un truc à la Tintin et les sept boules de cristal, rappelez-vous, Yamilah qui s’évanouit aussi sec après avoir annoncé à une dame que son mari était presque mort. Mais la vérité est tout autre. Alors j’ai pris le buvard « Simpson » que je gardais bien au chaud dans mon larfeuille afin qu’il y ait une ambiance plus « tintinesque ». En effet, la lumière rose et la déco Ikéa fonctionnent pas mal avec les acides. L’ambiance est chaude et sale, une salle remplie de beaufs qui se prennent pour l’élite parce qu’ils claquent un 1/5 de leur salaire sur les Champs pour des carpaccios dégueux. Tout ça pour dire que tout ce rose, ce mauvais goût et ces blaireaux, ça ressemble plus à l’intérieur du slip de Nabila qu’à un resto spirituel. En entrant, un mec qui a une gueule de playmobil sodomite s’approche de son pupitre et se dandine dessus comme s’il avait foutu son zizi dedans, tout ça pour m’annoncer que si je ne dîne pas dans son resto Barbie Poufiasse, les 20 minutes de voyance me coûteront 50 boules contre 20 si on dîne sur place. Enculé, « mon sceptre je te le care » que je lui ai dit, mais à priori il n’était pas dans le même délire Tintin que moi, même si après cette phrase j’ai cru comprendre qu’il aurait bien aimé que cette affaire tourne au sol. Du coup, quitte à payer ce prix, autant bouffer un bon steak. Niveau bouffe, y a pas de quoi se taper la bite contre le carrelage, j’irai même jusqu’à dire que c’était franchement dégueulasse. 8 euros les œufs mimosa, semblables à ceux qu’avaient les musulmans à la cantine du collège les jours de saucisson, ça fait chéro la galette à la sortie sur leur parvis tapissé à la con.

20 Jugement

Pendant que j’étais en train de manger mon gâteau au prout, une vieille gitane me prend par le bras. « Va-t’en manante, j’ai pas un radis pour toi, apprends à jouer I Will Survive au violon au lieu de me casser les couilles pendant que je dine. » Mais en fait c’était la voyante. Je m’excuse et m’interromps de manger, car c’est maintenant ou jamais. Elle m’emmène à l’étage en me tenant la main, ça m’a rappelé la Thaïlande. Je m’attendais donc à ce qu’elle m’asseye sur une petite chaise avec une table ronde et une boule de cristal. Mais que dalle ! La meuf me pose sur une chaise normale de resto, à côté d’une table de collègues d’une boite portugaise d’import et export de savon qui dessèche la teuch Roger Savaillèche. La séance commence. Elle s’appelle Natacha, elle éteint son iPhone de cristal.

- On peut se tutoyer ? - Ouais moi je te tutoie mais toi je préfère que tu me vouvoies la bohémienne.

- C’est quoi votre prénom ? - Jean Jacques Moldi, réponds-je. (c’est tout ce qui m’est venu à l’esprit, je venais de voir Harry Potter). - Et ta mère ? - Elle suce des ours. En fait elle voulait son prénom. Enfin bref, une embrouille de plus pour qu’elle fasse semblant de se concentrer pour me sortir ses conneries et tout ça pour des honoraires plus exorbitants qu’un médecin.

La technique est assez simple. Elle tente des affirmations interrogatives du genre « vous venez de vous séparer non ? » Comme ça si elle se goure, elle dit qu’elle voit une rupture dans le futur, et si elle a bon, hé bien c’est mon passé ! Et dans le tas de conneries qu’elle me lance, y a bien un moment où forcément elle tape dans le mille la manouche. Après, la meuf, je sais pas pourquoi, elle se met à faire un spider solitaire en live. Elle met plein de cartes sur la table et elle dit « Olalalala, vous pas avoir eu chance cette année ». J’acquiesce, intrigué par ce super pouvoir acquis après des générations passées dans des caravanes garées sur des pelouses municipales sacrées. Là, elle se met à voir un hôpital et à me dire qu’elle n’avait pas que des bonnes nouvelles sur mon futur. Ça m’a trop foutu les grosses boules, mais pas au point que je lui demande de lire dedans.

Elle me demande ensuite de poser une question. Bien sûr comme tout le monde, je lui demande si je vais rencontrer l’amour un jour.

« Oui bien sûr, vous trouverez paix intérieure. Vous finirez avec une étrangère. Une marocaine, ou une juive. » « Quand vous parliez de mauvaises nouvelles, vous ne mâchiez pas vos mots ! » « Ça fera 20 euros. Vous payer maintenant ! » « Vous prendre carte ? »

Elle lisait les cartes mais pas la carte bleue cette connasse. Bah tiens... Du coup j’ai fait crari je sors tirer à la Société Générale au coin de la rue, mais je suis parti en courant. C’était sans compter ses potes gitans qui attendaient dans une BM en face et qui me suivirent. Je me suis fait saucer la gueule. Aucun souvenir. Je me réveille dans un lit d’hôpital. Mon infirmière est magnifique, elle s’appelle Sabrina Boutboul. Bonne année à tous !