Alors que la nuit parisienne est actuellement en ébullition, un nouveau syndicat porté par les collectifs alternatifs les plus représentatifs du Grand Paris se lance afin de permettre à tous ces gens de parler d'une seule voix. Une initiative importante.
On se souvient encore de cette pétition lâchée comme un pavé dans la mare en 2009, "Quand la nuit se meurt en silence". Portée par des acteurs des musiques actuelles et des professionnels de la nuit, à l’instar d’Eric Labbé, son initiateur, la pétition pointait alors du doigt la répression sans cesse grandissante des pouvoirs publics à l’encontre de la nuit parisienne et de ses acteurs. Avec, en ligne de mire, les conséquences fâcheuses de la loi anti-tabac dans les lieux publics, qui a poussé les clients des bars et des boîtes de nuit à s’en griller une à l’extérieur, quitte à provoquer des nuisances sonores de plus.
Dans la foulée de cette pétition, qui avait eu pour conséquence de remonter le problème aux pouvoirs publics, permettant la mise en œuvre d’un dialogue entre les différents acteurs concernés, la nuit parisienne a semblé reprendre vie, doucement. Sauf qu’aujourd’hui, un autre problème demeure : les fêtes libres qui sortent du carcan parfois trop étriqué des clubs de la capitale. Et qui connaissent elles aussi une répression parfois féroce des pouvoirs publics.
C’est pour lutter contre ces pressions et mettre un terme aux risques parfois très lourds qu’elles engendrent que le Syndicat des Organisateurs Culturels Libres et Engagée (SOCLE), se lance ce vendredi à la Halle Papin, de 19h à 23h. « Nous avons beau faire de notre mieux pour dialoguer avec les pouvoirs publics et mettre la sécurité au centre de nos préoccupations, le fait de sortir des sentiers battus inquiète et nous vaut trop souvent de voir nos événements annulés sans égard pour l’énergie dépensée et les pertes financières occasionnées », précise le manifeste du syndicat, qui regroupe quinze adhérents et une vingtaine de membres observateurs.
Soulignant l’impact que ces organisateurs d’événements un peu particuliers, opérant dans « les friches, les parcs, les places, les entrepôts, les souterrains, les cours d’eau et les ponts de nos villes », ont sur l’économie d’un territoire et sur son rayonnement culturel, le syndicat se propose alors de les unir afin « de parler d'une seule voix pour pouvoir collaborer plus efficacement avec les pouvoirs publics et préserver, dans cet univers de plus en plus dur et normé qui constitue notre quotidien, ces bulles de poésie que nous essayons de former dans nos fêtes ». Mais aussi de mutualiser leurs moyens afin de faire bénéficier l’ensemble des membres de conseils techniques et juridiques, ainsi que de partager les connaissances et les réseaux afin qu’ils profitent à chacun des membres.
Les collectifs adhérents ou observateurs s’engagent par ailleurs sur plusieurs choses, qu’ils mettent en général en application pendant leurs événements : minimisation de l’impact environnemental et sonore ; participation du public à l’organisation de l’événement et recours au bénévolat ; prix aussi bas que possible, tant au bar qu’à l’entrée ; promotion de la scène locale en priorité ; soin porté à la décoration et aux installations ; équipes de sécurité pour assurer la sécurité du public avant tout ; principe d’évitement des partenariats commerciaux afin de ne pas défigurer les événements. Une initiative salutaire qui va faire du bien à la nuit parisienne. Rendez-vous donc vendredi à la Halle Papin, dès 16h.
Parmi les collectifs adhérents ou observateurs : Alter Paname, Burn Crew Concept, Drom, El Hey, La Dynamiterie, La Klepto, La Mangrove, Le Bercail, Mic Mac, Microclimat, OTTO10, Parralele, Pardonnez-nous, Association Sans Soleil (Possession, Flash Cocotte…), Soukmachines, Berlinpinpin, Bunch, Camion Bazar, Cracki, Collectif MU, CQFD, Débrouï-art, French Burners, Hydropathes, Joie, Katapult, Missive, La Chinerie, Lateral Thinking, La Bulle, La Régie Oxy More, La Mamie’s, La Wild, Le fer à coudre, Le Pas-Sage, Love Specs, P2Z Take it, Vagina Dentata, 75021...