Tendances d'antan #4 : Hippie Hippie Hourrah !

undefined 30 janvier 2015 undefined 00h00

Roger de Lille

Fleurs, acide lysergique et rock psychédélique. Avec des mœurs libres, l'avenir devant leur pomme et l'amour à portée de main, la génération hippie des sixties a eu droit à sa grandeur mais aussi probablement à la pire gueule de bois de l'Histoire lors de son retour à la réalité.

Les flower children puisent leurs influences dans une partie de la culture classique. Quelques similitudes avec le mouvement cynique de la grèce antique, les naturmensch allemands - un mouvement de la toute fin du XIXe siècle prônant un "retour à la nature " inspiré notamment du paganisme ancien  - mais aussi et surtout la Beat Generation, précurseurs du mouvement qui débouchera sur notre sujet dans les années 50.

Holy Man Jam, Boulder, CO  Aug. 1970

Au départ, les freaks qu'étaient ces gens-là sont apparus dans un climat de contestation de la guerre du Viet-Nam et des émeutes liées aux droits des Afro-Américains. C'est un rejet de l'American way of life qui a conduit cette génération à se structurer différemment. La soumission au pouvoir n'était pas en effet dans leurs envies, bizarrement. À cette époque, Bob Dylan avait lu "Sur la route" de Kerouac, et Ginsberg était proche du mouvement.

hippie-history-bus

Les nouvelles aspirations de cette jeunesse qui a rejeté le mode de vie de ses parents et sa moralité trop puritaine à leur goût tournent autour de la recherche de liberté, d'une sexualité ouverte, sans tabou, de la musique et d'une nouvelle perception de l'existence par l'usage de drogues diverses, avec en tête cannabis et LSD. Ce dernier sera rendu illégal à partir de 1966 mais tournera quand même pas mal. Les moyens déployés à l'époque étaient beaucoup plus faibles que les moyens actuels et la chasse se faisait plus au sujet des drogues douces que des hallucinogènes.

Ken_Westerfield_1977

Fonctionnant par communautés qui partageaient nourriture, soins et acides, l'ascension du mouvement commença réellement en 1967 avec le Summer of Love, dont l'événement principal fut sans doute le Festival de Monterey où jouèrent les Who et Hendrix. La sortie de "Sergent Pepper" des Beatles galvanisa également l'engouement de la jeunesse pour les beautiful people.

Ces beautiful people d'ailleurs ont réellement popularisé le jean, porté alors comme un vêtement quotidien. Toujours à pattes d'éléphant, souvent customisé par des coutures, des peintures, des strass et tout un tas d'accessoires divers. Les filles étaient en jupes, en minijupes ou justement en jeans, créant ainsi un aspect androgyne de cette mode. À cela on ajoute bandeaux et fleurs dans les cheveux, portés longs par opposition aux soldats qui eux étaient rasés, colliers divers et bracelets variés. L'influence orientale a poussé également à la mode des tuniques indiennes.

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Sur un plan musical, on a évidemment le rock psychédélique du Jefferson Airplane, du 13th Floor Elevator, les Seeds, Iron Butterfly, Pink Floyd, Joplin, notamment avec son groupe Big Brother and the Holding Company, les Byrds, ou encore Love. Le folk-rock de Dylan, de Crosby, Stills & Nash ou encore de Arlo Guthrie. On voit aussi dans ces années l'apparition du rock progressif, qui partait au départ d'une bonne intention mais a vu sa qualité baisser en flèche. Genesis, c'est quand même plutôt pompeux et mauvais.

Il s'agira également de ne pas oublier qu'en 1969 Hunter S. Thompson, figure de proue du journalisme gonzo et freak notoire a failli être élu shérif de Aspen. C'est à ce moment-là que la jeunesse se revendiquait freak, et que celle-ci ne subissait pas ce terme comme étant une insulte.

Le seul souci de cette culture est le fait que celle-ci était vouée à disparaître. Atteignant la trentaine, les enfants ont grandi, se sont rangés et sont finalement devenus comme leurs parents. De hippies ils passèrent à yuppies, et il faut garder en tête que Jerry Rubin, actionnaire d'Apple, a trahi le mouvement en considérant que le meilleur moyen de combattre l'État était d'en devenir un acteur.

Alors arrive la gueule de bois et la désillusion de ce qui fut l'un des derniers sursauts d'une tentative d'utopie. Fini le sexe libre. Fini aussi la liberté. La jeunesse appartient probablement à ceux qui sont jeunes. Ou qui ont su garder leur jeunesse.

Flower power ?

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