On a tchaté avec Busy P et c\'est pas le pedro de l\'année

undefined 15 juin 2017 undefined 18h41

Agathe

Fondateur de Ed Banger et de surcroît un des plus grands producteurs et Dj's français, nous avons réussi à choper Monsieur Pedro Winter sur les réseaux sociaux alors que la bête entame une nouvelle série de sets un peu partout en France et à Navarre, et même over the world

Bonbon nuit : Tu fais quoi là ? 

Busy P : Je reviens de Cannes où j'ai été voir Justice passer des disques sur la plage. Toujours agréable. Nous venons d'annoncer une nouvelle date pour Justice à We Love Green le 10 juin à Paris. On bosse sur l'annonce et on prépare la suite de la tournée avec notamment une belle date à Bercy le 14 octobre. On prépare les sorties des prochains singles de Justice, Cassius, 10LEC6 pour Ed Banger. On est bien occupés. 

Bonbon nuit : C'est quoi ton actu ? 

Busy P : Pas mal de dates Dj cet été à Paris, à Cannes, Calvi donc, Ibiza, Los Angeles et Tokyo. Je bosse aussi sur mon prochain single en studio. 

Bonbon nuit : Tu trouves pas qu'il s'est passé un truc en 2007 ? Tu penses que t'y es pour quelque chose ? 

Busy P : Ahahaha je laisse mes amis journalistes répondre à cette question ! La nostalgie c'est agréable, mais j'aime penser à la suite de nos aventures. Oui c'est vrai, il s'est passé des trucs cool en 2007, comme il s'en était passé des magiques en 1997... Nous sommes en 2017, les années en 7 sont généralement assez bonnes, c'est vrai. A nous de bosser pour que ça dure. L'énergie de 1997 a propulsé un tas de producteurs français, en 2007 on a confirmé cet élan, en 2017 c'est une évidence, il y a un renouveau, la nouvelle génération prend le relais, à eux d'écrire le nouveau chapitre de la musique électronique française. On ne peut pas tout le temps les raccrocher à l'héritage French Touch. 

Bonbon nuit : Avec tous les gens que tu as découverts, en toute honnêteté, est-ce que tu es humble, tu penses que tu étais juste là au bon moment, ou est-ce que tu penses que sans toi la French Touch n'aurait pas la même couleur ni la même histoire ? 

Busy P : J'ai les pieds sur terre. J'étais au bon endroit au bon moment. J'aime accompagner et être au service de mes artistes. J'ai aussi la chance de monter sur scène et de mixer aux quatre coins du monde depuis 20 ans, donc mon égo-équilibre est au beau fixe. 

Bonbon nuit : Tu es très impliqué dans Calvi on the Rocks, raconte-nous ton histoire avec le festival. 

Busy P : Mon implication est amicale, j'ai été invité dès les toutes premières éditions du festival. Le côté "boutique" et familial de ce festival le rend unique en son genre. La situation géographique donne le ton et cette couleur magique à Calvi on the Rocks. 

Bonbon nuit : Ton meilleur souvenir là-bas ?

Busy P : Un mauvais moment qui s'est transformé en moment magique. Je devais jouer dans une boite en dehors de la ville, c'était la première fois que le festival investissait les boites locales aux alentours... Je devais avoir joué trois disques à peine quand le patron est arrivé dans la cabine en me demandant de jouer des hits : ) Je l'ai regardé, j'ai souri, et j'ai invité les 200 personnes qui étaient venues à partir avec moi. Nous sommes retournés au pied de la citadelle, c'est là que j'ai rencontré le mythique Patrick. Il nous a ouvert le portes de son bar de nuit Le son des guitares. J'y ai joué toute la nuit, le bar était plein à craquer. Une soirée improvisée, magique. Depuis, à chaque édition, je passe voir Patrick et sa femme, personnages emblématiques de la ville. 

Bonbon nuit : Ton meilleur souvenir musical tout court. 

Busy P : Le Dj marseillais DJ OIL qui joue Detroit Experiment Think Twice, morceau de Carl Craig d'une puissance incroyable. C'était sûrement la première édition car il jouait tout en haut de la citadelle, ça n'est jamais arrivé depuis, splendide.

Bonbon nuit : Tu as eu 40 ans il y a peu. On va faire une interview 40 ans. Maintenant que tu as 40 ans, as-tu une vie de famille accomplie ? 

Busy P : 40 ans ou 30 ans, chacun gère sa vie tu sais. Moi je suis ravi du rythme de la mienne, oui.

Bonbon nuit : Maintenant que tu as 40 ans, quel est ton rapport à la fête ? 

Busy P : La fête fait partie de mon ADN, de mon programme. Mais j'aime faire la fête dans le sens produire, créer, pas que danser ou faire le zouave. Je sors pour "travailler" quand je mixe ou pour voir mes artistes. 

Bonbon nuit : Et à la drogue ? 

Busy P : Ça n'a jamais été mon truc, je suis passé à côté ou à travers...

Bonbon nuit : Un monospace ? 

Busy P : Hahaha non non pas encore. J'ai ma Mini pour les week-ends en famille, mais j'ai un beau scooter pour mes balades en amoureux. Tu vas voir, tout est question d'équilibre dans cette interview. 

Bonbon nuit : Maintenant que tu as 40 ans, est-ce que tu as trouvé Dieu ? 

Busy P : Ta question m'a donné envie de ré-écouter Faithless God Is A Dj

Bonbon nuit : Maintenant que tu as 40 ans, est-ce que tu vas tout envoyer bouler et faire des tubes pop pour NRJ avec David Guetta ? 

Busy P : Hahaha tu es en forme avec tes questions ! Si je peux faire des tubes et être joué à la radio je signe, je n'ai pas de souci avec le croisement des mondes. Je viens de sortir mon single Genie et l'accueil à la radio est génial. C'est la première fois que ça m'arrive. Je n'ai pas l'impression d'avoir fait un truc formaté ou en décalage avec ce que je joue d'habitude. Concernant David Guetta, j'aime défendre les mecs sur lesquels on tape facilement. En effet sa musique n'est pas spécialement mon truc, mais j'ai une bonne mémoire, et David a joué un rôle important dans ma vie et pour la musique électronique. En 1995 il faisait venir tous les plus grands Dj's du monde entier à Paris. Grâce à lui j'ai vu Frankie Knuckles, Louie Vega ou David Morales quand j'avais 20 ans. On a la chance d'avoir accès à tout aujourd'hui, donc si on n'aime pas sa musique eh bien on va ailleurs. Il y a des radios online géniales, des Dj's généreux, bref, si on ne veut pas subir l'hymne de l'Euro de foot de David, ce n'est pas compliqué.

Bonbon nuit : Quel est ton film d'horreur préféré ? 

E.T de Spielberg. Bon j'avais 6 ans, imagine, un monstre en forme de caca qui déboule sur terre, j'ai flippé !

Bonbon nuit : Si tu devais refaire la BO d'un film culte, ce serait lequel ? 

Busy P : Clerks de Kevin Smith est mon film préféré. J'ai même acheté un bout de la bobine du film. Seul problème si je devais refaire la BO, il ne se passe pas grand-chose, le film est un huit-clos dans une supérette de banlieue aux US. Mais sinon oui, l'exercice de BO est un fantasme de tout musicien ou producteur, ça me chaufferait bien.

Bonbon nuit : Tu y crois toi en Macron ? 

Busy P : Il faut y croire, et il faut qu'on s'y mette tous. La campagne a été un cauchemar. Le résultat est un espoir pour tout le pays. Macron doit (va) reconnecter les gens entre eux. Le délire de division du pays n'est pas possible. Bon par contre, faut vraiment qu'on l'aide niveau programmation musicale ! Le Macronchella au Louvre était un calvaire, c'est qui ce Dj fou avec son micro là ??? Sérieux Emmanuel !

Ed Rec 100, Ed Banger / Because, dans les bacs.

Par raphaël Breuil, extrait du Bonbon Nuit n°74 - Juin 2017  ©Terry Richardson ©Roman B James