« Ils veulent tuer le PériPate » : la fête la plus folle de Paris mise en péril ?

undefined 3 octobre 2019 undefined 14h35

Lisa B

PériPate, c'est la belle histoire d'une fête libre et décomplexée qui prône partage et respect d'autrui. Mais PériPate, c'est aussi la triste histoire d'une fête qui fait face aux difficultés politiques, administratives, juridiques et financières depuis de nombreuses années. L'équipe qui accompagne nos nuits les plus déjantées lance un appel à l'aide via un communiqué très alertant, posté sur leur page Facebook ce jour-ci.

 
Pourtant, on ne souhaite qu'une chose : recommencer de plus belle les teufs sous le périph'. Ce club qui était en fait un lieu alternatif  avec son restaurant Freegan Pony, était devenu un véritable incontournable du milieu underground parisien. Au départ un squat, Aladdin, fondateur du PériPate, et le reste de son équipe, parviennent a obtenir un accord avec la Ville de Paris. Une convention d’occupation temporaire contre un loyer. Mais aussi une remise aux normes dont le coût s'élève à 450 000 €.

Alors l'équipe du PériPate se lance dans le défi de récolter les sous nécessaires pour faire voir le jour à leur projet qui leur tient à cœur. Oui, car plus qu'un simple club, le PériPate souhaite avant tout valoriser la jeune scène parisienne ; « Nous souhaitions un lieu de vie ouvert à tous sans distinction de sexualité, de genre, de dégaine, d'origine, de religion ou d'âge (sauf pour nos amis les très jeunes). La localisation n’a pas été choisie au hasard. Un espace vide dans un quartier qui ressemblait à un no man’s land, mais surtout un lieu inoccupé depuis plus de 15 ans. », explique le communiqué.

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Il y a un peu plus d'un an, le club continuait donc de nous accueillir, mais toujours dans la crainte d'une expulsion tant que les 450 000 € n'étaient pas récoltés. Mais pas question pour la Région Île-de-France de venir en aide, en dépit des engagements solides et bien pensés de PériPate. Une quête économique rude malgré les nombreuses subventions obtenues. L'équipe comptait notamment sur l'organisation de fêtes récurrentes pour obtenir des fonds : « La seule solution était de reprendre les fêtes. C'était sans compter sur la malveillance de certains. Le PériPate a commencé à agacer d’autres lieux de fête pour des raisons mesquines dans une période où le renfermement et l'entre-soi devient la norme ».

C'est vraisemblablement à ce stade des évènements que les choses se compliquent davantage, lorsque deux membres du SNEG (Syndicat National des Entreprises Gays) auraient profité de leur position pour dénoncer ce lieu qui ne leur convenait pas : « Ils ont été très virulents contre le PériPate. Cela nous a particulièrement attristés qu'une telle attaque provienne de la communauté LGBTQI+. La préfecture de police, attentive à leurs arguments, a logiquement fait pression sur nous pour que nous stoppions tout événement. »

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Si l'équipe ne semble plus pouvoir s'en sortir seule, elle énonce tout de même l'idée d'une solution : « Nous avons besoin de votre soutien, nous avons besoin que la Ville de Paris s’engage et sorte de l’entre-deux qui promet beaucoup mais permet si peu. Nous pouvons rouvrir si la complémentarité entre Freegan Pony et PériPate est reconnue par la délivrance de l’autorisation de nuit et si nous obtenons un bail assez long pour amortir les investissements colossaux déjà réalisés et à venir », avant de rappeler la force de leurs valeurs : « La volonté, qui nous anime, est de sortir de tout communautarisme, quel qu'il soit, de toute marginalisation, de toute exclusion. »

Un appel à l'aide poignant qui nous tient dans l'espoir d'une justice pour la fête parisienne libre.

Le communiqué complet est lisible ici :

Droit de réponse de SNEG & Co : "Personne ne veut tuer PériPate, elle doit se sauver elle-même."

« PériPate a été fermé par les services administratifs de la Préfecture de Police de Paris pour manquements à la sécurité du public. Le Bonbon peut-il, en responsabilité, inviter son lecteur à se rendre dans un lieu quel qu'il soit, PériPate ou autre, où il ne serait pas en sécurité, et connaître un drame comme celui du Cuba Libre à Rouen, occasionnant 14 morts ? Contrairement à ce que vous écrivez avec sagesse au conditionnel, aucun membre du SNEG & Co n'a « profité de (sa) position pour dénoncer ce lieu qui ne leur convenait pas ». Le SNEG & Co n'a pas ce pouvoir sur la Préfecture de Police, auquel cas il ferait rouvrir sur le champ Dehors Brut ou NF-34 quand ils sont fermés pour 30 jours. Le SNEG & Co est un syndicat qui regroupe des exploitants qui, tous, sont soumis à l'observation des obligations qui sont les leurs et qui sont aussi celles de PériPate et de toutes les soirées recevant du public. PériPate revendique une nuit libre et décomplexée, les organisations professionnelles, dont le SNEG & Co, réclament une nuit équitable et solidaire où tous les acteurs de la nuit sont soumis aux mêmes réglementations. Mais le SNEG & Co n'ordonne pas de fermeture ! La confirmation de ces faits se trouve dans vos propres colonnes dans l'interview de Frédéric Hocquard, maire-adjoint chargé de la Vie nocturne que vous avez publiée le 18 septembre 2019 : « Le Péripate, c'est un lieu qui a tourné à l'excès, ce qui fait que la Préfecture de Police a signé la fin de la récré, en disant qu'il y avait des normes à respecter. Personnellement, j'en avais parlé à Aladdin (le papa de la Péripate, ndlr) en le prévenant qu'il y avait des travaux à faire s'il veut qu'on poursuive l'expérience (...) Il a une convention avec la ville qui finit au mois de décembre 2019, si tout roule et que les travaux sont faits, on discutera de prolongation. » Péripate n'est donc pas condamné, et comme n'importe quel établissement pris en défaut de sécurité par la Préfecture de Police, il pourra rouvrir le jour où il se sera mis en conformité. Bien que des financements conséquents (350 000 € revendiqués sur Pro Bono Publico) ont été récoltés par une opération de crowfunding et ayant obtenu une subvention de la Maire de Paris, aucun travail n'a pourtant commencé. Ce devrait être la préoccupation principale de PériPate plutôt que tenter d'aller chercher des responsables à ses propres manquements, pour demain accueillir de nouveau le public tant attaché à cette soirée. »