Les personnes asexuelles ont-elles des fantasmes  ?

undefined 6 décembre 2016 undefined 00h00

Rachel Thomas

L’asexualité reste un mystère pour beaucoup et continue de nous intriguer. A l’image de la demi-sexualité, de plus en plus de gens se classent dans cette catégorie qui a pour définition simple d’être désintéressée du plaisir de la chair. Une question persiste : ont-ils des fantasmes ? Et si oui, quels sont-ils ? Elements de réponse avec Nathalie Bénet qui maîtrise l’art du sexe.

Pour mieux comprendre cette (non ?) orientation, un groupe de chercheurs de l’université de British Columbia a sondé 739 personnes, dont 351 asexuels, sur leurs expériences sexuelles et leurs fantasmes. Les résultats publiés dans Archives of Sexual Behavior montrent des similitudes étonnantes entre les deux groupes.

Déjà, la moitié des femmes asexuelles, et un tiers des hommes asexués ont déjà fantasmé et se déjà sont masturbés, tout en n’éprouvant aucune attirance sexuelle.

Pour les deux groupes, les résultats montrent que les fantasmes sexuels restent souvent seulement des fantasmes et qu’il n’y a pas de passage à l’acte. Autre découverte : les asexuels fantasment souvent sur deux personnes extérieures faisant l'amour, ils ne s’incluent pas forcément dans leur fantasme.

Une autre bonne partie des asexuels déclarent n’avoir aucun fantasme sexuel : 20% des hommes et 35% des femmes. Un résultat difficile à imaginer pour Nathalie Benet, sexologue, qui estime que tout le monde sans exception a des fantasmes. 

Comment définir l’asexualité et le différencier de quelqu’un de « sexuel » ?

Nathalie Benet : L’asexualité, c’est un homme ou une femme qui n’a pas le désir d’avoir de relation sexuelle. On parle bien de désir, car le sexe n’est pas un besoin. Beaucoup de gens font la grossière erreur de confondre les deux. Un besoin c’est devoir aller au toilette ou manger. Personne n’est mort de ne pas coucher (...). La sexualité est un choix, on a la curiosité de passer à l’acte, l’envie de faire l’expérience du corps ou pas.

Quand se découvre-t-on asexuel ?

N.B : Ils s’en rendent compte en général quand ils passent l’adolescence, ils font tout ce qu’il y a de plus normal, sans avoir d’attrait pour le sexe. ‘J’aime pas le corps, quand j’étais petit on m’embrassait pas, mélanger des fluides ça me dégoute’, peuvent-ils penser. Et ce ne sont pas des gens en manque puisqu’ils ne ressentent pas de désir.

Les asexuels ont-ils des fantasmes ? Si oui, lesquels ?

N.B : Tout le monde a des fantasmes. Même les prêtres et les rabbins en ont. C’est une sorte de décharge, et s’il y en avait pas on serait peut-être tous serial killer. On peut d’ailleurs être très équilibré et avoir des fantasmes tordus, s’imaginer des trucs incroyables. Je vois souvent des filles qui se masturbent en pensant à d’autres filles alors qu’elles ne passeraient jamais à l’acte.

Peut-on être un couple d’asexuels ?

N.B : La définition même du couple, et ce qui l’a différencie de l’amitié, c’est le sexe. Donc non, je ne pense pas.

Même s’ils se font des bisous ?

N.B : L’identité sexuelle est à travers le baiser, c’est la barrière dépassable qui signe l’appartenance sexuelle, ou du moins vers cette possibilité là.  Un mec qui aime se faire prendre, sans embrasser, n'est peut-être pas homo. Un vrai homo est incapable d’embrasser une fille, ou d’en éprouver le désir (NDLR : peut-être sauf s'il a beaucoup bu). Une fille qui embrasse une fille est probablement naturellement bisexuelle.

Si vous êtes encore un peu perdu sur cette orientation, vous pouvez consulter le site officiel

© cover : Nicolas Gavino