Sparring : Mathieu Kassovitz en loser magnifique

undefined 30 janvier 2018 undefined 11h25

La Rédac'

Il a changé Kassovitz ! Pour le premier film de Samuel Jouy, le beau gosse un peu ahuri du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain a laissé place à un quadra musclé mais usé qui, à défaut de vivre de sa passion, s'en sert pour joindre les deux bouts. Un portrait sobre et juste de Steve Landry, un gars comme vous et moi qui sait encaisser.


Et encore un combat de perdu pour Steeeeve Laaaandryyyy. Après une bonne cigarette, le boxeur se voit refuser l'entrée du gymnase par un videur deux fois moins âgé que lui ; il veut juste récupérer ses affaires, mais il a oublié son badge à l'intérieur. Heureusement, Hocine, un des orga', va expliquer la vie au jeune physio zélé : « tu vois pas qu'il a combattu ? ». Steve peut finalement rentrer chez lui, et replacer la couverture de sa fille Aurore. « T'as gagné ? », demande-t-elle. « Presque », répond-il dans un sourire un peu triste. 

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Comme toute bonne scène d'intro, celle-ci plante le décor et les personnages. Steve Landry est un boxeur dont la carrière peu glorieuse touche à sa fin, père de deux enfants, amoureux de sa femme. Sa fille Aurore fait du piano, il pense qu'elle « a le truc », et veut lui offrir le meilleur pour qu'elle puisse progresser. C'est donc pour elle qu'il va décrocher ce "job" de sparring pour le champion Tarek M'Barek, un job dangereux mais bien payé. 

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C'est donc avant tout un mec normal que Samuel Jouy filme, un anti-héros à la française, un quidam qui mange des yaourts au dessert et qui emmène sa famille au restaurant pour lui annoncer une bonne nouvelle. La mise en scène, très juste, correspond à dessein à cette forme de médiocrité ambiante : sobre, sans artifices, linéaire, presque grise aurait-on envie de dire, les images défilent sans heurts, sans éclat, comme un type à la démarche automatique qui rentre chez lui après une journée de travail. Mais cette résignation cache une envie, une aspiration à faire plaisir aux autres et un sens du sacrifice d'une noblesse admirable. 

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Car le sparring, c'est lui, ce mec pas assez doué pour entrer dans la lumière mais indispensable pour faire briller les autres. La beauté se trouve ici dans la simplicité, dans la modestie d'un personnage au cœur énorme mais à la trajectoire sans éclat. Sa victoire à lui, elle se trouve dans le regard de sa fille face à une partition, et l'on comprend vite que cette relation particulière, filmée avec une grande sensibilité (la jeune Billie Blain est incroyable), est la réelle ceinture que Steve espère mettre à sa taille. 

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Avec Sparring, Samuel Jouy offre un premier film aussi juste que beau, tant par la simplicité de sa réalisation que par la modestie de ses personnages. Il parvient ainsi à nous faire comprendre que les valeurs que prône le noble art, le courage et la persévérance en premier lieu, font la richesse d'un homme. Sparring, en quelques mots, c'est la victoire du cœur, par les poings. 


Sparring
, de Samuel Jouy

Avec Mathieu Kassovitz, Souleymane M'Baye, Billie Blain
En salles le 31 janvier