Nocturama, une certaine idée de l'arnaque

undefined 2 septembre 2016 undefined 00h00

Louis Haeffner

Notre collègue cinéphile parisien est allé voir Nocturama, le dernier Bertrand Bonello... et il n'a pas trop aimé. On te pose sa review ici.

"J'étais tout content d'aller au ciné hier soir, j'avais même refusé un canal avé les collègues pour ça, et Dieu sait qu'il s'annonçait bien ce canal (de la bière, des copains, des clopes, un temps doux et propice à l'amour...). J'avais donc pris le risque de passer pour un gros relou faussement intello, tout ça pour aller voir le dernier film de Bertrand Bonello, mystérieusement intitulé Nocturama, qui me chauffait grave. Eh ben j'aurais mieux fait de suivre les collègues.


Ouais, je me suis fait avoir par le trailer, comme un bleu. Faut dire que le truc avait grave de la gueule : rythmé, super bande-son, des effets cut et partage d'écran bien stylés, que des visages inconnus mais plutôt séduisants, une caméra très proche des acteurs qui laissait présager un gros travail sur la psychologie des personnages, Paris la nuit... Du très bon taf, ce trailer. Le film, c'est une autre histoire

Pourtant ça commence plutôt pas mal. Gros plans sur des visages juvéniles, regards inquiets, aucune parole, dédales du métro, sobriété maximale dans la mise en scène, on est dedans, on est inquiets, on se demande ce qu'il se passe. L'ennui c'est que ça continue comme ça pendant une plombe, on sent que les mecs ont organisé un truc sérieux et grave, mais Dieu que c'est long, le film peut-il commencer s'il vous plaît ? Ben non, succession de plans similaires jusqu'à avoir enfin un début de dialogue avec une scène de groupe, où l'on nous explique gentiment, à base de flashbacks tout mal foutus, que ces gamins ont monté un gros coup ; c'est d'ailleurs à l'occasion de cette épiphanie filmique que l'on comprend le pourquoi de cette (extrêmement) longue "introduction" à base de plans serrés : les acteurs sont catastrophiques, valait mieux qu'ils se taisent. 

La suite, je vous la dévoile, de toute façon vous n'irez pas voir ce film, c'est pas la peine : en fait cette équipe de post-ados a réussi - sans qu'on sache vraiment comment, le seul argument visible de leur bonne organisation étant le fait qu'ils jettent leurs portables dans des poubelles, au ralenti - à faire péter quatre grosses bombes simultanément à différents endroits de Paris, pour ensuite se rejoindre dans un grand magasin, de nuit, et y attendre de pouvoir se barrer tranquilement. Forcément ça foire, et au bout d'une nuit passée à errer entre les mannequins et les vêtements de luxe, ils se font sèchement buter un à un, étant déclarés "ennemis d'Etat".

La fin est juste chiante à pleurer, et on a peur de déceler une sorte de message anti-djihad : « même si vous ne vous sentez pas à votre place dans cette société de sur-consommation, ne faites pas la guerre à votre propre pays, seule la mort vous attend au bout du chemin », avec une vieille anecdote impliquant des ânes et des enfants pour déminer les champs quelque part au Moyen-Orient, contée par un arabe visiblement en pleine recherche de sa sexualité, du crayon sous les yeux... 

Voilà, j'aurais mieux fait d'aller me pochtronner au canal avec les copains, nos discussions auraient certainement été plus intelligentes que ce film pataud et vide comme la boîte crânienne de Nadine Morano. Mais franchement Bertrand, qu'est-ce que t'as foutu ??"