Après trois années intenses à vivre le succès de son album LØVE, Julien Doré est parti se réfugier dans son chalet d'enfance entre la mer et les montagnes. En renouant avec le beau et la nature, il a composé « & », un disque à la fois solaire, sensuel et poétique dont le fil conducteur est l'amour. C'est dans un hôtel branché de l'est parisien que l'artiste nous a donné rendez-vous pour parler de son nouvel opus. Rencontre.
Comment te sens-tu un mois pile avant la sortie de ton nouvel et 4e album, « & » ?
Il y a un mélange d'un peu de stress, d'impatience, liés à l'envie de partager ce disque sur lequel je travaille depuis un an, et de joie aussi.
D'ailleurs comment est-on censé le prononcer, « et » ou « esperluette » ?
La forme est une esperluette, mais l'album s'appelle « et ». J'aime aussi l'idée qu'il ne se prononce pas, qu'il se regarde. J'aime bien que ce titre soit un symbole visuel qui laisse la place à l'imaginaire pour mettre les mots que l'on souhaite à gauche et à droite de ce signe. Ce & est une ligature qui lie les chansons les unes aux autres, et qui lie aussi sans doute ce que j'ai écrit et composé avec les gens qui m'attendent, s'il y en a.
Dans LØVE, tu t'inspirais d'une rupture amoureuse, qu'en est-il pour « & » ?
Je n'ai jamais vu mon précédent album comme celui d'une rupture, c'est un album d'amour, profondément, et celui-ci l'histoire qu'on en fera je ne la maitrise pas et tant mieux, mais ce qui chute de chanson en chanson, c'est toujours la présence de l'amour. Un amour qui nait d'un questionnement un peu plus large, un amour un peu moins égotique. Mon point de départ d'écriture est presque solitaire, c'est une contemplation de ce qui m'entoure, de ce qui reste et de ce que j'espère pour demain. Mais j'ai levé les yeux du nombril vers les montagnes, l'horizon.
« Coco câline, moonlight serenade, éden, caresse », ce sont des titres sensuels, poétiques, et plutôt optimistes, comme si tu parlais d'un renouveau de l'amour ?
Oui complètement. La sensualité et l'optimisme au sens de l'utopie. Selon moi toute grande réalisation commence par l'utopie, au sens de la pulsion d'un mieux, et effectivement la sensualité se conjugue avec cet optimisme là . Cet optimisme, il est accompagné d'une chose très importante qui était le point de départ de ce disque : le fait de me réfugier et de composer dans des zones où ce qui m'entoure - les montagnes et la mer - est plus grand que moi. Et j'ai vu que ce qu'on essaie d'atrophier, ça existait encore. On est dans un monde où on nous explique que le beau est payant, alors qu'à seulement quelques heures de Paris, j'ai vu qu'il était accessible. Et effectivement dans le sentiment amoureux j'ai l'impression qu'on ouvre plus les choses. Quelqu'un qui est seul, atrophié, peureux, ne verra pas de la même façon ce qui l'entoure que s'il est accompagné d'un être aimé.
Peut-on vraiment tomber amoureux plusieurs fois ?
Oui je pense. Je pense justement que la vie n'a de sens que si elle est bercée par cette multitude de nouveaux départs. Un point de départ amoureux est « immensissime », il se réduit au fil du temps, c'est comme ça. Une multitude de points de départs, un amour permanent des êtres, font que la vie est plus merveilleuse à vivre.
Pourquoi as-tu invité Pamela Anderson à figurer dans ton clip Le Lac ?
Aujourd'hui, on ne peut pas accepter l'idée que les femmes comme Pamela aient eu un parcours de vie différent {son engagement pour la défense des animaux, NDLR}. C'est uniquement une personne qu'on décrit de façon extrêmement sexiste. Je pense que les mecs sont terrorisés par la liberté des femmes et ça commence sévèrement à me souler donc je me suis dit : ta chanson c'est quand même juste ça ». « T'aimer sur les bords du lac, ton cœur sur mon corps qui respire, pourvu que les hommes nous regardent, amoureux de l'ombre et du pire », pourvu que ceux qui sont amoureux de l'ombre et du pire, nous regarde nous aimer, « si demain tu regrettes le miroir écorché que le lac te reflète promets-moi d'oublier »... Le miroir écorché de Pamela, c'est cette femme qui est obligé de se battre pour un combat qui à la base est noble. Je trouvais sa présence très légitime.
Tu vis à Paris, tu l'aimes ?
Je n'ai qu'une envie là, c'est de me casser de cette ville !
Si tu étais un Bonbon ?
Une sucette au rosé !
& - Nouvel Album - Sortie le 14 octobre
© Photos : Goledzinowski