Les bars-tabacs pourraient devenir des refuges pour les femmes

undefined 8 mars 2024 undefined 16h05

Flora Gendrault

Se protéger du harcèlement de rue… dans les PMU. Hier, jeudi 7 mars, la FDJ a signé un partenariat étonnant avec l’application Umay, visant à transformer le réseau de bars-tabacs-presses en « lieux refuges » pour les femmes qui se sentent en danger. L'objectif affiché : celui de former et labelliser au moins 1 000 commerces sur les 29 000 présents en France d'ici fin 2024, « sur la base du volontariat ». Des expérimentations à succès auraient été menées à Nantes et Lille. 


Les PMU, « lieux de vie essentiels » 

Concrètement, Umay fonctionne comme un GPS et propose des itinéraires où sont listés les « lieux sûrs » et les commissariats. Elle donne la possibilité de désigner des personnes de confiance qui peuvent suivre le déplacement, et d’envoyer des alertes permettant de signaler un danger. L’application répertorie déjà, à ce jour, 6 000 safe places, des bars, restaurants et boîtes de nuit auxquels s’ajoutent 3 200 gendarmeries et 600 commissariats (l’application ayant signé une convention avec le ministère de l’Intérieur). 

Pour défendre son précieux projet, la présidente de la FDJ, Stéphane Pallez, a défendu que les bars-tabacs « sont déjà des lieux de vie essentiels, avec des horaires d’ouverture étendus et des détaillants impliqués dans la vie locale ». Selon elle, « qu’ils deviennent des lieux sûrs est d’une logique et d’une utilité indéniables ». 


Les associations dénoncent un « féminisme washing » 

Les associations féministes, toutefois, ne suivent pas la même logique et réagissent avec hostilité à cette annonce. Dans un communiqué publié ce vendredi 8 mars, en résonnance avec la journée internationale des droits des femmes, Women for Women France (WFWF) assène : « À la fois débits de boissons et fournisseurs de jeux d’argent, les bars-tabacs ne constituent en aucun cas des espaces refuges. Ils sont fréquentés majoritairement par des hommes et favorisent la consommation d’alcool et les jeux de hasard. Il s’agit là de conditions qui augmentent le risque de violences sexistes et sexuelles» 

Chez #NousToutes, même constat. « C'est bien de faire des safe places partout mais il faut que ce soit bien fait », a réagi auprès de l'AFP Amy Bah, présidente de l’antenne à Lille. Avant d’ajouter : « On se demande s'il n'y a pas de "féminisme washing" [communication des entreprises qui récupèrent le combat des femmes pour mieux vendre leurs produits ou améliorer leur image, NDLR] derrière, de la part de la FDJ. Il faut prendre cette initiative avec beaucoup de précaution, on va voir comment se passe l’expérimentation. »

Se réfugier chez son buraliste, fausse bonne idée, poudre aux yeux et coup de com' ? De nombreux internautes semblent donner raison aux associations