Montpellier expérimente une sécurité sociale de l’alimentation !

undefined 7 février 2023 undefined 12h24

Flora Gendrault

C’est un projet pionnier en France : un collectif soutenu par la municipalité va expérimenter une forme de sécurité sociale de l’alimentation, où chacun.e cotise selon ses moyens et reçoit en retour une allocation alimentaire. Une forme de démocratie alimentaire, donc, à l’heure où l’inflation touche énormément de foyers et fait décroître le pouvoir d’achat des Français.es. 


Une cotisation libre de 1 à 150 euros par mois 

La cotisation fonctionne comme suit : chaque participant.e cotise librement, chaque mois et selon ses moyens, de 1 à 150 euros. En retour, iel reçoit une allocation alimentaire de 100 euros par mois. Ce système se base donc sur la confiance : personne n’ira vérifier les revenus des cotisant.es. Ces dernier.es pourront se situer grâce à une grille de cotisation suggérée, mais quoi qu’iels donnent, tous.tes les participant.es recevront la même somme


« On a tous la parole, librement, sans se juger »
 

Au centre du dispositif, un « comité citoyen » de 47 membres a été formé depuis octobre pour se réunir, les samedis matins, et prendre les décisions, définir les contours de la caisse, les modalités de cotisation, etc. Ce qui change, c’est la mixité de ce comité : on y retrouve 36 femmes et 11 hommes, la moitié en situation de précarité, venant de différents quartiers et communes. Un large brassage des profils qui permet aux membres de ce comité de comprendre la situation des Français en difficulté pour s'alimenter, à l’heure où les décisionnaires sont souvent déconnectés de la réalité. « On a tous la parole, librement, sans se juger », explique l’une des membres. 

Ces 47 membres seront les premiers à expérimenter la caisse, jusqu’à avril, puis 200 à 300 personnes s’y ajouteront. Des commerces partenaires ont été sélectionnés pour leur offre alimentaire alternative à celle de la grande distribution : épicerie sociale, marché paysan, supermarché coopératif… Une manière de favoriser la consommation de produits bruts, en circuit court, issus de l’agriculture biologique. On constate alors, avec grand plaisir, que la caisse alimentaire commune de Montpellier a été réfléchie selon des critères profondément sociaux et écologiques


D'autres villes françaises s'y intéressent-elles ? 
 

Le projet n’est encore qu’en phase de test, mais plusieurs territoires s’intéressent à ce dispositif : Lyon, par exemple, vient d’accorder une subvention de 200 000 euros pour engager la mise en place d’une caisse alimentaire. 

La France, pays de la sécurité sociale, pourrait donc voir se répandre dans plusieurs de ses villes l'ajout d’une cotisation reposant sur trois piliers majeurs : une alimentation de qualité pour tous.tes, un soutien aux paysans aux pratiques agroécologiques, et un accroissement de la démocratie alimentaire. Dans le contexte actuel de crise sociale et d’angoisse liée à l’inflation, on a besoin de ce genre de bonnes nouvelles !