Le gouvernement souhaite rendre le Service national universel obligatoire dès 2024

undefined 2 mars 2023 undefined 15h45

Flora Gendrault

La mesure ne fait pas l’unanimité dans l’opinion publique, et pourtant elle semble plus proche que jamais d’aboutir : dans une note interne du ministère de l’Éducation nationale datée du 2 décembre 2022, Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation, a rappelé son attachement au SNU. Il voudrait le rendre obligatoire à la rentrée 2024, dans six départements (le Cher, les Hautes-Alpes, les Vosges, le Finistère, la Dordogne et le Var), avant de le généraliser à tout le territoire. 

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C’est quoi exactement, le SNU ?

Qualifié de « séjour de cohésion » par Emmanuel Macron en 2019, ce dispositif semble faire écho au Service militaire obligatoire (abrogé en 1997 en France). Pour l’instant, il repose sur le volontariat : les adolescents de 15 à 17 ans qui le souhaitent peuvent partir 12 jours dans un autre département que le leur, au sein d’un hébergement collectif. Entre 8h (le lever) et 22h30 (le coucher), ils suivent des modules sportifs, informatifs et éducationnels, sans téléphone et vêtu·e·s d’un uniforme. 

Dans la même année, chaque adolescent·e doit effectuer une mission d’intérêt général de 84h dans une structure associative ou d’intérêt général. Iel peut également conclure son service par un engagement de trois mois dans l’armée, la police, les pompiers, l’accompagnement des personnes ou encore la préservation de l’environnement. 


Après l’expérimentation, la concrétisation ?  

Depuis trois ans, donc, le SNU est expérimenté et les jeunes ont le choix de s’engager. En 2019, lors des premières phases de test, 2 000 volontaires avaient été rassemblés. Ensuite, le Covid-19 avait pointé le bout de son nez, perturbant largement le programme, puis 18 000 personnes avaient participé aux séjours en 2021, et 32 000 en 2022 (54,1% de garçons, 55,9% de filles). Des chiffres en demi-teinte, puisque le gouvernement en attendait 50 000.

Toutefois, les retours d’expérience de l’année 2022 sont plutôt positifs selon l'Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire : « Le taux de satisfaction demeure élevé (90%) et la mixité sociale modérée, même si elle diffère selon la période du séjour ». Si le SNU était rendu obligatoire, 80 000 jeunes seraient concerné·e·s.


Des risques de colère sociale  

Emmanuel Macron devait se positionner sur cette question en début d’année 2023, mais avec la tempête provoquée par la réforme des retraites à l’Assemblée et dans la rue, il l’a repoussée au printemps. Peut-être la nouvelle crainte d’une colère sociale ? En effet, une nouvelle fois, l’opposition à cette mesure est importante : volume d’heures trop important, transport non pris en charge, « embrigadement des lycéens » selon le député LFI Bastien Lachaud… En somme, le dispositif est décrit comme coûteux et trop proche de l’institution militaire, et ne devant être imposé à quiconque. 

Loin de satisfaire tout le monde, donc, il faudra attendre l’arbitrage d’Emmanuel Macron au printemps pour en connaître le sort. La secrétaire d’État au SNU, Sarah El Haïry, précise également que d’autres hypothèses sont envisagées, comme par exemple un SNU incitatif avec une formation au permis de conduire offerte pour tout SNU réalisé.