Mustang, ou l’esprit libre et combattif

undefined 8 juillet 2015 undefined 00h00

La Rédac'

Cette semaine, on est allés voir le film "Mustang" au cinéma Mazarin à Aix, encore à l’affiche pour deux petites semaines seulement. Le film de la jeune réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven a été récompensé lors du dernier Festival de Cannes à la Quinzaine des réalisateurs. Piqué par la curiosité, on a eu envie de se faire notre propre opinion.

Mustang c’est l’histoire de 5 sœurs qui vivent tranquillement leur adolescence et leur enfance dans un village reculé de Turquie. Le dernier jour de l’année scolaire va pourtant marquer un tournant dans leur vie. Ce jour-là, il fait beau, elles rentrent à pied de l’école et vont jouer sur la plage. Elles sont rejointes par des garçons de leur école, et chahutent en toute innocence dans l’eau avec eux. Une voisine les voit et les accusent d’impudeur. Leur grand-mère et leur oncle se rangent de son côté et les enferment peu à peu dans la maison et dans ce qu’ils considèrent comme une vie d’épouse rangée.

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Dix minutes de standing ovation ont suivit la projection de "Mustang" à Cannes, et on comprend pourquoi. Ce film aussi dur que doux se vit, il nous prend au tripes, et bien que spectateur, on se sent à la fois impliqué et impuissant de ne pouvoir venir en aide à ces cinq sœurs aussi attachantes les unes que les autres. On rit avec elles, on souffre avec elles, on pleure aussi parfois tant on se sent désemparé et révolté par l’injustice dont elles sont victimes. "Mustang" est un véritable bijou cinématographique. La réalisation est léchée, les images sont belles, solaires. Tant de lumière antinomique qui révèle une histoire sombre et révoltante. Avec "Mustang", on devient la sixième sœur, et on pénètre dans l’intimité bafouée de ces fillettes qui n'ont commis le seul crime que d’être des enfants libres et joyeux. C’est un film qui ne laisse pas indifférent, on vous prévient, vous allez être remué.

Dire que ce film a failli ne pas voir le jour. Deniz Gamze Ergüven, la réalisatrice, ancienne de la Fémis, est une trentenaire qui a grandi entre Paris et Ankara, capitale turque. En 2011, elle rencontre la cinéaste Alice Winocour, et les deux femmes se lancent dans le projet de "Mustang". Il leur faudra neuf mois de casting pour trouver les actrices qui incarneront les sœurs, pas le droit à l’erreur car ce sont elles qui porteront le film. Le résultat est époustouflant. On attribuera une mention spéciale à Güneş Nezihe Şensoy qui incarne le rôle de Lale, la plus jeune des sœurs et la plus déterminée à sortir de cette prison psychique et physique. Trois semaines avant le tournage, la productrice se retire du film, "Mustang" est en péril. C’est Charles Gillibert (producteur d’Assayas) qui sauvera le projet, et on l’en remercie !

On ne peut que vous conseiller de courir voir ce film avant qu’il arrive à la fin de sa programmation. On peut encore le voir au cinéma Mazarin à Aix, au cinéma le Prado à Marseille et au cinéma Odyssée à Fos. On n’hésite plus, on prend un paquet de mouchoir et on fonce.

  Cinéma Le Mazarin / 6 rue Laroque, Aix-en-Provence

Cinéma Le Prado /36 Avenue du Prado, Marseille 6e

Cinéma L'Odyssée / Avenue René Cassin, Fos-sur-Mer