Jeune Femme, un hymne à la féminité libre

undefined 2 novembre 2017 undefined 15h23

La Rédac'

En ces temps troublés où "la parole se libère", il est bon de se rappeler que la femme n'est pas la victime de l'homme, ou l'ennemie de l'homme, ou toute position sociale qui ne la définirait de fait que par rapport à l'homme. Jeune Femme se charge heureusement de cette mission essentielle, avec panache.


Paula redébarque à Paris après dix ans passés au Mexique. A la rue après s'être séparée de son mec - qu'on comprend vite être un photographe bien né et plutôt coté dans la place parisienne -, elle erre dans les rues, livrée à elle-même pour la première fois de sa vie. La suite n'est qu'un long chemin pavé de rencontres aléatoires vers l'indépendance et l'affirmation de soi, pour cette jeune femme un peu loufoque qui n'a jamais travaillé, et le chat qu'elle a volé à son ex-compagnon.

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A force de silences et de plans rapprochés, de moments de pure existence - vides, en opposition à des moments de vie -, on plonge petit à petit dans la solitude nouvelle de cette trentenaire si attachante. On comprend et admire alors d'autant plus son courage et sa détermination, elle qui a conscience de n'être « pas très intelligente » mais qui revendique avec panache son droit à une vie remplie. Quelques aphorismes émaillent ça et là le métrage, ajoutant une certaine poésie naïve au réalisme mélancolique de la photographie : « Vous les femmes, vous n'avez pas beaucoup d'imagination. - Il n'y a pas de place pour l'imagination à Paris, y'a trop de fric. » 

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On sent ici affleurer la rébellion contenue qui habite notre Paula, en faisant un personnage contestataire par essence, mais qui s'oppose à quoi ? Au capitalisme, à Paris qui en est un symbole, à l'uniformisation de la société, aux hommes ? Paula a vécu la grande vie au crochet d'un photographe célèbre et intellectuel pendant dix ans, mais sa volonté d'indépendance s'exprime par une simplicité émouvante : trouver un travail, un endroit ou vivre, toute seule mais avec l'aide d'inconnus, voilà ce que, parfois, vous réserve la vie. 

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Avec Jeune Femme, Léonor Serraille nous offre un premier film sensible, tendre et drôle, parfois un peu bordélique, comme son héroïne, incarnée avec beaucoup de talent par Laetitia Dosch. Une première réussite pleine d'un enthousiasme contagieux, qui avait été justement soulignée à Cannes par une Caméra d'or. 


Jeune Femme
, de Léonor Serraille

Avec Laetitia Dosch
En ce moment en salles