Reda Kateb est \"Django\", mais ça manque de tempo

undefined 27 avril 2017 undefined 00h00

La Rédac'

Pour tous les gratteux du monde, Django Reinhardt fait figure de légende. Etonamment, on n'avait pas encore eu de biopic à son sujet, pourtant le guitariste tzigane a tout du personnage hautement cinématographique. Le mal est désormais réparé avec ce Django incarné par Reda Kateb, mais le film est-il à la hauteur du mythe ?


Donc l'histoire, la base du film en fait, c'était cadeau : Django Reinhardt, musicien tzigane au sommet de sa gloire dans le Paris occupé de 1943, se voit proposer une tournée en Allemagne. La situation de départ avait quand même de la gueule. Restait à réussir le film, ce qui de toute évidence n'est pas si évident qu'on veut bien le croire.

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Django est un artiste, un musicien talentueux, qui donc s'exprime au mieux une guitare entre les mains : on ouvre donc sur une scène de bœuf, normal. Sauf que ce n'est pas Django qui joue, mais un vieux gitan aveugle et ses compagnons, autour d'un feu, dans une forêt des Ardennes. Il va finir avec une balle nazie dans la tête, sans rien avoir vu venir (forcément) et sans s'arrêter de jouer. L'idée était vraiment bonne, cette scène étant probablement la meilleure du film, la seule où une forme de tension saisit le spectateur, et qui le place immédiatement dans le cadre spatio-temporel face aux enjeux vitaux qui en découlent et qu'on peut résumer par un sillogisme simple : Django est un tzigane, la France est occupée par les Allemands, les Allemands tuent les tziganes. Simple et efficace. 

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Par la suite et jusqu'à la fin, malheureusement, le réalisateur ne retrouvera jamais ce souffle si nécessaire au succès d'un long métrage ; Reda Kateb et Cécile de France auront beau se démener, on s'ennuie ferme. Django kiffe à Paris, Django rencontre les méchants Allemands (tous catastrophiques en raison de l'image grossièrement cricaturale qu'on leur demande d'incarner), Django fuit Paris, Django se fait chier à Thonon en attendant de passer en Suisse. Même la scène du concert destiné à faire diversion pendant que les maquisards font passer un pilote anglais sur le lac, plutôt réussie visuellement, manque de lâcher-prise. Tout ça ressemble à une succession de situations figées, entrecoupées de scènes où Django joue divinement de la guitare, le front bas et un rictus de concentration barrant son visage. C'est lent et ça manque globalement de rythme, le comble pour un biopic sur un joueur de swing... 

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Reda Kateb, c'était peut-être pas la meilleure idée non plus pour incarner un personnage qu'on imaginait sanguin, fêtard et plein d'une joie de vivre confinant à l'insouciance. On a plutôt affaire ici à un gars dans l'ensemble placide, un passif qui accepte son destin sans trop broncher, jusqu'à la délivrance finale, pour lui et sa famille, mais clairement pas pour son peuple. Une sorte de loser pas magnifique en somme, dont on a du mal à saisir l'intérêt narratif. 

Ce n'est donc, malheureusement, pas un swing qu'Etienne Comar nous joue avec son premier film en tant que réalisateur, mais bien une berceuse. La preuve, j'ai failli m'endormir.


Django
, d'Etienne Comar

Avec Reda Kated, Cécile de France
En salles en ce moment