Blade Runner 2049, une suite plus que réussie (pour une fois)

undefined 4 octobre 2017 undefined 14h25

La Rédac'

A l'inverse de pas mal de mes amis, j'étais plutôt enthousiaste à l'idée d'une suite au mythique Blade Runner de Ridley Scott, chef-d'œuvre absolu du film de science-fiction. Alors certes cet enthousiasme émanait en grande partie de mon groupisme notoire à l'égard de Ryan Gosling, mais je m'étais aussi dit que Denis Villeneuve était loin, très loin d'être mauvais, et je lui faisais confiance pour faire honneur à son illustre aïeul. Pour une fois, j'ai eu raison, et plutôt deux fois qu'une sapristi ! 


Pour les puristes, il était scandaleux, outrageux, voire tout à fait immoral de faire un film qui s'approcherait ne serait-ce qu'un tout petit peu du Saint-Suaire originel. J'exagère à peine, et franchement je comprends ce point de vue, Blade Runner est une perle inestimable qu'il fallait garder pure. Ce qui est super avec le film qui nous occupe aujourd'hui, c'est que même s'il constitue de façon indéniable une suite à l'œuvre de Ridley Scott, il n'en altère aucunement la puissance narrative, ni ne ringardise ses effets spéciaux, comme on aurait pu le craindre.

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Au contraire, cette version 2049 tient bien plus de l'héritage spirituel que de l'hommage gênant. Villeneuve conserve largement l'ambiance sombre et pluvieuse du Los Angeles de 2019, mais y ajoute d'autres décors fascinants, comme cette Californie grise et poussiéreuse réduite à des exploitations agricoles, ou cette ville-fantôme à l'architecture humanoïde qui semble perdue au milieu d'un désert de poussière rouge-orangé. Tout cela est beau à en pleurer. La musique, également, reste très proche de l'ambiance sonore élaborée par Vangelis, mais a quelque chose de plus assourdissant, de plus technologique. La direction artistique, dans l'ensemble, est une réussite totale et flamboyante, et l'univers imaginé par Scott est développé avec beaucoup d'intelligence et de goût. Certaines trouvailles technologiques sont tout simplement géniales, on pense notamment à Joi, l'intelligence artificielle au physique sublime accompagnant notre héros (Ana de Armas, excellente). Il est vrai que le fait que les événements se passent 30 ans plus tard permet beaucoup, et Villeneuve ne se fait pas prier pour exploiter ce différentiel temporel de la meilleure des manières. 

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Ainsi, l'officier K est, comme Rick Deckard à l'époque, un chasseur de répliquants, un Blade Runner. Simplement celui-ci est, de façon avérée, lui-même un réplicant, mais certainement le meilleur d'entre eux puisqu'il se soumet à l'ordre établi, conscient de sa nature et ne cherchant jamais à outrepasser son destin. Gosling est évidemment parfait dans ce rôle, lui le taiseux au geste maîtrisé, d'un calme presque inhumain mais si charmant. Sa relation avec Joi fournit d'ailleurs à Villeneuve l'occasion de perdre le spectateur, ému aux larmes devant l'amour véritable qui unit les deux androïdes. K est-il véritablement un robot ? Le doute commence à s'immiscer en lui, comme s'immisçait en Deckard le doute d'être un humain.

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Si cette inversion du paradygme de base peut paraître simpliste, c'est pourtant l'idée la plus brillante du film, une idée grâce à laquelle Denis Villeneuve donne à Blade Runner une suite à la fois passionnante et épique de bout en bout, en plus d'être visuellement impressionnante. Innover tout en faisant honneur à une référence du 7e art, c'est le pari réussi du réalisateur canadien qui, décidément, s'impose comme l'un des plus doués de sa génération. Vivement la suite ! 


Blade Runner 2049
, de Denis Villeneuve

Avec Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana de Armas, Jared Leto
Actuellement en salles