Histoire de Lyon : les muses de l'Opéra et le mystère de la statue disparue

undefined 29 juin 2020 undefined 15h49

Antoine Lebrun

Les Muses sont les 9 filles de Zeus et Mnémosyne et représentent chacune un art. Après tout, quoi de mieux que l’art des arts pour sublimer l’art (vous nous suivez ?) Sur l’Opéra sont présentes : Clio, muse de l’histoire ; Euterpe, muse de la musique ; Thalia, muse de la comédie ; Melpomène, muse de la tragédie ; Terpsichore, muse la poésie lyrique et de la danse ; Erato, muse du chant nuptial ; Polymnie, muse de la pantomime et la rhétorique ; Calliope, muse de la poésie épique. Ce qui nous fait donc 8 muses...Car oui, la 9e, Uranie qui n'est autre que la muse de l’astronomie et l’astrologie, manque tristement à l’appel.


© Stofleth

Là où tout a commencé

Débutons cette sordide affaire par un peu d'Histoire. La construction de l’Opéra a été commandée par Antoine-Marie Chevanard, un architecte Lyonnais du XIXe. Les muses, quant à elles, sont à l’origine de G. Bonnet, J. Fabisch, J. Bonassieux ou encore F. Roubaud. Rénové par Jean Nouvel de 1989 jusqu’en 1993, il sera finalement réinauguré. Tout d’abord critiqué à cause de son apparence « trop moderne », il s’est maintenant bien intégré au paysage urbain de Lyon. La verrière au sommet (servant à abriter les studios de danse, le bar-restaurant et l’administration) est reconnue comme un exemple réussi de rénovation contemporaine.

De leur coté, les muses sont restées les mêmes à un détail près... Celles que tu pourras observer en sirotant ton Spritz au bar ne sont plus les originales ! Trop lourdes elles ont été remplacées par des copies en fonte pesant près de 2 tonnes chacune en 1912.

Un simple oubli ou une réelle volonté ?

On pourra dire ce qu’on voudra, vous continuerez à critiquer l’Opéra et ses (seulement) 8 muses. En effet le compte n’y est pas... Si certains mettent la faute sur le manque de connaissances en mathématiques de l’époque, d’autres visent une mauvaise notion de l’espace qu’auraient pris les 9 muses.


© Eric Bascol

Pourtant l’explication est bien plus simple : l’architecte s’est plié aux règles de l’architecture qui imposaient un nombre pair de colonnes. À défaut d’inventer une 10e muse, il a donc décidé d’écarter celle qui, d’après lui, collait le moins au domaine de l’art, Uranie donc.

D’autres hypothèses existent : Lyon ayant déjà accueilli une statue d’Uranie de 1765 à 1858 place des Cordeliers pour orner la Colonne du Méridien, on peut comprendre la décision de la mettre de côté.


© JakezC

Repères historiques :

  • 1687 : Jean-Pierre Legay obtient le droit de faire construire un opéra à Lyon, mais le lieu reste inconnu
  • 1756 : Inauguration de l’Opéra - Grand Théâtre de Lyon
  • 1765 - 1858 : Statue d’Uranie sur la colonne du Méridien place des Cordeliers
  • 1826 : Un incendie détruit le bâtiment, Antoine-Marie Chenavard le remplace
  • 1831 : Inauguration du bâtiment
  • 1863 : Les 8 statues de muses sont déposées sur l’attique de l’Opéra
  • 1912 : Les muses en pierre sont remplacées par des copies en fonte, plus légères
  • 1989 - 1993 : Rénovation de l’Opéra par Jean Nouvel


Texte : Fiona Marbet