Sous-marin disparu près du Titanic : les passagers morts dans une « implosion catastrophique »

undefined 23 juin 2023 undefined 11h31

Nicolas Cogoni

C’est la fin d’une terrible et douloureuse attente pour les proches de l’équipage du Titan, le sous-marin touristique envoyé pour visiter l’épave du Titanic, perdu depuis dimanche après-midi. Ce jeudi, un robot a découvert des débris au fond de l’océan Atlantique, appartenant selon les experts à la coque extérieure du submersible. Pour les garde-côtes américains, l'engin a été victime d'une « implosion catastrophique », officialisant la mort des 5 passagers à son bord, dont le Français Paul-Henri Nargeolet. Depuis, des questions se posent sur la fiabilité et la sécurité de ce submersible. 


La coque n'aurait pas supporté la pression 

Le champ de débris découvert par le robot à proximité du Titanic, qui appartenaient à la chambre du submersible, est bel et bien compatible avec « l'implosion du navire ». Concernant les raisons exactes de l’incident, le professeur d'ingénierie à l'Imperial College de Londres Roderick Smith évoque, auprès de l'AFP, un potentiel défaut dans la coque. Et à une profondeur de 4000 mètres, le submersible se serait désintégré en l'espace de millisecondes, en raison de la pression colossale de l’eau : 380 bar. Pour ses occupants, la mort aurait été pratiquement instantanée. L’hypothèse devra toutefois être confirmée par des recherches complémentaires.

« Dans un appareil comme celui-ci, une implosion peut provenir d’une faiblesse de la structure du Titan, composée de titane et de fibre de carbone mais dont on ne sait pas très bien dans quel état elle peut vieillir », décrit le vice-Amiral Michel Olhagaray, ancien directeur du Centre des hautes études militaires. L'engin mesurait 6,50 m de long sur 3 m de large et 2,50 m de haut. Le hublot de 60 cm de diamiètre avait aussi soulevé des questions parmi les spécialistes et pourrait donc constituer une faille. 


OceanGate pointé du doigt

Les responsables de la société OceanGate et les concepteurs du sous-marin étaient très critiqués ces derniers jours, notamment car ils n’auraient pas respecté toutes les normes réglementaires de sécurité. Le navire n'avait pas reçu d'homologation officielle, selon plusieurs experts, une façon pour le propriétaire de gagner du temps et de l'argent. Une plainte de 2018 consultée par l'AFP indique qu'un ex-dirigeant de la compagnie, David Lochridge, avait été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté du submersible. Selon cet ancien directeur des opérations marines, le hublot à l'avant de l'appareil a été conçu pour résister à la pression subie à 1 300 m de profondeur et non à 4 000 m.

Avant d'embarquer, l'océanologue français Paul-Henri Nargeolet, avait confié à ses proches ne « pas avoir confiance en ce nouveau sous-marin en matériau composite », rapporte le Figaro. Un autre membre de l'équipage, un jeune Pakistanais de 19 ans, se disait quant à lui « terrifié » à l'idée de monter à bord du Titan, a confié sa tante à NBC News. Elle a expliqué à la télévision américaine que s'il avait accepté l'expédition, c'est parce qu'elle était importante pour son père, Shahzada Dawood, un homme d'affaires de 48 ans, obsédé depuis toujours par le Titanic.

OceanGate a de son côté salué ces 5 « âmes », qui « partageaient une profonde passion pour l’exploration ».