Le Petit Paumé 2020 : l’édition de tous les dérapages ?

undefined 14 octobre 2019 undefined 09h00

Antoine Lebrun

Après une première sortie de route remarquée l’an dernier, le réputé Petit Paumé avait su rebondir. Mais l’édition 2020 du guide lyonnais s’avère truffée d’allusions dérangeantes et malvenues qui suscitent de vives réactions depuis sa distribution.


Réputé et reconnu pour son impertinence, Le Petit Paumé fait partie intégrante de la ville depuis 51 ans. Une institution qui a toujours su valoriser la richesse et la diversité de Lyon et de ses habitants et que nous sommes les premiers à apprécier. Mais aujourd’hui, le Petit Paumé a peut-être démontré les limites de son modèle : confier un média de cette envergure, aussi impertinent puisse-t-il être, à des étudiants qui ne mesurent manifestement pas le poids de leurs écrits.

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Si on a adoré lire les critiques parfois acerbes du guide, on a aussi pensé aux énormes conséquences qu’elles pouvaient engendrées auprès des commerces concernés. Mais c’est là l’ADN du Petit Paumé depuis sa naissance donc pourquoi pas… Mais depuis quelques années, la « Bible » des Lyonnais a pris l’habitude (bonne ou mauvaise, nous ne sommes pas ici pour en juger) d’intégrer des allusions à l’extrême limite du politiquement correct dans ses pages. Des passages qui, éloignés de leur contexte, peuvent heurter bien des lecteurs. Et il se trouve que la dernière édition du livre en est malheureusement cafi.

Cuisto manchot, « rebeus » de Guillotière et plages de Normandie

Dans sa cuvée 2020, Le Petit Paumé a une nouvelle fois repoussé les limites de l’impertinence. Du ho36, changé en sorte de refuge contre les « rebeus », au resto asiatique Le Petit Grain qui se retrouve inexplicablement mêlé à des relents de seconde guerre mondiale en passant par le chef Grégory Cuilleron rabaissé à une preuve qu’on peut « être manchot sans avoir à faire la manche dans le métro », c’est un florilège de dérapages incontrôlés mais visiblement assumés qu’à dégainé la rédaction du Petit Paumé. Et il n’y a qu’à Mario Kart que les dérapages rapportent des points.

Une édition au vitriol qui a forcément provoqué un vaste tollé. Le directeur général de l’EM Lyon, l’école de commerce dont les étudiants sont en charge de la rédaction du guide, a lui-même exigé que ces derniers présentent des excuses. Chose faite dans un communiqué maladroit qui a eu tendance à remettre de l’huile sur le feu en évoquant le caractère « bénévoles » des étudiants à la rédaction. Car quand il s’agit de défaire la réputation d‘adresses, le bénévolat de ces professionnels en herbe s’oublie vite.

De l’art de se saborder

Depuis quelques années, Le Petit Paumé s’amuse à enchaîner les petites piques contre notre média. Une habitude à laquelle nous n’avons jamais daigné répondre (bien que les attaques aient toujours été gratuites) encore une fois au nom de l’impertinence exhibée par le guide depuis plus de 5 décennies. Car nous respectons l’institution, nous n’avons jamais eu la volonté ou la prétention de la surpasser et nous sommes de toute façon persuadés que Lyon mérite de la diversité dans son offre éditoriale. Aujourd’hui, nous ne voulons donc pas frapper un homme à terre. Mais on ne peut tout se permettre au nom de l’humour et de l’insolence. Les mots ont leur importance encore plus lorsqu’on est lu par plusieurs dizaines de milliers de personnes chaque année.

Le Petit Paumé est et restera un « média » dont la réputation surpasse, malgré tout, les scandales qui jonchent son histoire récente. Mais la donne a changé : si les professionnels attendaient jadis la sortie du dernier numéro avec impatience, ils la redoutent aujourd’hui et c’est là tout le problème. Le Petit Paumé a revu sa copie pour se changer en sniper des commerces lyonnais, à l’affût de la moindre brèche pour y enfoncer sa plume maladroite. Le Petit Paumé est une chance pour tous les Lyonnais, alors il serait temps que ses représentants se rendent compte qu’ils ont de l’or entre les mains.