C'est toujours la même histoire : quand on est trop hypé par la sortie d'un film, on est souvent un peu déçu après l'avoir finalement vu. Malheureusement, Avengers: Endgame ne déroge pas à la règle, même si le 22e film du MCU (Marvel Cinematic Universe) comporte son lot de surprises et de qualités. Explications garanties sans spoilers.
Le dernier Avengers nous avait laissés bouche bée et bras ballants, après que Thanos avait, d'un claquement de doigts, fait partir la moitié des habitants de l'Univers en fumée. Quelle film ç'avait été ! On avait donc du mal à imaginer comment ce "jeu décisif" (la pertinence de cette traduction n'appartient qu'à nous) allait pouvoir surpasser, en termes purement filmiques, l'avènement de Thanos, mais on avait tout autant de mal à imaginer que nos héros favoris puissent laisser errer la moitié d'entre eux dans les limbes de l'oubli.
Tout juste, puisque tout l'enjeu d'Endgame consiste en non moins que la "résurrection" de tous ceux qui ont disparu à la fin du précédent opus. Comment ? Eh ben c'est tout con, en voyageant dans le temps. Mais c'est impossible, vous écriez-vous, naïfs que vous êtes. Eh bien non, pour les Avengers, rien n'est impossible. Ceux qui restent vont donc, par équipes de deux ou trois, mettre à profit le retour inespéré d'Ant-Man et sa connaissance du royaume quantique pour aller récupérer dans leur propre passé les Pierres d'Infinité, les réunir et inverser le cours des événements. C'est simple, non ?
Oui et non. Car si le voyage dans le passé et les questions compliquées de cohérence chronologique qu'il implique semblent traités avec une légèreté assez déconcertante par les frères Russo, l'action prend vite la forme d'une véritable quête, du genre de celle du Graal, avec non pas des chevaliers en armures mais des super-héros en combinaisons rouges et blanches, des confrontations existentielles et des sacrifices héroïques. Le contenant est ici du même niveau que le contenu, et il faut dire qu'on est irrémédiablement scotché devant la difficulté des épreuves que traversent nos héros, les nombreux clins d'œil aux précédents films du MCU et la très grande beauté des images et des effets spéciaux qui nous sont proposés, notamment lors d'une bataille finale à couper le souffle.
L'action est donc présente, certes, mais c'est l'émotion, surtout, qui règne sur le film. Du long paragraphe introductif, insistant sur les états d'âme de chaque Avenger restant mais aussi sur l'immense désarroi dans lequel est plongée la population, à une conclusion d'une infinie tristesse qui voit plusieurs héros tourner la dernière page de leur histoire personnelle, on évolue constamment dans une sorte de solennité parfois un peu (trop) larmoyante. Pour faire simple, tout cela est un peu lourdingue par moments, et on regrette que les quelques moments de franche rigolade, devenus au fur et à mesure l'apanage des films estampillés Marvel, ne soient pas plus fréquents.
Le MCU conclut donc sa première phase avec un film alternant le bon et le moins bon. Il aura cependant le mérite certain d'offrir une sortie épique et spectaculaire à cette galerie de personnages si attachants, qui auront dominé sans conteste le box-office mondial de ces dix dernières années. Ainsi, c'est avec beaucoup de dignité et d'émotion que la boucle est bouclée.