Amanda, un drame doux et lumineux, avec Vincent Lacoste

undefined 21 novembre 2018 undefined 10h05

La Rédac'

Après le très joli et très réussi Ce sentiment de l'été en 2015, Mikhaël Hers revient avec un film qui traite à nouveau du deuil, avec cette même finesse évitant tout sentimentalisme ostentatoire, et une place importante accordée à la lumière comme révélateur d'émotions. 


La vie est douce en ce début d'été à Paris. David, 24 ans, divise son temps entre son job d'élagueur dans les espaces verts de la Ville de Paris et l'accueil de touristes dans les différents appartements que possède son voisin. Le reste du temps, il aide sa sœur Sandrine à s'en sortir entre ses cours d'anglais au lycée et sa fille de 7 ans, Amanda. Bientôt il rencontre Léna. Leur histoire débute à peine quand un violent drame survient : un attentat dans le parc qui borde le château de Vincennes. Sandrine est tuée, Léna blessée ; dès lors, David va devoir surmonter son chagrin et s'occuper d'Amanda

Amanda film critique Vincent Lacoste

Si les personnages principaux de cette histoire dramatique sont évidemment David et Amanda, il en est un troisième qui a une importance peu commune, c'est Paris. Mikhaël Hers filme la ville comme il filme ses comédiens, inscrivant ainsi la capitale dans un quotidien dont la normalité serait la première caractéristique. Ce n'est pas le Paris de carte postale (observé par exemple dans le dernier Mission impossible : Fallout) qu'il nous est donné de voir, ni le Paris invisible servant régulièrement de cadre à tout un tas de production françaises, mais un Paris lumineux, qui s'écoule au rythme des coups de pédales de David et Sandrine, le Paris qu'on observe un vague sourire aux lèvres en rentrant chez soi après quelques verres, le Paris de l'avenue Daumesnil ou de la fontaine de la Porte Dorée, bref, un Paris qui héberge une vie qui grouille, des métros bondés et des stations Vélib' pleines. 

Amanda film critique Vincent Lacoste

Cependant, au même titre que les personnages du film sont marqués par la mort brutale de Sandrine, Paris est marquée par la sensation de menace perpétuelle que les attentats de 2015 ont instillé dans notre conscience collective ; un souvenir qui ne nous quitte jamais vraiment, mais avec lequel on recommence et continue cependant à vivre. Ainsi va la vie, qui reprend toujours ses droits ; après le deuil survient l'espoir et la perspective d'un nouveau départ. Et c'est bien ce que le métrage montre, avec beaucoup de délicatesse et de justesse, et grâce au travail remarquable des comédiens. Vincent Lacoste, pour son rôle le plus engageant et sensible, est bouleversant ; quant à Isaure Multrier dont c'est la première expérience de comédienne, elle est tout bonnement incroyable. La scène finale, où tout se passe dans les yeux de la petite fille, est d'une pureté et d'une beauté ineffables, un moment de cinéma rare qui mérite presque à lui seul qu'on court voir Amanda.

Amanda film critique Vincent Lacoste


Malgré une grande sobriété, Amanda est un film multiple, qui réussit le tour de force d'aborder chacun de ses sujets (la mort, le passage à l'âge adulte, les attentats) avec la même justesse discrète tout en montrant une facette de Paris très peu exploitée au cinéma, celle d'une ville photogénique et lumineuse dans sa banalité. Doux et bienveillant, comme la caresse d'une maman.