Ce qui nous lie, peu importe l\'ivresse tant qu\'on a le flacon

undefined 15 juin 2017 undefined 10h57

La Rédac'

« L'amour c'est comme le vin en fait, il faut du temps. » Aucun doute, on est bien dans un Klapisch, mais il aura fallu près de deux heures alternant le bon et le moins bon pour en arriver là. Vous l'aurez compris, Ce qui nous lie n'est pas du meilleur cru, même s'il est loin d'être mauvais. Un petit rosé sympa, à boire très frais à l'apéro.


Dix ans après un départ précipité, Jean revient chez lui, dans le domaine familial, en Bourgogne. Rien n'a changé, sauf son père qui est sur le point de mourir, sa sœur Juliette qui est devenue la viticultrice en chef, et son petit frère Jérémie qui est père depuis peu. Mais la joie des retrouvailles va vite laisser place aux interrogations : pourquoi Jean n'a-t-il pas donné de nouvelles depuis presque 5 ans ? Pourquoi n'est-il pas venu à l'enterrement de leur mère ? Qu'a-t-il donc foutu toutes ces années ? Autant de questions auxquelles on trouvera des réponses au fur et à mesure de l'avancée du film, qui commence véritablement avec les vendanges pour se terminer par, vous vous en doutez, la dégustation du nouveau cru. 

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Dès lors, on comprend bien ce qu'a voulu faire Klapisch : ses personnages évoluent comme le vin, passant par différentes phases cruciales avant d'être "mûrs". Et comme souvent (toujours ?) chez le réalisateur du Péril jeune, un air de nostalgie berce doucement le film, appuyé ici par la voix off de Jean, narrateur et personnage principal de l'histoire. Comme le Xavier de L'Auberge espagnole, il semble très à l'aise avec ses souvenirs, mais plutôt dérouté dès qu'il s'agit de se construire un avenir. Klapisch déroule alors un schéma que l'on connaît bien : Pio Marmai campe avec talent et bonhommie un jeune adulte en pleine crise sentimentale et donc existentielle, qui trouvera dans ses proches l'aide indispensable pour reprendre le contrôle de sa vie et se diriger clopin-clopant vers le bonheur et la sérénité. Alléluia. 

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Tout ça manque quelque peu d'enthousiasme. Quelques scènes chouettes font quand même bien plaisir (notamment la fête de fin de vendanges, hilarante), mais restent malheureusement trop rares. Cela dit l'ensemble fonctionne, l'histoire est cohérente, les acteurs sont bons, ça se termine bien, c'est chouette... mais on s'ennuie un peu, et pour être honnête, ça tire en longueur sur la fin. Notons tout de même la bande originale, excellente, qui accompagne à merveille de jolis plans de paysages bourguignons et les fondus enchaînés - désormais classiques chez Klapisch, rappelez-vous la scène de la soirée en boîte sur Daft Punk dans L'Auberge espagnole - pour signifier le temps qui passe, toujours efficaces, et particulièrement la très belle chanson éponyme de Camelia Jordana. 

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Cédric Klapisch ne prend donc aucun risque et propose un film sympathique aux rouages bien huilés, composé selon une méthode qu'il sait sûre et efficace. Rien de très novateur ou de bouleversant, en somme. Une petite crise de flemme peut-être ? La chaleur, sans doute...


Ce qui nous lie
, de Cédric Klapisch

Avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil
En ce moment en salles