Rencontre : Thérapie Taxi, des hits sales et sensibles qu\'on ne peut qu\'adopter

undefined 4 février 2018 undefined 14h40

Camille Deutschmann

Le premier album du groupe, paru le 2 février, a filé tout droit dans nos meilleures playlists.

Ça bouge, ça interpelle, ça reste coincé dans nos têtes et on en redemande. Vous avez forcément entendu l'obsédant "Hit Sale", le titre éponyme du premier album de Thérapie Taxi, en collab avec Roméo Elvis. Le son du trio est tantôt caressant tantôt plus mordant, mais toujours rafraîchissant, et on devient vite accro.

Adé, Raph et Renaud mettent un point d'honneur à réveiller la chanson française avec des influences électro et des lyrics acérés, qui ne s'encombrent pas toujours de délicatesse – et c'est très bien comme ça. On pense à "Salope" ou encore à "Cri des loups", par exemple, où insultes et menaces violentes fusent.

Forcément, à 25 ans et au sortir de l'adolescence (ou presque), il y a des sujets de prédilection : le sexe, les romances pas toujours roses, les questions pas très nettes qu'on se pose, la mélancolie amère de cette période de la vie, les rêves un peu fous. C'est touchant de justesse et on les rejoint sans hésiter dans la danse.

D'ailleurs, Thérapie Taxi viendra se produire sur la scène de la Laiterie à Strasbourg le 22 mars prochain, à l'occasion d'une tournée qui suit la sortie, le 2 février, d'Hit Sale, le premier album du trio – qui avait déjà sorti un EP en 2016. Du coup, on avait plein de questions à leur poser et Raph, chanteur et auteur-compositeur, nous a répondu.

Le Bonbon Strasbourg – En quelques mots, comment est né Thérapie Taxi ?

Thérapie Taxi – Thérapie Taxi est né de la rencontre entre Adé et moi, il y longtemps déjà, en janvier 2013. J'ai répondu à une de ses anciennes annonces en lui disant de venir faire de la musique chez moi, à Pigalle, pour voir si on pouvait matcher ensemble musicalement. À ce moment-là, on voulait faire de la folk, avec du violoncelle et tout ça, et très vite, c'est parti dans de la pop et on a laissé tombé l'anglais pour chanter en français.

LBS – C'était important pour vous de chanter en français ?

TT – Ça l'est devenu. Depuis qu'on s'est rencontrés avec Adé – elle avait 17 ans et moi 19 –, on a grandi, et plus tu grandis, plus tu apprends à te connaître et tu réussis à te livrer un peu plus et à chanter en français. Déjà, on était pas très bons en anglais [rires], surtout moi, et le français permet de se différencier davantage par la plume et permet d'exprimer plus de choses et de le faire plus facilement.

LBS – Si le français est plus direct, certains morceaux de l'album sont justement plus "vulgaires" et plus agressifs. Comment vous justifiez ça ?

TT – Est-ce qu'il y a besoin de le justifier ? Le mot "justifier" me pose problème. On fait de l'art, on fait de la musique. Le morceau "Salope", puisque c'est surtout celui-là dont il s'agit, soit tu le comprends, soit tu le comprends pas et si tu le comprends pas, c'est pas grave. Les gens ont le droit de ne pas le comprendre. On sait très bien que le morceau est choquant, et qu'il est fait en partie pour ça.

C'est le premier morceau qu'on a sorti et on voulait qu'il attire l'attention. La provocation est une manière de mettre des loupes sur certaines choses, de les regarder autrement. Personnellement, c'est un morceau que j'aime beaucoup et qui nous a portés. Globalement, je crois que les gens l'ont compris.

LBS – Vous pouvez m'en dire plus sur votre collab avec Roméo Elvis ? Comment ça s'est fait ?

TT – J'avais cette idée d'écrire le morceau "Hit Sale", et au même moment, j'ai découvert Roméo Elvis avec sa chanson "Drôle de question". Quand je composais ma chanson, je me prenais des breaks, et j'écoutais "Drôle de question". À un moment donné, en écrivant "Hit Sale", j'avais envie qu'il soit là. Je me suis rendu compte que sa chanson avait influencé ma manière d'écrire.

On a la chance d'avoir un directeur artistique qui connaît du monde dans le rap game. Je lui ai envoyé une maquette avec le refrain et je lui ai demandé s'il était possible d'attraper Roméo Elvis pour faire un featuring sur ce titre. Il se trouve que le lendemain, on l'a croisé, alors que notre DA avait réussi à lui envoyer notre maquette par mail. Il nous a dit que ça lui plaisait, qu'il nous avait vus passer à la télé et qu'il aimait bien le nom du groupe. Il était chaud et le truc s'est fait.

LBS – C'était important pour vous que ce soit un rappeur ? 

TT – C'était une chance déjà, car c'est un artiste que j'aime beaucoup et quand j'ai posé la question pour la collab, j'y croyais pas vraiment. Maintenant, on voit les choses différemment parce qu'on aimerait bien refaire des feat à l'avenir, à tel point qu'on est un peu déçus qu'il n'y en ait qu'une sur l'album. Quand tu fais de la pop, c'est plus rare d'avoir des featuring, c'est un truc qui est propre au rap.

J'ai toujours aimé le rap, ça se sent d'ailleurs dans "Salope" ou dans "PVP". On écrit dans ce sens-là, on a parfois un flow un peu rapide. C'était logique pour moi que le premier feat qu'on fasse soit avec un rappeur. Ça permet de laisser beaucoup de place aux mots. C'était donc important pour nous que ce soit du rap.

LBS – Du coup, c'est quoi votre collab de rêve ? 

TT – On en a plusieurs ! Pour l'instant, on a quelques trucs en tête, après il faut écrire de belles chansons aux gens pour qu'ils veulent bien faire le morceau avec nous. Même si la chanson n'est pas écrite et que c'est juste un rêve pour le moment, on aimerait beaucoup faire un feat avec Juliette Armanet. Donc rien à voir avec Roméo Elvis, mais on n'a pas envie de reproduire les mêmes choses. 

En tout cas, on aime beaucoup ce qu'elle fait et ça nous sortirait de nos sentiers battus. Ce serait une manière, comme avec Roméo Elvis, de nous forcer à écrire de manière différente. Ce qui est intéressant, c'est qu'on a des envies très différentes. Parfois, j'ai envie de faire des gros morceaux de techno très énervés, et parfois, de très jolies ballades avec Juliette Armanet.

LBS – C'est quoi la suite après la sortie de votre album ?

TT – La suite, c'est la tournée. On a pas mal de dates, de mars jusqu'à juin. On va notamment venir à Strasbourg, et on m'a dit qu'à la Laiterie les gens étaient assez chauds. Tout le monde nous a dit que ça allait être bien. On va donc essayer d'aller défendre notre album sur scène et convaincre de la puissance de notre projet. 

Aussi, on a déjà la tête à l'écriture du prochain album, on va essayer de s'y remettre assez vite pour garder un certain rythme. Les gens ont besoin de consommer en permanence, il faut leur donner de la matière assez vite, sinon on va vite finir dans une armoire [rires]. Il faut suivre la cadence, qui oblige les artistes à être créatifs. 

LBS – À quoi on peut s'attendre si on vient vous voir en concert à la Laiterie le 22 mars ?

TT – Il faut être chaud ! Plus on nous donne, plus on donne. Si on ne finit pas en sueur, nous et le public, c'est qu'il y a eu un problème [rires]. Il faut se préparer physiquement, et se préparer à boire aussi.

LBS – Au fait, d'où vient le nom de Thérapie Taxi ? 

TT – On cherchait un nom qui sonnait français. Avant, on s'appelait Milky Way et dans tous les noms qu'on avait en tête, c'est Thérapie Taxi qu'on a retenu. On avait une grande feuille avec plein de noms, et on s'est dit qu'il était un peu bizarre mais on aimait bien le sens qu'il avait, cette idée de thérapie un peu légère. On s'est dit aussi qu'au moins, dans les moteurs de recherche, on sortirait tout de suite si on nous cherche !

LBS – La dernière chanson de l'album, "Anti Hit Sale", il faut la comprendre comme une antithèse de votre tube "Hit Sale" ?

TT – Elle a une histoire personnelle cette chanson. Elle est très liée avec "Hit Sale" effectivement. Chacun peut lui donner le sens qu'il veut lui donner, mais moi je l'ai écrite comme un vrai anti "Hit Sale". L'écriture de l'album était une période compliquée pour moi. Écrire "Hit Sale" a été l'exercice le plus compliqué, car il fallait en faire une chanson qui pourrait passer à la radio, qui soit un tube. Contrairement à ce que les gens croient, c'est très difficile de faire un tube.

J'ai beaucoup bossé dessus, et on m'a dit que c'était de la merde. Ça m'a fait un peu mal, j'en suis revenu avec plein de choses négatives que j'avais besoin d'expulser. Ce morceau "Hit Sale" ne me ressemblait pas, je pensais ne pas y arriver avec toute la pression qu'on m'avait mise. J'en avais marre de tout. C'est là que j'ai écrit "Anti Hit Sale", parce que j'en avais besoin.

Thérapie Taxi sera en concert à La Laiterie de Strasbourg le 22 mars 2018 (complet) et le 4 octobre 2018. Pour te faire patienter, on te fait gagner leur premier EP avec le tirage au sort ci-dessous !

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