Depuis 2011, la Journée du tourisme en Chine est célébrée le 19 mai. Cette date symbolique donne lieu, chaque année à Paris, à des événements organisés par le Centre culturel de Chine en hommage à l’amitié sino-française. En 2025, cette célébration coïncide avec l’approche de la fête traditionnelle du Duan’Wu Jie, connue en français sous le nom de fête des bateaux-dragons. Une fête populaire, qui remonte à plus de 2 500 ans et rend hommage au poète Qu Yuan, figure majeure de l’histoire chinoise, originaire de la province du Hubei. On y mange traditionnellement des Zong’Zi (boulettes de riz gluant enveloppées dans des feuilles de bambou) et on assiste à des courses de bateaux-dragons.
C’est donc tout naturellement que le Centre culturel de Chine a choisi de valoriser cette région, située au centre-est du pays. Le Hubei se distingue par ses paysages variés – montagnes, lacs, rivières – mais aussi par la richesse de ses traditions, où la musique occupe une place prépondérante. Ce lundi 19 mai 2025, une poignée d’officiels – membres de la diplomatie chinoise et française, de l’UNESCO ou encore issus de la médiation culturelle – étaient ainsi conviés à un événement inédit aux côtés du public pour plonger dans l’un des berceaux de la civilisation chinoise, et découvrir ce que le Hubei a de plus beau à offrir.
© Hugo Dominguez - Le Bonbon
« La culture est une force sûre pour bâtir la paix »
Tout au long de la rencontre, c’est en musique, au gré de sonorités à la fois poétiques et symboliques, qu’ont été accueillis, puis bercés, les invité·es. Ceux-ci ont pris leur marque au rythme du bianzhong, un ensemble de cloches en bronze vieux de 2 400 ans, avant d’admirer, à 15h30 pétantes, un spectacle d’ouverture en grande pompe, orchestré par six danseuses portées par la grâce. Enveloppées dans de belles robes en soie aux manches trainantes, celles-ci ont hypnotisé un public conquis, regroupé dans le jardin du centre culturel, sous les rayons d’un soleil particulièrement clément. Soleil à qui chacun a dû dire au revoir pour un temps, puisque la suite des festivités s’est poursuivie dans l’auditorium.
Rencontre officielle oblige, chaque invité d’honneur a pu y prononcer quelques mots pour souligner l’importance de la culture dans le renforcement des liens entre la Chine et la France, à l’heure où traditionalisme et romantisme ne demandent qu’à dialoguer. Didier Bernheim, correspondant de l’Académie des Beaux-Arts, a notamment évoqué la « maltraitance de la Chine », dénonçant « l’ignorance dont elle est victime chaque jour ». Il a souligné combien ce type d’événement est essentiel pour faire rayonner une culture trop souvent méconnue et prisonnière de stéréotypes. « La culture est une force sûre pour bâtir la paix », a de son côté rappelé l’ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO, Hedva Ser. Provoquant de vifs applaudissements.
© Hugo Dominguez - Le Bonbon
La musique et la gastronomie, ponts universels entre les civilisations
Puis, une fois n’est pas coutume, la musique a repris ses droits. Durant près d’une heure, un véritable défilé d’instruments et de musicien·nes a animé l’auditorium, au son de la flûte de pan, du guzheng (instrument à cordes pincées), du dizi (flûte traversière traditionnelle) ou encore du pipa (luth chinois à manche vertical), parfois sous la forme d’orchestre, d’autres de solos. Le public s’est ému à l’écoute de chants folkloriques, mais aussi d’une reprise sensible de La vie en rose, signe d’un « Hubei amical » et réciproque. Une énième salve d’applaudissement plus tard, tout ce petit monde est retourné dans le jardin pour un second spectacle de danse tout aussi envoûtant.
© Hugo Dominguez - Le Bonbon
Et parce que « bien manger, c’est ce qui rapproche le plus le peuple français du peuple chinois », comme affirmait très justement Didier Bernheim lors de son discours, l’après-midi s’est clôturé par une grande dégustation dans la très solennelle salle de bal du Centre culturel de Chine. Une coupe de champagne à la main, les invité·es ont pu se délecter de spécialités chinoises spécialement préparés par des chefs venus du Hubei, entre champignon noir pimenté, porc au riz gluant, dim sum perlés, poisson braisé et zongzi (boulettes de riz jetées dans l'eau par les habitant·es pour éloigner les poissons du corps du défunt poète Zong’Zi, comme le dit la légende). L’occasion de trinquer toutes et tous ensemble, le ventre plein et l’esprit serein, autour d’un festin à la fois gastronomique, historique, régional et internationalisé.
© Centre Culturel de Chine