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Gypsy à la Philharmonie de Paris, la renaissance grandiose d’un classique de Broadway

undefined undefined 17 avril 2025 undefined 22h00

Lucie Guerra

Elle a envoûté les publics new-yorkais et londonien, mais n'avait encore jamais été présentée aux spectateurs français. Fort heureusement, c’est désormais chose faite et avec brio ! Pour quatre représentations exceptionnelles du 16 au 19 avril 2025, la comédie musicale Gypsy a posé ses valises à la Philharmonie de Paris. Un lieu d’exception pour un spectacle d’exception puisque ce grand classique de Broadway a vu le jour en 1959, avec un livret de Stephen Sondheim et des musiques de Jule Styne. 


©Jean-Louis Fernandez

Dans une mise en scène de Laurent Pelly, cette nouvelle version, mêlant chansons originales en anglais et dialogues traduits en français, nous fait voyager aux quatre coins des États-Unis, de Seattle à New York en passant par Los Angeles. Pour redonner vie à ce chef-d’œuvre, ce ne sont autres que des voix magistrales, parmi les plus reconnues de la scène française et internationale, qui ont été choisies : Natalie Dessay, Neïma Naouri, Medya Zana ou encore Daniel Njo Lobé. Il n'aura fallu que quelques premières notes jouées par l’orchestre de chambre de Paris pour nous transporter dans cette ambiance Broadway que l'on aime tant, et savoir que l’on sortirait de ce spectacle absolument conquis


Une performance sans fausse note

C’est un tonnerre d’applaudissements d’une salle comble qui résonne dans la Philharmonie de Paris, le soir de la première des quatre représentations de Gypsy. Pendant 2h30, les artistes nous font parcourir l’Amérique dans les années 1920. À travers cette adaptation scénique des mémoires de Gypsy Rose Lee, nous voilà plongés aux côtés de Rose, une femme à l’ambition débordante, éperdument amoureuse du monde de la scène, qui a consacré sa vie à vouloir mettre ses filles, June et Louise, sous les feux des projecteurs.

C’est avec une justesse presque déconcertante que Natalie Dessay se glisse dans la peau de Rose, après Audra McDonald et Imelda Staunton. Comme si elle avait incarné ce personnage depuis toujours, la cantatrice – qui s’est retirée de la scène lyrique en 2013 – rayonne dans son rôle de mère déterminée à faire de ses filles des vedettes. Avec sa tenue rouge et sa chevelure blonde tirée en chignon, elle inonde une scène bordée de lumières et n’ayant qu’une simple chaise noire comme décor par sa présence et son énergie. Une scénographie minimaliste au premier abord, finalement remplie par la pétillance des comédien·nes et l’éclat de leurs voix. 

D’un classique de Broadway, ce sont justement des voix à la projection forte que l’on attend. Loin du traditionnel belting et du timbre clair, brillant et ouvert auxquels les performances américaines nous ont habitués, ce sont des timbres moins puissants et plus texturés qui ont fait résonner les grands titres de Gypsy comme “Some People” et “Rose’s Turn”. Un aspect qui a pu nous laisser perplexe le temps des premières chansons, mais qui s’est rapidement illustré comme une façon singulière de s’emparer de cette comédie musicale.


Neïma Naouri, l'étoile de Gypsy

Lorsque la belle et talentueuse June, petite protégée de Rose, fuit les rêves de gloire de sa mère pour rejoindre l’homme qu’elle vient d'épouser, c’est sur Louise que Rose jette son dévolu. Déjà prodigieuse dans A Funny Thing Happened on the Way to the Forum au Lido l’année passée, Neïma Naouri nous a prouvé une fois de plus son excellence, tant par sa qualité de jeu que sa précision vocale


©Jean-Louis Fernandez

Discrète et reléguée au second plan — voire au rôle d’une simple et ridicule vache — au début, elle déploie sa personnalité dès le deuxième acte pour s’emparer du rôle principal qu’inconsciemment, sa mère occupait. De Louise, l’enfant moins jolie est maladroite, elle passe à Gypsy Rose Lee, femme affirmée, indépendante et star en vogue que toutes les cabarets américains convoitent. Si d'anciennes versions de Gypsy se clôturaient sur une Rose torturée, interprétant "Rose's Turn", réalisant que ses sacrifices n'étaient motivés que par sa soif de reconnaissance, celle-ci opte pour une conclusion en apothéose, optimiste et émouvante. Mais on vous en a certainement déjà trop dit. Rendez-vous à la Philharmonie jusqu'au 19 avril, pour avoir le fin mot de l'histoire ! 


Gypsy, une fable musicale
Philharmonie de Paris
221, avenue Jean-Jaurès – 19e
Jusqu’au 19 avril 2025
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