Le véganisme va-t-il trop loin ?

undefined 10 octobre 2017 undefined 14h44

Coline

Fromages véganes, festivals véganes, ateliers œnologiques véganes et même désormais youtubeurs véganes… C’est un fait, qu’on y adhère ou pas, le véganisme est de plus en plus présent dans notre société et infiltre peu à peu tous les domaines de la consommation, de la food à la cosmétique en passant par la culture et les loisirs. Mais le véganisme peut-il véritablement s’appliquer à tout ? A force d’être omniprésent dans la sphère publique, ne va-t-il pas trop loin ?


Un mouvement de plus en plus tendance

Depuis ces cinq dernières années, le véganisme n’a cessé de faire des émules. De 500 membres en 2008, l’AVF (l’Association Végétarienne de France) est passée à 5000 en 2017. Pour rappel, se définissent comme véganes les personnes qui refusent toute forme d'exploitation animale. Aussi appelés végétaliens, ils ne consomment donc aucun produit issu d’animaux, qu’il s’agisse de nourriture (œufs, lait, miel…), de cosmétiques ou de vêtements (cuir…). Si cette position radicale peut en énerver certains, il n’empêche que le véganisme séduit de plus en plus, au point que très régulièrement, de nouvelles adresses parisiennes ouvrent et de nouveaux médias lui consacrent des articles.

#smmmilefestival #smmmile @smmmileveganpop 🐣

Une publication partagée par Léa (@_leacruz) le

Parallèlement à cela, de plus en plus d’événements culturels véganes sont organisés à Paris, à l’instar de la Vegan Pride ou du Smmmile Vegan Pop Festival, un festival mêlant concerts, ateliers culinaires, projections et conférences sur le thème du véganisme. Même la sexualité est désormais concernée, avec des sex-shops proposant sex-toys et préservatifs n’utilisant aucune matière animale. Quant au dernier quartier en vogue à Paris, il regroupe toutes les adresses vegan friendly du 10e et est baptisé… Veggietown.

Rendez-vous à partir de 12h pour le Jour 2 du #smmmilefestival ! #Smmmile #Vegan #Pop #lavillette #govegan

Une publication partagée par Smmmile Festival (@smmmileveganpop) le

Alors certes, l’idée derrière le mouvement végane est noble : lutter contre l’exploitation animale. Mais au quotidien, la surmédiatisation de ce mouvement ne contribuerait-il pas à le déprécier ? Et qu’en est-il des marques qui surfent sur la tendance du végane pour mieux faire du chiffre ? Selon Elodie Vieille Blanchard, présidente de l’AVF, la médiatisation ne peut que jouer en faveur du mouvement végane : « plus les médias parleront du véganisme, plus le grand public sera informé de ce dont il s’agit, plus cela contribuera à rendre l’idéal végane accessible. »

Le mouvement végé prend de l'ampleur ! ðŸÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂŒ± Après Libération c'est @lesinrocks qui consacrait cette semaine sa Une au végétarisme ! ðŸÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂ’› On y parle de "Comment devenir végétarien ?" et des enquêtes de l'@association_l214 👍 Si vous vous réjouissez autant que nous à chaque fois que le mouvement pour la défense des animaux prend de la place dans les médias, allez faire un tour sur notre blog ! On vient d'y publier une REVUE DE PRESSE VÉGANE du mois de septembre 2016 qui montre bien à quel point notre cause est devenue un véritable sujet de société. 😄 On vient également de lancer un groupe Facebook dédié au partage de news relatives à l'évolution du mouvement : "Revue de presse végane & évolution du véganisme" ! 👉 www.aujourdhui-demain.com 👈 #AujourdhuiDemain #LesInrocks #veganisme #vegetarisme #végane #vegetarien #presse #medias #veggie #vegan #crueltyfree #animallover #instavegan #veganshare #vegansofig #veganlifestyle #veganpapers #govegan

Une publication partagée par Aujourd'hui Demain (@ajddemain) le


Une médiatisation qui sert la cause...

Si en pratique il est encore difficile aujourd’hui d’être 100% végane, il est néanmoins indéniable que plus il y aura de gens qui s’intéressent à ce mode de vie, plus les industries se verront obligées de faire évoluer leurs modes de production, rendant le véganisme de plus en plus concret. Du point de vue de l’AVF, l’obsession actuelle pour le véganisme crée donc un cercle plutôt vertueux pour les végétaliens : plus on en parle, plus le mouvement fait de nouveaux adeptes, plus les marques se voient obligées de proposer de nouvelles offres qui collent à la tendance, et plus le nombre de personnes à même d’être intéressées par le véganisme augmente. Et si cette omniprésence peut en énerver quelques-uns, qui y voit avant tout une simple mode, tant pis.

Car si les végétaliens étaient encore complètement marginalisés il y a quinze ans, aujourd’hui le véganisme est bel et bien devenu tendance. « Que le véganisme soit considéré comme un mouvement tendance ne fait au contraire que le rendre plus attractif », affirme Elodie Vieille Blanchard, qui voit avant tout le côté positif de cette médiatisation. « Après tout, c’est comme en période électorale, ajoute-elle en souriant, souvent les gens votent inconsciemment pour les candidats qu’ils ont le plus vus. »

Look what just arrived ðŸ™ÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂŒ🏻 It's the US and Canadian edition of my latest book (called With Friends in the UK) and I'm SO excited to say it will be out on October 17th and that I'll be coming to New York, Toronto, LA and San Francisco to meet you guys ❤ï¸Â The edition looks so beautiful and I just want wait for you guys to get it! To order it click the link in my bio and head over to the blog section of deliciouslyella.com to get all the details of the tour! Can't wait to see you guys soon ðŸ¤Â—ðŸ¤Â—ðŸ¤Â—

Une publication partagée par Deliciously Ella (@deliciouslyella) le


... mais qui empêcherait de se poser les vraies questions

D’autres, à l’inverse, estiment que trop parler du véganisme empêcherait d’aborder le vrai sujet qui se cache derrière, à savoir l’anti-spécisme. Selon Cédric Stolz, porte-parole de l’association 269 Life France, qui lutte contre l’exploitation animale, le véganisme n’est que la conclusion d’une réflexion beaucoup plus profonde concernant la domination des êtres humains sur les autres animaux. « En récupérant le message végane, les industriels le réduisent à un simple mode de consommation tendance, ils n’engagent pas de réflexion sur la suprématie humaine, sur le fait que les autres espèces sont elles aussi des êtres sensibles. » 

Selon lui, les industriels tentent avant tout de se racheter une image auprès du grand public en misant sur le véganisme, mais ils n’incitent pas à remettre véritablement en question la place de l’être humain vis-à-vis des autres espèces. Un véganisme qui n’irait finalement presque pas assez loin selon Cédric, ou du moins pas assez pour engager une vraie réflexion autour des questions qui sous-tendent ce mouvement.

Proud Vegans âÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂœŠðŸ¼ðŸ¥Â•ðŸŸðŸ™ðŸ¼ðŸ”🍃 #veggiepride #paris 📸@fivenzo ðŸ™ÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂŒ🏼 #plant #green #govegan #animalrights #animalliberation #proud #vegan #compassion #respect #love

Une publication partagée par Iz • 🐟 • (@lilo_iz_good) le

Finalement, le véganisme trop poussif, ou pas encore assez ? Une seule chose est sûre, qu’on y voit une simple tendance ou l’illustration d’une vraie revendication, la présence du véganisme est de plus en plus prégnante dans notre société, de plus en plus préoccupée par l’environnement et le "mieux manger". Alors à tous ceux qui ne peuvent plus entendre parler de tofu soyeux sans avoir de pulsions meurtrières, préparez-vous à prendre votre mal en patience, car il semblerait que le véganisme n’ait pas fini de faire parler de lui.