@tasjoui, le compte instagram qui délie les langues sur le (non)orgasme féminin

undefined 20 août 2018 undefined 13h04

Manon Merrien-Joly

En 2014, une femme sur trois n'avait pas eu d'orgasme lors de son dernier rapport sexuel, révélait un sondage IFOP pour le site CAM4. Créé il y a à peine quelques jours, le compte instagram @tasjoui collecte des témoignages de femmes à propos de leur rapport à l'orgasme, qui se révèle pour beaucoup... inexistant. 


« Est-ce que quelqu'un peut dire à monsieur de se pencher sur la question des cuni avant de vouloir jouir dans ma bouche ? », « j'attend toujours celui qui me fera jouir à en oublier mon prénom », « j'ai toujours cru qu'il était normal pour une femme d'avoir moins d'orgasmes que les hommes », autant de paroles qui sont le signe d'une profonde différence de jouissance entre les femmes et les hommes lors de leurs parties de jambes en l'air. 

Derrière ce compte instagram, Dora Moutot, journaliste sans filtre et déjà à l'origine de plusieurs projets observant le "dialogue intérieur" des gens, à l'image de @webcamtears recensant des vidéos de personnes en train de pleurer devant leur ordinateur.

Centré sur la jouissance féminine, @tasjoui fait des émules, recensant plus de 9000 abonnés en quatre jours suspendus aux messages de témoignages, aux dialogues entre couples, tweets, illustrations et autres supports questionnant le rapport de chacun à l'orgasme féminin.

Les divers témoignages révèlent notamment une conscience commune focalisée sur l'éjaculation masculine en tant que point final du rapport mais également l'éludation quasi-totale de la question des préliminaires. Préliminaires qui, par définition, désignent un acte « qui précède, prépare (une autre chose considérée comme essentielle, plus importante) », comme le précise Dora Moutot dans la légende du post, et sont ainsi perçus comme une externalité du rapport, introduisant seulement la pénétration masculine en tant qu'unique voie vers l'orgasme.


Alors que le sondage IFOP cité plus haut dénonçait déjà il y a quatre ans une sexualité encore trop "phallocentrée", @tasjoui vise à « en finir avec les monologues du clito » et à inclure les hommes dans la discussion encore trop discrète à propos de l'orgasme féminin, du clitoris et autres joyeusetés anatomiques.