À quel âge faut-il quitter Paris ?

undefined 19 janvier 2018 undefined 11h47

Manon Merrien-Joly

Si vous avez déjà eu envie de prendre vos cliques et vos claques et de dire bye-bye au tumulte parisien, sachez que vous n'êtes pas les seuls : 54% des habitants d'Île-de-France y penseraient, selon un sondage du CSA. Mais entre la discussion de comptoir le samedi soir et le moment où vous bouclez vos valises, il y a une multitude de questions qui se posent : faut-il vraiment partir ? Y a-t-il un "âge de raison" ?

Car Paris est belle, riche en expériences, en émotions, en souvenirs, en culture, en Histoire, ok. Mais ce qu'on dit un peu moins, c'est que Paris pue, coûte cher et que la densité d'habitants au mètre carré fait qu'on devient de plus en plus misanthropes à mesure que le temps passe.


A 20 ans

Tu veux partir parce que… Tu viens de province et que tu t’entends dire que « pour un provincial, t’écoutes du bon son », que tu « as de la chance d’habiter à la campagne » alors que tu es lyonnais. Parce que tu continues à dire bonjour aux gens en entrant dans le métro alors que ça fait un an que tu es installé. Et que tu ne comprends pas pourquoi personne ne répond.

Tu ne partirais pour rien au monde parce que tu as un job très cool qui t’a permis de sortir du placard et d’enfin assumer ton côté pur produit de la génération slasheur, à savoir graphiste/DJ/influenceur/collectionneur de coquillages sérigraphiés. Parce qu’en un an tu as vu les concerts de tous les artistes que tu aimes, et que tu les as même vus en vrai. Etrangement, quand tu le racontes, tout le monde s’en fout. Mais tu es content quand même. Intérieurement. En adoptant une moue boudeuse et exaspérée.


A 30 ans

Tu veux partir parce que… A part les rats, les chats et les teckels, tu n’as pas vu un animal à Paris depuis belle lurette. On te conseille de faire comme Ludovic, qui s'est excentré dans l'Essonne « avec quelques biches et deux ou trois sangliers ». Les raisons de son départ ? Trop de monde, de pollution et de bruit, il ne met les pieds à Paris que pour aller travailler. Un bon compromis. 

Tu ne partirais pour rien au monde parce que… Ça y est, tu t’aperçois que merde, tu es devenu adulte, que tu ne vois plus tes potes parce qu’ils ont remplacé les afters par un jogging matinal avant le réveil de leur progéniture. Du coup, tu te jettes corps et âme dans le taf et tu donnes tout sur Tinder, allant même jusqu’à photoshopper ton début de calvitie. En plus de ça, tu penses à tes quartiers de prédilection et tu te dis que « la Seine coule dans tes veines »*.


A 40 ans

Tu veux partir parce que… Si tu ne pars pas maintenant, tu sais que tu ne partiras jamais. Tu as aussi besoin de "faire le point" et de "te mettre au vert". L'utilisation de ces expressions annonce généralement un départ imminent ou une série de plaintes à un interlocuteur semi-intéressé. Bon chance.

Tu ne partirais pour rien au monde parce que comme Isabelle, tu as dû t’éloigner de la capitale pour ton boulot et que tout t’a manqué, tout. D’ailleurs non, tu ne partiras vraiment pas, à part pour les vacances pour « changer d’air afin de mieux retrouver Paris ». Alors là, on ne peut plus rien pour toi.


A 50 ans

Tu veux partir parce que… Tu commences à penser à la retraite (non, on déconne. La retraite ? C’est pas le truc qui existait à l’époque de nos grands-parents et où on partait s’exiler dans un vieil hosto ?), ou plutôt à changer de boulot et te faire embaucher dans une nouvelle start-up pour « donner un coup de fouet » à ta vie.

Tu ne partirais pour rien au monde parce que de toute façon, les enfants sont grands maintenant et que tu n’as pas envie de faire 100 km pour aller faire tes courses et t’apercevoir que non, dans le patelin où tu vis désormais, il n’y a pas d’épicerie vegan. 


*Citation tirée de l'ouvrage J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste écrit par Loïc Prigent