Le procès des attentats de janvier 2015 s'est ouvert aujourd'hui à Paris

undefined 2 septembre 2020 undefined 16h35

Manon Merrien-Joly


Le matin du 7 janvier 2015, les frères Saïd et Chérif Kouachi pénètrent dans la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dans le 11e arrondissement. Ils assassinent douze personnes et en blessent plusieurs autres avant de prendre la fuite. Le lendemain, Amedy Coulibaly, un jeune délinquant originaire de Grigny, tue une policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, à Montrouge dans les Hauts-de-Seine. Il est également l'auteur de l'attaque de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, survenue le lendemain, au cours de laquelle il tue quatre hommes juifs à la suite d'une prise d'otage retransmise en directe à la télévision par BFM TV. Les organisations terroristes État Islamique et Al-Qaïda ont revendiqué ces attentats.


49 jours d'audience, 14 accusés et près de 200 parties civiles dans un procès historique 

Sur les 14 accusés qui comparaissent devant la cour spéciale de Paris ne figurent ni Coulibaly, ni les frères Kouachi : Amedy Coulibaly a été abattu sur place dans l'assaut policier de l'Hyper Cacher et les frères Kouachi ont été tués dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) où ils s'étaient barricadés, après trois jours de cavale. Au total, les attentats de janvier 2015 auront fait vingt morts, dont les trois terroristes.

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Ce procès, qui s'achèvera le 10 novembre, s'annonce historique : tout d'abord parce qu'il se déroulera sans les auteurs des faits. À la cour d’assises spéciale revient « la lourde tâche de juger des faits pour lesquels les principaux responsables ne seront pas présents, et ne peuvent donc pas rendre compte », a déclaré Maître Safya Akorri, avocate de l'un des 14 accusés. « Il s’agit d’individus qui sont dans la logistique, dans la préparation des faits, qui ont fourni des moyens de financement, du matériel opérationnel, des armes, un domicile, a détaillé le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, lundi 31 août sur FranceinfoTout ça est indispensable à l’action terroriste. » 

Initialement prévu du 4 mai au 10 juillet derniers, le procès a été reporté à la rentrée en raison de la crise sanitaire. Par ailleurs, toutes les personnes présentes au procès devront porter un masque. Ce procès pour attentat djihadiste commis sur le sol français est le premier depuis le "procès Merah" de 2012, celui du "tueur au scooter" qui a assassiné sept personnes à Toulouse et Montauban en 2012. 

Et à procès historique, dispositif historique : il sera entièrement filmé (une première en France pour des faits similaires) en raison de son « intérêt pour la constitution des archives historiques de la justice ». Il ne sera cependant pas diffusé en direct sur Internet ou à la télévision, mais transmis à l'administration des archives.

Concernant le déroulement du procès, ces trois premiers jours sont consacrés au rapport du président et à l'examen de la personnalité des accusés. La cour d'assises entendra ensuite pendant trois semaines les victimes des attentats ainsi que les familles des 17 journalistes, dessinateurs, clients, policiers et employé de l'Hyper Cacher assassinés. Le déroulement de l'enquête sera abordé le 28 septembre par l'audition de plusieurs gendarmes et policiers. La cour d'assises examinera dès le 5 octobre la responsabilité de chacun des 14 accusés renvoyés pour leur complicité présumée dans la préparation des attentats. Ensuite, les plaidoiries des 65 avocats de la partie civile seront entendues à partir du 27 octobre et celles de la vingtaine d'avocats des accusés à partir du 3 novembre. Entre ces plaidoiries, les avocats Jean-Michel Bourlès et Julie Holveck porteront la voix de l'accusation en prononçant leur réquisitoire le 2 novembre. Les délibérations de la cour d'assises auront lieu le 9 novembre, avec un verdict prévu pour le lendemain. 


Si ce procès est très attendu dans l'Hexagone, beaucoup de questions resteront sans réponse : « Nous n'aurons pas la vérité sur beaucoup d'éléments. Il y a encore des éléments sur lesquels nous nous interrogeons », prévient Jean-François Ricard, le procureur de la République antiterroriste sur France Info.