Ces Parisiens qui s\'engagent pour la Journée des droits de l\'Homme

undefined 8 décembre 2017 undefined 17h02

La Rédac'

On l'oublie trop souvent, mais c'est à Paris qu'ont été adoptées la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Un illustre passé, qui procure à la Ville de Paris une responsabilité particulière. Paris, qui se rêve en ville refuge et solidaire, en soutient de celles et ceux qui défendent les libertés fondamentales et qui souhaite honorer son travail de mémoire. Si, sur le terrain, la réalité est plus contrastée, à l'occasion de la journée des droits de l'Homme et à la veille du 70e anniversaire de la Déclaration qui aura lieu en 2018, le Bonbon est allé à la rencontre des acteurs de la Ville et des jeunes qui se mobilisent pour défendre nos droits inaliénables. 


« Les droits humains, ça ne peut pas être de vieilles idées. »

Patrick Klugman, adjoint aux Relations internationales et francophonie à la Mairie de Paris


Comment la Ville de Paris œuvre-t-elle pour la défense des droits de l'Homme à l'international ?

Paris a une place naturelle et légitime. Quand il y a une atteinte aux droits de l'Homme n'importe où dans le monde, on se tourne vers notre ville. On s'est donc dotés d'outils pour continuer à défendre ce rôle. Il y a par exemple la Maison des journalistes, une institution unique au monde qui permet à des journalistes persécutés dans leur pays de continuer à exercer depuis Paris et de disposer d'un logement grâce à des accords noués avec des bailleurs sociaux. En 2011, Paris a aussi rejoint le réseau ICORN, pour devenir une ville refuge pour les écrivains et artistes persécutés, désormais accueillis à la Cité des arts. Enfin, la ville de Paris dispose d'un titre, "la citoyenneté d'honneur", qu'elle décerne à des personnes persécutées ou menacées à travers le monde. C'est une distinction honorifique, mais c'est aussi un titre de protection, qui permet de protéger ces personnes en les rendant visibles. 


70 ans après la proclamation de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, quelles seront les causes défendues par Paris en 2018 ?

Nous allons plus que jamais mettre en avant l'égalité hommes/femmes (contre les persécutions, l'esclavage...). Mais il y a une autre problématique moins connue sur laquelle nous voulons insister : les maires en danger. De plus en plus d'élus à travers le monde se retrouvent persécutés dans l'exercice de leur fonction, que ce soit en Afrique, en Turquie, en Amérique du Sud...


Quel message voulez-vous adresser aux jeunes ?

Il y a une logique de transmission. Les jeunes Parisiens ne sont pas dans l'urgence. Ils n'ont, a priori et je l'espère, pas été privés de leurs droits fondamentaux. L'enjeu est donc de questionner avec eux l'utilité de nos actions pour qu'ils se sentent concernés. Mais il y a une logique de transmission. Les droits humains, ça ne peut pas être de vieilles idées. A l'occasion de la journée des droits de l'Homme, des jeunes seront avec nous sur scène pour questionner la pertinence des actions menées par les différents acteurs. 

« On a perdu notre capacité à s'approprier le monde. »

Erell, 20 ans, étudiante en deuxième année de sociologie à la Sorbonne et membre du Conseil Parisien des Jeunes (CPJ)


C'est quoi ta manière de t'engager pour les droits humains ? 

J'ai été élevée avec la notion de citoyenneté et cette idée qu'un seul individu peut participer à faire bouger les choses, même si ça ressemble à une utopie... Il y a deux ans, je suis tombée sur un lien sur Internet appelant les jeunes à faire partie du Conseil Parisien des Jeunes (CPJ). Ça fait deux ans que j'y suis. En parallèle, je me suis investie dans une association à la Sorbonne pour aider les migrants à Paris, Infléchir, créée il y a 3 ans. On accueille aujourd'hui plus de 150 migrants, pour la plupart entre 18 et 30 ans. Cette association a pour objet d'aider les migrants qui viennent d'arriver. Des profs leur donnent des cours de français et les étudiants organisent des sorties dans Paris. J'ai aussi proposé un cours sur le sexisme. 


Qu'est-ce que ça t'apporte ? 

Pas grand-chose. Enfin si, je prends plus d'initiatives et je gagne un peu en assurance, mais sinon pas grand-chose. Je fais plutôt ça pour aider les gens. Je trouve qu'on a perdu notre capacité à s'approprier le monde. On est moins ému de ce qui se passe autour de nous. Par exemple pour l'esclavage en Lybie, même si l'Observatoire International pour les Migrations (OIM) le dénonçait, il a fallu une vidéo virale de CNN pour faire bouger l'opinion publique, et encore...


Comment pousser les gens à se bouger ?

Au Conseil Parisien, on propose une exposition gratuite autour de la tour Saint-Jacques, avec des affiches. Mais c'est dur de faire bouger les mentalités.


Les droits de l'Homme, ça représente quoi pour toi ?

C'est l'humanité, le vivre ensemble. Un droit inaliénable. C'est super important. Les gens pensent que c'est acquis, mais il n'y a qu'à regarder ce qui se passe autour de nous : les gens à la rue, les femmes, les minorités, les migrants, le droit à l'IVG qui recule en Europe... c'est flippant. On ne peut pas dire qu'on est au chaud en tant que Français ou Européen, alors que des choses gravent nous entourent.  


« On veut alerter sur la nécessité de mettre à jour la Déclaration pour l'adapter aux nouveaux droits qui ont émergé avec les nouvelles technologies. »

Reynald, 29 ans, spécialiste dans les rémunérations et les avantages sociaux et membre du Conseil Parisien des Jeunes (CPJ)


Pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'est le CPJ ?

On est 100 jeunes tirés au sort, c'est paritaire, consultatif et apolitique. Le CPJ a d'abord un rôle consultatif. Le/la maire adresse une lettre de saisine avec 5 ou 10 points sur lesquels nous devons travailler : les JO, le logement, le climat, la Charte citoyenne pour les Parisiens... On peut aussi proposer un sujet libre et bosser dessus. Et on a un rôle représentatif : on intervient dans des commissions. 


Vous avez bossé sur les droits de l'Homme ces derniers temps ?

Le cabinet a saisi le CPJ il y a plus d'un mois sur la question. On est chargé de challenger les intervenants des ONG, les représentants du monde associatif et culturel lors des tables rondes sur "les droits humains aujourd'hui" au Palais de Chaillot pour la Journée des droits de l'Homme. 


C'est quoi ta perception des droits humains ?
 

C'est un acquis, voté par plusieurs pays après la Seconde Guerre mondiale et qui nous dit "plus jamais ça". Au CPJ, on veut alerter sur la nécessité de mettre à jour la Déclaration pour l'adapter aux nouveaux droits qui ont émergé avec les nouvelles technologies. Ces nouvelles formes d'engagement individuel qu'il faut protéger. Aussi, dans nos sociétés, nous parlons beaucoup de droits, mais pas assez de devoirs. Or la notion de devoir individuel me semble aujourd'hui indispensable. Cela devrait être un devoir pour nous, en tant que citoyen, de protéger quelqu'un dans la rue en période hivernale. Il faut responsabiliser les gens à titre individuel, de citoyen.


Quel bilan avez-vous tiré pour les 70 ans de la Déclaration des droits de l'Homme ?

Un bilan contrasté. Des pays auraient-ils dû être exclus de cette déclaration ? Cette déclaration est-elle une déclaration morale ? Que faire quand elle n'est pas respectée ? Autant de questions qui se posent encore...


Quel rôle doivent tenir les jeunes dans la défense des droits humains ?

Un rôle d'entraide. Il faut mobiliser d'autres jeunes et interpeller les pouvoirs publics. 


© Noma BAR - Affiche lauréate du concours international lancé auprès de 100 graphistes du monde entier, en partenariat avec l’association Poster for Tomorrow


Vous aussi vous voulez célébrer les droits humains ?

Rendez-vous au Palais de Chaillot
Le dimanche 10 décembre 2017 de 10h à 12h30
La Mairie de Paris, le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme des Nations Unies, Zeid Ra’ad Al Hussein, les ONG défendant les droits humains et autres représentants du monde associatif et culturel, invitent les Parisien(ne)s à un temps de rencontre et d'échange autour des "droits humains aujourd’hui".
Entrée libre
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Plus d'infos

Rendez-vous à l’exposition Un pour tous, tous pour un. Chacun peut défendre les droits de l’Homme dans sa vie sur les grilles de la tour Saint-Jacques
Du 5 décembre au 2 janvier
Les affiches lauréates du concours international lancé auprès de 100 graphistes du monde entier, en partenariat avec l’association Poster for Tomorrow y sont présentées. Et ça vaut le coup d'œil !
Entrée libre
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