Prenons un scénario imaginaire. Demain, des inondations massives (pas impossible, compte tenu des précipitations de ces dernières semaines) bloquent toutes les routes d’Île-de-France, empêchant le ravitaillement alimentaire de la capitale. Pendant combien de temps pourrions-nous nous nourrir avant de commencer à nous dévorer les uns les autres ou à nous battre pour le moindre brin d’herbe sur un bout de trottoir ? La réponse est simple : vraiment, mais alors vraiment pas longtemps. C’est en tout cas ce que révèle une nouvelle étude de l’Apur, publiée en début de semaine.
Scénario catastrophe
En 2022, alors que l’on estime, à vue de nez, que la capitale pourrait être totalement autosuffisante pendant 3 jours en cas de crise, la Ville de Paris décide de faire appel à l’Atelier d’urbanisme parisien (Apur) pour mener l’enquête, et ainsi mettre en évidence la capacité de résilience de la Ville Lumière. Deux ans plus tard, les chiffres sont là, et c’est assez inquiétant : à l’heure actuelle, Paname pourrait subsister pendant 5 jours, 7 dans le meilleur des cas.
🗞️[#Presse] Avec 1,45 kg de nourriture consommée en moyenne par pers. et par jour, ce sont 3090 tonnes de denrées qui sont nécessaires pour nourrir les Parisiens et 10 060 tonnes à l’échelle de la MGP.
— Apur - Atelier parisien d'urbanisme (@__Apur__) October 29, 2024
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Pour établir ce constat, l’Apur s’est intéressé à la quantité de nourriture nécessaire à la journée pour les Parisiens (soit 3090 tonnes de denrées pour les 2,1 millions d’habitants) ainsi qu’aux lieux de stockage dont nous disposons actuellement. Et qu’ils soient publics ou privés (aka vos placards), pour l’instant, nous ne disposons "que" de 12 650 m², dont aucun réfrigéré. Seulement voilà, c’est loin d’être suffisant. La Ville s’est donc fixé comme objectif de rectifier d’urgence la situation, en visant les 100 jours de stock.
Quelles solutions envisageables ?
Maintenant que la sonnette d’alarme est tirée, quelles sont les choses à mettre en place pour remédier au plus vite à cette situation ? Toujours selon l’Apur et la Ville, il en existe 3. Tout d’abord, identifier de nouveaux sites de stockage, comme des parkings ou des entrepôts, afin d’avoir des espaces possibles à investir en cas de crise. L’idée n’est pas de les remplir à mort toute l’année, mais de pouvoir les avoir à disposition si une catastrophe se profile à l’horizon.
Paris n'aurait que cinq à sept jours de stock pour nourrir ses habitants en cas de crise. Je ne sais pas pourquoi mais je ne suis pas surpris 🤔 pic.twitter.com/4LrgpWae9L
— Eric Klein (@EricKLein_) October 30, 2024
La seconde consiste à revoir les stratégies de transport. Ainsi, une fois les lieux de réserve identifiés, reste à savoir comment apporter l’approvisionnement. Pour cela, de nouvelles options de livraison, notamment sur les derniers kilomètres, doivent être envisagées. C’est en partie pour cela qu’un nouveau Rungis nommé Agroalim est en train de voir le jour dans le Val-d'Oise. Il permettra la desserte des produits par la Seine, moins handicapée en cas d’inondation, par exemple.
Enfin, la Ville entend mieux éduquer les populations, par exemple par rapport à l’acquisition de kits d’alimentation. Mais aussi sur les produits à privilégier en cas de besoins sur la durée (environ 3 mois donc ici) : conserves, nourriture lyophilisée, bouteilles d’eau… Une mesure mise en avant par Pénélope Komitès, adjointe à la Mairie de Paris. On attend donc nos petits fascicules, et puis on file au supermarché s’acheter 2 ou 3 boîtes de maïs (et surtout pas de thon hein !).