Amour, sexe et confinement : ça se passe comment ?

undefined 31 mars 2020 undefined 16h38

Carla Thorel

« Si ton couple n’est pas solide tu survis pas à ça. Que ça fasse 2 semaines ou 15 ans c’est LE test, meilleur qu’un conseillé conjugal ou qu’un quizz Facebook. », plaisante Marie-Lou, 23 ans, sur sa situation actuelle. Elle est en couple avec Thomas depuis 3 mois seulement, mais la question ne s’est pas posée lorsqu’il a fallu choisir leur lieu de confinement. « On s’est d’office confinés ensemble, et ça accélère tout entre nous, je ne m’en plains pas. On fait beaucoup, beaucoup l’amour, ça c’est sympa. Puis chacun a son intimité, lorsqu’il veut prendre l’air il va dans la chambre, ou moi dans le salon (rires), on se laisse avoir nos moments dans nos bulles. Ça nous aide à ne pas nous étouffer. »

Pour Éléonore, 25 ans, c’est un peu plus compliqué : « on est ensemble depuis 2 ans maintenant, mais nous n’avons jamais vécu ensemble. Le confinement est arrivé qui plus est à un moment où on était en froid Théo et moi... On a quand même fait le choix de mettre nos problèmes de côté. Ce qui est cool, c’est qu’on se trouve des activités à faire ensemble, comme la cuisine par exemple, mais on perd en discussion vu qu’on n’a pas la possibilité de se raconter nos journées respectives... On tombe vite dans un quotidien qu’on n'a jamais eu ». Cette période particulière, Éléonore ne sait pas trop encore « si ça nous rapproche ou si ça nous éloigne. On s’engueule beaucoup sur les tâches ménagères puis sur le corona. Il trouve que je ne fais pas assez attention. Moi je trouve qu’il en fait trop. Pour parler de libido ?... La sienne s'accroît, alors que la mienne baisse. Ça aussi c’est bien chiant. »


Une sexualité décuplée... ou délaissée

« Je crois que je n’ai jamais envoyé autant de nudes à des mecs Tinder. J'ai même vidéo sexté une "célébrité" », nous livre Marine, 29 ans. « Je suis célibataire, je vois un mec depuis 10 mois environ mais il n’y a rien de très sérieux. En 15 jours confinée seule chez moi, ça commence vachement à me trotter dans la tête, le sexe, mon plan cul, et puis les autres. » Dans son isolement amoureux forcé, Marine constate néanmoins quelque chose de bénéfique : « mes complexes sont moins gros à mes yeux. Toutes les personnes confinées seules commencent à avoir envie de rapports, on revient à la notion de besoin, on est du coup moins attentifs à ce qui peut nous déranger en temps normal. On est plus indulgents avec nous-mêmes, et finalement j'ai l'impression de m'aimer un peu plus, de démarrer une belle histoire d'amour avec moi... Et ça c'est déjà pas mal. »

Du côté de Pierre, 24 ans, qui a laissé sa relation naissante à Nantes en rejoignant ses parents dans le Sud, le constat est sensiblement le même. « Avec le Covid qui a débarqué, notre relation s’est un peu coupée là. Alors j’ai recontacté mon ancien plan cul, puis on joue à Fortnite ensemble, entre autres (rires). J’entretiens aussi pas mal mes discussions sur Tinder, avec des filles que j’avais déjà vues, ou d’autres que je viens de matcher. Même si les relations virtuelles ce n’est pas vraiment mon fort, il faut s’avoir s’adapter et je trouve que la période est plutôt libératrice. On veut tous garder un semblant de sexualité, alors tous les moyens sont bons pour y arriver ! Je me rends compte que j’envoie et reçois beaucoup plus de photos et sextos qu’en temps normal, c’est forcément lié ! »

S’épanouir à travers les écrans, découvrir une intimité jusqu’alors insoupçonnée, ou jamais vraiment explorée, ce n’est pas toujours de toute simplicité. Chloé a 22 ans et se retrouve éloignée de son petit copain « qui avant le confinement était déjà en stage de 6 mois à l’étranger… Ça commence à faire long, mais je ne suis pas à l’aise à l’idée d’avoir recours à une sexualité virtuelle. C’est avant tout se procurer du plaisir grâce à son propre corps ou montrer son corps de manière moins naturelle. Avoir une sexualité virtuelle ça peut faire peur, déjà j’ai peur d’être piratée ou je ne sais quoi, mais aussi parce que ça peut me faire penser à des choses qui ne me ressemblent pas, il n’est pas dans mon habitude de me montrer nue devant un téléphone... Je n’ai aucun problème avec mon corps au contraire, il me plait et je n’ai pas de gêne à le montrer à mon copain quand on est ensemble mais à travers un écran ça me gêne un peu plus. Voire beaucoup plus... Ça serait bien différent s’il était confiné avec moi. »


Amours confinés : actes manqués ou améliorés ?

« J’ai rencontré un mec 2 jours avant que soit annoncé le confinement total. Alors qu’on aurait peut-être aimé se revoir autour d’un verre quelques jours plus tard, ça nous est devenu impossible... » Iris a 23 ans, est célibataire, et parle quotidiennement avec Léo qu’elle a rencontré dans un bar. « Je me dis que sans le confinement on aurait peut-être coupé court au bout du 3-4e jour, mais là on parle et ça nous occupe tous les deux je pense. Puis il y a l’atout qu’aucun d’entre nous ne risque de rencontrer quelqu’un d’autre pendant cette période...(rires) En tout cas, ce qui est cool c’est que je ne me pose pas la question de "attends si je lui envoie un sms à 22h/23h il va se dire que je n’ai pas de vie donc je dois faire semblant de le contacter à des heures chill..." Non. Là on est tous confinés. », nous confie-t-elle, amusée.

Pour Alban et Louise, confinés à des kilomètres l’un de l’autre : « Quelque part, c’est aussi une chance pour notre couple. On trouve de nouvelles façons de continuer à se découvrir, on se concentre sur d’autres sens que le touché, on travaille notre créativité... On vit notre relation sous un angle inattendu. » Même constat pour Lola, 26 ans : « Malgré le manque, je redécouvre mon couple. On s’appelle trois fois par jour, je sais exactement ce qu’il a mangé tout au long de sa journée, l’heure à laquelle il s’endort, ses activités, enfin bon... Une vrai relation platonique quoi. Mais étonnamment, ça ne me dérange pas car le confinement le rend beaucoup plus romantique, il me déclare sa flamme tous les 4 matins. C’est plaisant finalement ce confinement. »

Un éloignement révélateur d’amour pour certains, amplificateur d’envies et stimulateur de désirs pour d’autres… Léa, 23 ans, n’est pas de cet avis : « Alors comment dire que le confinement m’a obligée à quitter l’Argentine, ma vie étudiante, et une folle idylle de jambes en l’air pour me retrouver chez moi en pyjama avec les cheveux gras ? » C’est vrai que vu comme ça...