Nous sommes le 21 octobre 2015, c’est la date où Doc et Marty arrivent dans le futur. Youhou, tout le monde s’extasie, Konbini va faire un dossier spécial, et Topito un top des trucs de "Retour vers le futur" qui ne sont pas sortis dans la vraie vie, la preuve que ce fléau horrible va tous nous prendre, c'est qu'on l'a fait aussi. Mais, grand fan devant l'éternel, j'ai depuis peu un autre son de cloche. Après avoir revu le film avec mes yeux d’adulte, je me suis rendu compte que la trilogie véhiculait des valeurs très éloignées des miennes, typiques d’une american hardcore way of life. Explications.
Marty est un personnage attachant dont le rêve est d’avoir un énorme 4X4 polluant et de s’acheter un pavillon dans une banlieue de merde avec sa nouvelle zouz. Et rien ne pourra l’en empêcher. Surtout pas ce beauf de Biff, méchant pendant 5 générations, que notre tout petit héros ne va cesser d’asservir au cours de ses multiples voyages dans l’espace-temps.
Notre protagoniste évolue dans une famille de ratés, mais sympa. Des gens simples avec une mère alcoolique, un père comptable et des frangins qui ont des boulots de merde. Pas de quoi en faire un fromage, nous ne vivons pas dans une société de fascistes, il en faut pour tous les goûts. Mais seulement un coup de poing va tout changer. La rebellion du père contre son futur tyran dans les années 50, le tout mis en scène par Marty pour ne pas empêcher sa création (si vous ne me suivez pas, regardez le film). Le père va réussir et devenir un écrivain. En réalité il ne fait que raconter une histoire qui lui est arrivée quand il avait 18 ans, donc c'est un imposteur. Et ainsi, à son retour dans le présent, toute la famille est devenue une bande de winners, le frère travaille dans l’immobilier et sa mère n’est plus grosse et alcoolique, mais belle et fan de cul au foyer. Le personnage de Biff passe du statut de patron tortionnaire et humiliant à celui de laveur de bagnoles. Et au lieu de tendre l’autre joue et de le laisser tranquille une fois que le vent a tourné, non, le père l’humilie autant que celui-ci le faisait dans la première version de 1985.
Et souvenez-vous la scène ou Marty joue une reprise punk rock à la fin metal de "Johnny B. Good" de Chuck Berry. Son cousin Marvin Berry, présent dans la salle, appelle la légende pour lui faire écouter sa propre chanson avant sa création. Ces ricains sont tellement fiers et WASP qu’ils utilisent le voyage dans le temps pour voler aux noirs l’invention du rock and roll.
Vous me direz, « Bah c’est bien Nils, si le mec a pu améliorer sa vie avec une machine à voyager dans le temps, tant mieux pour lui, super pour l’appareil photo ». Mais est-ce bien ce que vous voulez enseigner à vos enfants ? Nous avons tous grandi avec ces films devenus cultes. Certes ils possèdent tous plein de scènes et dialogues cultes, avec énormément de trouvailles de mise en scène, tout ça au rythme d’une musique géniale. Seulement pensons à ces enfants, fils d’alcooliques et de papas qui se font marcher sur les pieds au travail. Ces enfants vont fricoter avec des vieux savants qui ont 30 ans de plus qu’eux et nouer des liens limite limite, pour faire foncer des voitures de course à donf dans des parkings de super-marchés et se prendre des kiosks à journaux à fond la caisse dans le bas de caisse. Sauf qu’en vrai, ils ne finiront pas à faire des rodéos dans le western avec ZZ top qui joue de la barde, mais la gueule écrasée contre le pare-brise.
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