Mother, si la création m\'était contée...

undefined 19 septembre 2017 undefined 11h07

Louis Haeffner

On connaissait la tendance d'Aronofsky à vouloir, par ses films, expliquer la vie, la création, l'univers, l'humain, bref, des concepts existentialistes plutôt abstraits et somme toute comliqués à transposer au cinéma. En témoignent des films comme The Fountain ou Noé, dont la portée spirituelle ne fait évidemment aucun doute. Mother s'inscrit dans cette même veine mais constitue peut-être, aujourd'hui, son film le plus abouti.


Le sentiment de boucle bouclée est très puissant lorsque démarre le générique de fin, on a la sensation de toucher à la perfection, à l'infini, à l'universel, pour ne pas dire au divin. Tout se met admirablement en place, l'écho métaphorique de chacun des personnages nous saisit de son évidence, chaque phrase entendue prend un sens nouveau et implacable, les zones d'ombre s'éclairent soudain comme le jour nouveau se lève sur notre belle planète. Sublime, brillant, visionnaire, incroyable, magnifique... les termes défilent dans ma tête, je ne sais lequel choisir, tous correspondent. Bordel, quel film !  

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Avant cela, que s'est-il passé ? Eh bien j'étais tranquillement assis dans un fauteuil de velours rouge, à contempler les évolutions parfois surprenantes de personnages sympatiques pendant deux heures. En fait non, je n'étais pas tranquillement assis, j'étais en tension permanente, alternant entre le cachage de visage et le grattage de menton, tentant d'y comprendre quelque chose, et les personnages ne sont pas sympatiques mais étranges, quand ils ne sont pas complètement siphonnés. Bon pour être clair, si vous voulez passer un moment agréable et rentrer en gambadant chez vous pour dormir au calme, ce n'est clairement pas le film qu'il faut aller voir. Si vous souhaitez parler cinéma et métaphysique avec votre pote un peu barré toute la nuit par contre, y'a pas mieux. 

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J'ai cru voir que l'interprétation qu'on faisait du film portait à débat. Cela, à mon avis, n'a pas lieu d'être ; Aronofsky, en faisant du Aronofsky, est très clair. Je vous la fais très courte : Javier Bardem c'est Dieu, Jennifer Lawrence personnifie la vie sur Terre et la maison, c'est Mère Nature. Dès lors et si vous regardez ce film avec en tête les grandes lignes du livre de la Genèse, tout deviendra clair (comme disaient les Inconnus dans Vice et versa). Je n'en dirai pas plus histoire de ne pas tout gâcher, et vous invite simplement à aller voir ce chef-d'œuvre pour vous faire votre propre idée.

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Voici la mienne : Aronofsky a produit là une œuvre éternelle, un film métaphorique parfait et infini, dont la puissance du propos est superbement soutenue par une réalisation dont la maîtrise confine à l'œuvre d'art, un film qui fera date, à n'en pas douter, dans l'histoire du cinéma.  


Mother
, de Darren Aronofsky

Avec Javier Bardem, Jennifer Lawrence
Actuellement en salles