Franck Courtès, premier roman gagnant

  • La Rédac'
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  • Publié le 6 Octobre 2014 à 00h00

Photographe pendant plus de vingt ans, il s’est lancé dans la littérature avec une timidité certaine mais un talent évident. Après le recueil de nouvelles Autorisation de pratiquer la course à pied, paru en 2013, il nous revient déjà avec un premier roman inoubliable : Toute ressemblance avec le père. Interview obligatoire !

 

Tout d’abord, pourquoi avoir cessé ton activité de photographe ?

Suite à la crise économique, les magazines commandaient moins de photographies, la légèreté s’est enfuie. Puis il y a eu le numérique : cap que je n’ai pas franchi car je n’ai jamais pris goût à ce travail de post-production sur ordinateur. C’est comme si, après avoir chevauché ta Harley pendant des années, tu devais rouler en scooter ! J’ai une passion pour la photographie, mais elle commençait à me rendre mal à l’aise.

Comment passe-t-on de l’image à l’écriture ?

Pendant vingt ans, j’ai fait un travail personnel sur ce que c’est d’être père. Quand mes enfants sont partis au Canada, il y a quatre ans, je me suis essayé à l’écriture. J’avais accumulé beaucoup de frustrations dans la photo et écrire m’a libéré. J’ai commencé par une nouvelle, puis plusieurs... Mon travail est arrivé aux oreilles de Delphine de Vigan, qui a été très enthousiaste et qui m’a présenté à son éditrice.

Il y a donc eu un premier recueil de nouvelles, puis ce roman… Pourquoi aussi vite ?

C’était une suggestion de mon éditrice, qui, après lu une de mes très longues nouvelles, m’a encouragé à me lancer dans l’aventure. À l’origine, le héros était un faux homme à femmes : désinvolte alors qu’il est, au fond, romantique. Le souffle romanesque s’est invité dans le récit, et ma compagne m’a encouragé à créer de nouveaux personnages autour de lui.

  Courtès 1 (c) Jérôme Bonnet  

Le roman est dense, peuplé de ces personnages au fort tempérament… Dans ce cas là, on a besoin d’un isolement total ?

Oui, je me suis enfermé pendant des mois à la campagne. J’écrivais avec des bouchons d’oreille, j’étais comme hypnotisé durant certains passages, comme celui où le héros, Mathis, rencontre l’assassin de son père. C’était un fantasme : moi aussi mon père est mort dans un accident de voiture, moi aussi j’avais un revolver… Mais je n’ai jamais pu retrouver le coupable. Or, dans mon roman, il n’y a ni vengeance machiste ni pardon chrétien.

Ce roman aurait-il eu une vocation thérapeutique ?

Oui, car l’écriture est le moment où l’on peut être sincère. Ici, j’ai réglé les comptes et j’ai enfin accepté ce que j’étais au fond de moi.

Ces histoires de fantômes que l’on croise dans le roman sont-elles basées sur le réel ?

Je me suis forcé à ne pas inventer. J’ai vécu tout ce que j’ai écrit. Pendant des années, j’ai senti la présence de mon père, assez négative, à mes côtés… J’en suis désormais libéré. Toute mon envie artistique s’est déplacée vers la littérature.

Si tu devais décrire ton livre en quelques phrases ?

C’est un roman initiatique, basé sur la transmission, sur la paternité et le questionnement de l’influence du passé sur notre présent comme notre avenir. Et il parle d’amour, surtout – l’amour des animaux, des êtres humains.

  Franck Courtès, Toute ressemblance avec le père, éditions J.C. Lattès. Texte : Sophie Rosemont // Photos : Jérôme Bonnet

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