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Chaque jour on arpente Paris comme si de rien n’était, à mille lieux de deviner que sous nos pieds se dérobent des pépites cachées. Les Parisiens d’antan ont creusé sous terre pour construire des édifices, utiliser les pierres ou encore échafauder des tunnels pour échapper à l’ennemi. Alors préparez vous à connaitre la capitale en profondeur !
Un abri anti bombardement sous la gare de l’Est
Incroyable mais vrai. En juillet 1939, l’armée française décide de « construire un abri / bunker contre les bombardements permettant la continuité du service ferroviaire en cas d’attaque » explique Pierre-Henry Muller, photographe passionné d’urbex qui a eu la chance de visiter cet endroit insolite. Les agents SNCF (toujours propriétaire de l’endroit) pouvaient donc gérer la circulation des trains de ce bloc de béton armé de 120 m2, entièrement hermétique à l’extérieur grâce à trois portes blindées.
© Pierre-Henry Muller, Poste de régulation du bunker de la Gare de l’Est
Fait étonnant, la construction de cet abri se terminera alors même que la capitale est occupée, à l'abri du regard (c'est le cas de le dire) en mars 1941 !
Curieux ? Il n’est, hélas, pas possible de visiter ce bijou du passé… Du moins, pas pour l’instant !
Sous les pavés, l’eau
Enfin, sous les blocs de pierre plutôt puisque la flotte dont nous allons vous raconter les secrets se cache sous des monuments que nous voyons chaque jour. Il existe en tout 3 grands réservoirs souterrains à Paris intra-muros qui alimentent les Parisiens en eau potable chaque jour. Outre ceux de Ménilmontant et des Lilas, le plus grand et le plus spectaculaire se trouve au Sud de la capitale. Bienvenue dans les entrailles de Paris, direction le réservoir de Montsouris construit au 19e siècle par l’ingénieur Eugène Belgrand, encore en service aujourd’hui.
Avec ses 60 000 m2 répartis sur deux étages, offrant « une capacité maximale de stockage de plus de 200 000 m3 d’eau », ce réservoir « fut longtemps la plus grande réserve d’eau potable de la capitale » indique Eau de Paris. Exploit technique et bijou architectural, le réservoir est doté d’un plafond magnifique réalisé au début du XXe siècle par la manufacture de céramique Janin Frères et Guérineau à Paris.
Curieux ? Eau de Paris ouvre les portes de cet endroit insolite lors des Journées du Patrimoine à la rentrée ! Plouf.
Le mystère de l'Opéra
On file maintenant vers le Nord pour plonger dans le lac mystérieux coincé sous l’Opéra Garnier. Sujet de tous les fantasmes pendant longtemps, on sait maintenant que les souterrains jadis habités par le fantôme de l’Opéra abrite une étendue d’eau… Il s’agit enfaite d’un « simple » réservoir d’eau créé en même temps que la création de l’édifice par Charles Garnier en 1860.
« Il assure la lutte contre un éventuel incendie dans l’Opéra et surtout, à l’origine, pour maintenir les fondations du bâtiment contre la poussée des infiltrations d’eau, fréquentes dans le sol de la capitale » d’après les informations du Parisien. Voilà qui met un terme au mythe.
Curieux ? Rangez vos bottes de pêcheurs et maillots de bain, la visite de ce « lac » souterrain se fait à de rares occasions seulement.
Une ville sous la ville…
…et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit des égouts de Paris ! A priori un poil cra-cra, notre réseau d’égout est l’un des plus anciens et des meilleurs au monde. Véritable musée vivant, ces allées souterraines s’étendent sur 2 500 kilomètres. Pour se repérer, elles disposent d’un numéro et d’une plaque de rue qui correspondent à l’adresse Parisienne juste au dessus, comme un miroir. Une prouesse technique qui a démarré avec Philippe Auguste, s’est perfectionnée en 1850 grâce au Baron Haussmann et à l’ingénieur Eugène Belgrano et qui continue à être exploitée et modernisée par les égoutiers actuels. Voyez plutôt :
Visitez les égouts de Paris par mairiedeparis
Curieux ? Les égouts de Paris sont ouverts aux visites depuis le XIXe siècle ! Dans une sorte de « petit train » touristique, en barque et désormais à pieds, on peut s’aventurer dans les entrailles de Paris en se rendant au Pont de l’Alma.
Des ossements planqués sous terre
Outre les catacombes prises d’assaut par les touristes et petits curieux, il y a les "cata" de l’ombre. Celles non-officielles, juste en dessous de nos pieds, arpentées par un peuple de noctambules qui n’ont pas froid aux yeux (ni froid tout court d’ailleurs). Une fois coincés dans ces allées souterraines cachées, attention à ne pas vous perdre : salles, graffitis, tunnels très très étroits, rencontres un poil chelou… bref, plutôt à voir qu’à raconter.
Curieux ? Approchez vous de spécialistes de ces descentes souterraines au risque de vous perdre...pour toujours.
Une disparition à l'abri du regard
D'ailleurs en parlant des catacombes, laissez-moi vous raconter une histoire bien morbide. En 1793, le portier du Val-de-Grâce, Philibert Aspairt décide de visiter les mystérieuses carrières qui se dérobent juste sous ses pieds dont on lui parle sans cesse… On ne sait pas ce qui lui a pris de s’aventurer dans ce labyrinthe sous terre avec seulement une lampe à huile. Le malheureux n’a pas pris la peine de prévenir qui que ce soit de cette balade nocturne pourtant il aurait mieux fait.
© h2o
Et oui, car descendre sans trop peu ou pas du tout de provision ni d’eau ce n’est pas l’idée la plus maligne du siècle hein ? Sans lumière, à bout de force, perdu, le Philibert tomba épuisé de fatigue sans que personne ne cherche forcément à le retrouver… Ce n’est qu’onze ans plus tard, en 1804 que des ouvriers firent la macabre découverte, au niveau de la rue de l’Abbé-de-l’Epée. On fit inhumer ses restes à cet endroit même et on éleva même une tombe, encore visible aujourd’hui. Ce monsieur a donc eu plus de reconnaissance que de son vivant. Moralité ? Rien n’est jamais perdu.
Curieux ? allez voir une tombe sous terre, bof bof. Vous êtes un peu chelous…
Une station de métro peut en cacher une autre
Il y a 18 stations fantômes qui trainent sous le béton parisien. Tantôt déplacées, fusionnées, jamais terminées, envisagées ou recylées, elles attendent sagement qu’on reviennent, un jour peut-être, les arpenter… Certaines stations ont été contraintes de fermer pendant l’Occupation. Saint-Martin par exemple est la seule à rouvrir après la Libération mais pas pour très longtemps. Jugée trop proche de Strasbourg - Saint-Denis elle est laissée à son mystérieux sort de stations fantômes. D’autres comme Martin Nadaud et Gambetta ont été fusionnées, celle de Gare du Nord USFRT est devenue le centre de formation des conducteurs par exemple. Comme on dit « rien ne se crée, tout se transforme » n’est ce pas ?
La station Porte des Lilas par exemple est désormais utilisée pour les tournages de pub ou de cinéma. Un exemple au hasard ? La station Abbesses dans Amélie Poulain est enfaite celle-ci. Et oui, parfois le cinéma nous ment.
Curieux ? On peut en visiter certaines lors des Journées du Patrimoine.
Une carrière bien particulière
La fontaine
De Montmartre au sud, Paris est bâtie sur d’immenses carrières souterraines. Celle qui nous intéresse précisément maintenant est celle des Capucins, vaste réseau caché à 18 mètres sous terre sous l’hôpital Cochin, dans le 14e.
Exploitée entre le 12e et le 18e siècle pour ses blocs de calcaires, elle est aujourd’hui entretenue par l’association SEADACC. Après avoir descendu 119 marches, nous voilà en face d’une sorte de fontaine. Incroyable mais vraie. Classée monument historique, la fontaine des Capucins sert à contrôler la hauteur de la nappe phréatique grâce à l’échelle d’étiage qui mesure le niveau de l’eau. On raconte même qu’à une époque des baptêmes étaient célébrés dans cet endroit hors du commun.
Le puit
Ne partons pas si vite. La carrière des Capucins à plusieurs secrets à vous dire... Non loin de la fontaine se cache le puit d’extraction transformé après 1841 en puit d’inspection. Initialement de 15,21 m de profondeur, il fait aujourd’hui 14,26m suite à d’important travaux réalisés juste au-dessus, boulevard de Port-Royal. Une image vertigineuse.
Curieux ? Le site de la SEADACC est votre meilleur ami.
La rive cachée du Canal St Martin
On croit tout savoir de notre cher canal, il n’est en rien. Il existe une voûte souterraine, longue de 2 km qui se cache sous la Bastille… Sous la ville, l’eau est plongée dans l’obscurité, éclairée seulement de temps en temps par des occulis. Cette partie méconnue est mise à l’honneur par l’artiste japonais Keiichi Tahara qui l’illumine chaque année depuis 1995. Attention tout de même à ne pas être tenté de plonger dans l’eau (un peu froide).
Curieux ? Le canal peut être visiter grâce à des entreprises de tourisme à découvrir ici.
La mémoire de Paris
Savez-vous qu’il existe une crypte archéologique sous le parvis de Notre Dame, aménagée entre 1965 et 1972 ? Véritable musée à ciel ouvert sur « l’évolution urbaine et architecturale de l’Île de la Cité, coeur historique de Paris » comme l’explique son site officiel. On peut y admirer des vestiges datant de l’Antiquité au XIXe siècle. Un vivier de trésors incroyables qui n’auraient pas été possible sans les fouilles archéologiques pré construction d’un parking souterrain.
De nouvelles découvertes archéologiques au pied... par mairiedeparis
Curieux ? N’attendez pas une minute de plus pour visiter ce musée hors du commun. Informations réservations ici.