Pépite : la jolie Cantine des Photographes

undefined 7 février 2018 undefined 19h02

Camille H

Installée dans la très animée et atypique rue Keller dans le 11e, La Cantine des Photographes fait office d’ovni gastronomique et artistique. Le concept est aussi percutant qu’un portrait de Steve McCurry et excitant que Le Baiser de l'hôtel de ville de Robert Doisneau. Voici une pépite à savourer sans modération. Un, deux, trois : cheeeeeeeese.


C’est l’histoire de deux hommes passionnés de photographie qui se rencontrent à une expo photo, justement. Rattanak et Bruno deviennent potes et rêvent de créer un lieu qui mêle l’art de la table à celui de la pellicule. Le premier a bossé pendant 20 ans dans le milieu de la food. Le second est ingénieur globe-trotteur adepte des photos de trains et d’orages. Ils décident de monter ensemble La Cantine des Photographes, un lieu ouvert où tous les photographes, amateurs ou confirmés, peuvent exposer leur travail et casser la croûte. Une belle équipe se forme alors peu à peu. « La Cantine des Photographes, c’est un regard, un plaisir, une façon de voir les choses. On voulait donner une visibilité aux artistes, sans qu’ils aient besoin de payer 1000€ la semaine pour être exposés dans une galerie parisienne. »

Gare de Lyon © Bruno Meignien

Toutes les trois semaines, un nouveau photographe est à l’honneur sur les murs de la cantine aux allures de joli bordel organisé. Ce mois-ci, c’est l’artiste Gaëtan Viaris qui expose ses Figures de sable, série de photos de désert et de corps en mouvement ; des clichés emplis de matière, de force et d’émotion. A chaque expo, il y a un vernissage et un décrochage. « L’idée, c’est de lier les dîners aux photos ; par exemple pour cette expo, on a fait une soirée accompagnée de plats maliens, de poésies et de lectures. » Car bien manger à La Cantine des Photographes, c’est aussi important que de bien cadrer une photo.

 Figures de sable © Gaëtan Viaris

Tous les jours, le chef affiche ses envies sur l’ardoise, avec un menu entré-plat à 14€ et un menu entrée-plat-dessert à 17€. « On voulait que ce soit abordable. On pratique une cuisine raisonnée, sans gaspillage et avec des produits de saison. » Et l’idée très chouette de la team des photographes, c’est de faire tous les mois un dîner spécial accords mets et vins à 49€ tout compris. Autant vous dire qu’on a beaucoup aimé cette volonté de produire une cuisine de qualité tout en amenant les gens à se rencontrer à travers une ambiance ultra conviviale. Car La Cantine des Photographes, c’est vraiment la cantine. Ton voisin te parle, les patrons interrompent le sommelier pour faire des vannes et chacun y va de son petit commentaire en levant son verre. On a adoré, entre autres, le pigeonneau au poivre blanc et ses petites cerises griottes carrément sublimé par la rondeur d’un Pinot Noir La Pierre aux Fées 2015.

Et comme Rattanak et Bruno bouillonnent d’idées, ils organisent aussi des cours de photo avec des thèmes différents. Vous pouvez apprendre à faire des portraits, des photos au smartphone et bien d’autres techniques photographiques avec des pros en guise de guides. Il y en a pour les confirmés et pour les débutants et bien sûr, le repas du midi est compris dans le prix (90€). Au programme, 8 heures de cours : vous arrivez le matin, on vous donne des clés théoriques, et vous vous remplissez le ventre dans les règles de l'art. Après avoir bien sympathisé avec tout le monde, vous voilà fin prêt pour une balade photo dans Paris. Ensuite, retour à la cantine pour que chacun regarde le travail de chacun. De quoi mêler l’utile à l’agréable.

La Cantine des Photographes mêle le regard et la sensibilité artistique aux sens gustatifs. « C’est un pont entre la photo et la bouffe. Ça permet aux gens de découvrir dans de bonnes dispositions les expos, d’y être amenés, et de découvrir des artistes qu’ils n’auraient peut-être pas vus ailleurs », résume Rattanak. La joyeuse équipe prévoit même de construire un labo photo ; ils en ont encore sous l'objectif, donc...

On vous laisse avec cette citation d'Henri Cartier-Bresson : "Le temps court et s'écoule et notre mort seule arrive à le rattraper. La photographie est un couperet qui dans l'éternité saisit l'instant qui l'a éblouie." Rendez-vous à La Cantine des Photographes si vous voulez en débattre…


La Cantine des Photographes
36, rue Keller - 11e