Tout ce qu’il faut savoir sur l’expo Ben au Musée Maillol

undefined 15 septembre 2016 undefined 02h00

Olivia

On connaît tous Ben et ses œuvres écrites. Mais derrière ces phrases qui pourraient sembler anodines, se cachent de réelles interrogations sur l’art, l’Homme ou encore la religion. A l’occasion de sa réouverture, le Musée Maillol consacre une exposition à cette figure majeure de l’art contemporain français. Après une section historique, on découvre dans Tout est art ? la vision actuelle de l’artiste, qui a pris possession du lieu. Le Bonbon est allé y faire un tour en avant-première, en présence de Ben Vautier lui-même, et a découvert un artiste bien plus complexe qu’il n’y paraît.


Ben est un précurseur

Né en 1935, le Franco-Suisse réalise ses premières œuvres au milieu des années 1950. Son objectif est clair : créer quelque chose d’inédit. Il recherche alors diverses formes, et retient celle de la "banane", qu'il s'approprie et qui deviendra sa griffe. Au même moment naissent ses premières écritures, il soutient alors que « c’est le contenu, le mot, la phrase qui importe, ce n’est pas la forme », nous explique Andres Pardey, commissaire de la partie historique de l’exposition. Et pourtant, dans certaines œuvres, la forme se révèle très importante. On se tourne alors vers une œuvre avec l’inscription "Ben" ; on pourrait juste lire ce mot ou bien le voir comme une forme abstraite faite de blanc, de rouge et de noir. « Il a essayé de créer un tableau avec ces lettres, c’est important de ne pas seulement lire "Ben", mais de regarder ses tableaux », souligne Andres Pardey. De la même manière, on constate que la phrase « J’ai peur de m’être trompé sur le sens de la beauté vrai » sera écrite différemment que sur le tableau « c’est beau ».


Ben questionne l’art

L’œuvre de Ben tourne autour d’un questionnement récurrent sur l’art. On apprend qu’au début de sa carrière, Ben adopte cette démarche du "Tout est art". Il se base sur l’art de Marcel Duchamp, les "ready-made", des pièces déjà toutes faites et sélectionnées pour leur neutralité esthétique, comme exemples que tout peut être considéré comme de l'art. Au cours de l’expo, on découvre quatre toiles - deux toiles retournées, un buvard et un cadre retourné -, exemples que « l’œuvre de Ben, c’est plus que des peintures », comme le dit Andres Pardey. Car selon Ben, c’est l’artiste qui décide qu’une peinture est art ou n’est pas art.

Ben cherche aussi à choquer et à provoquer avec des écritures telles que « l’art est inutile rentrez chez vous », mais également à stimuler à nouveaux la pensée sur l’art et sur son fonctionnement. Aujourd'hui, Ben a une approche différente, nous dit-on, il se demande désormais si Tout est art - titre donné à l'expo. La contradiction est toujours présente. 


Ben est en doute permanent

L'artiste iconoclaste effectue aussi un réel travail d’introspection avec son art. Il réfléchit sur ses angoisses, ses problèmes, c'est presque comme une sorte de psychanalyse de lui-même, nous explique Andres Pardey. Il va pouvoir écrire « je suis le plus important » et quelques années plus tard il écrira « je suis un menteur ». Ces deux forces contradictoires gouvernent sans cesse son œuvre. 


Ben est un provocateur

Dans les années 60, il fait toute une série de gestes et actions, la plupart du temps dans la rue. Le but à l'époque : sortir des institutions, des galeries, faire voir les œuvres au grand public. Détruire mes œuvres d'art, Regarder le ciel, Couper la moitié de ma barbe, tous ces gestes sont effectués en public, puis représentés dans des peintures. Avec cette série, Ben a amené l'art dans la rue. Plus tard, il joue au jeu conceptuel des "appropriations" par lequel il s'approprie des notions et des objets. Il signe tout : il signe Dieu sur une balle de ping-pong, il a signé le Diable... En signant les choses, il devient partie de son œuvre, s’il signe un trou, le trou est une œuvre de Ben, nous raconte Andres Pardey. Lors de l'expo, tu pourras t'asseoir dans un fauteuil vide et devenir sculpture vivante, tu feras alors partie de l’art de Ben en te mettant sur le socle.


On découvre le Ben actuel

Pour la deuxième partie de l'expo, le musée a donné carte blanche à l’artiste, on entre alors dans une pièce qui devient Le centre mondial du questionnement. Des bruits d’oiseaux, une boule à facettes, des tableaux qui tournent dans tous les sens, une roue de la fortune... C'est tout l'univers de l'artiste que l'on retrouve. On plonge la tête la première dans la tête de Ben et on continue avec lui son travail d'introspection. Dans une chambre bercée par de la musique à la Gainsbourg, on découvre par exemple une série d'œuvres qu’il distille autour de la sexualité. Notre regard se porte sur des cartons de viagra, signe qu'il fait un point sur sa sexualité. Toujours avec cette pointe d'humour, caractéristique de l'artiste, on découvre aussi des photos de lui nu, perruque sur la tête, prenant la pose des Femmes Libres, les plâtres de Maillol. Il fait alors le point sur son existence comme être humain, vis-à-vis des humains ici présentés par Maillol, comme nous l'explique Andres Pardey. 

L'œuvre de Ben, c'est définitivement toute une histoire ! 


Jusqu'au 15 janvier 2017
Musée Maillol
61, rue de Grenelle - 7e
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