On a rencontré une chamane au Musée de l’Homme

undefined 2 février 2017 undefined 00h00

Olivia

Ce n’est pas une nouvelle, l’Homme entretient une relation compliquée, souvent destructrice avec la nature. Mais il existe encore aujourd’hui quelques peuples ayant un rapport particulier avec celle-ci, notamment les autochtones Mapuche du Chili dont le nom signifie « Peuple de la Terre ».  Expulsées de leurs terres ancestrales et en proie à des discriminations, ces communautés essayent tant bien que mal de perpétuer leurs traditions. Les artistes du collectif « Ritual Inhabitual » sont partis à leur rencontre et nous propose de découvrir, à travers cette exposition au Musée de l’Homme, un peuple unique.

 

Mettre la lumière sur une culture bien trop méconnue, c’est ce qu’ont voulu faire, Tito Gonzalez Garcia et Florencia Grisanti, membres du collectif « Ritual Inhabitual », avec cette exposition originale. A travers une série de photographies et de témoignages, ces deux artistes chiliens résidant en France, nous emmène à la découverte de ce peuple qui vit actuellement dans le sud du Chili, et dans l’environnement urbain de Santiago.

 

« L’idée n’était pas de faire une expo qui raconte l’histoire des Mapuche, ni de vouloir définir leur culture, mais plutôt de parler de cette possibilité de la rencontre de deux photographes chiliens avec cette culture Mapuche, qui est à la base de notre société mais que l’on connaît très peu », nous explique Florencia Grisanti.

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Qui sont les Mapuche ?

 

Près d’un million de personnes se revendiquent comme Mapuche, plus de 900 000 au Chili, les autres en Argentine, apprend-on au cours de l’exposition. Forcée à émigrer, la moitié vivrait actuellement dans des centres urbains, loin de leurs terres d’origines. Aujourd’hui, cette émigration urbaine se poursuit. Cependant, les communautées tentent de résister en faisant valoir leurs revendications autochtones identitaires et territoriales.

 

Lors du vernissage de l’exposition, nous avons rencontré Rosita, une chamane, venue à Paris pour représenter son peuple. A la question « Quelle est donc l’essence des Mapuche ? », elle répond simplement « La terre ». « Nous venons de la terre, de la montagne, de l’univers. C’est le rapport avec l’esprit des choses qui est important pour nous ».

 

Rosita travaille dans un hôpital. En analysant les urines des patients, elle peut ainsi voir leur corps en entier, et lire leurs symptômes. « On nait avec un don, ce n’est pas quelque chose que l’on choisit, on nait avec ce rôle », nous confie t-elle sur son rôle de chamane. Et pour soigner ses malades, Rosita travaille avec les plantes. Or, il est devenu aujourd’hui très compliqué pour les chamanes de trouver les plantes car en territoire Mapuche les plantations de sapins et d’eucalyptus ont remplacés la forêt native, nous raconte t-elle.

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Un « Peuple de la Terre », victime de la déforestation

 

« Il faut que l’on soit forts comme le vent, comme le soleil, comme la terre. Il faut être très forts aujourd’hui pour résister à ce qu’il se passe avec l’extermination de la terre », souffle Rosita.

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La déforestation affecte le travail des chamanes. « Les plantes qui ont un esprit et un pouvoir pour sauver les malades n’ont pas la même force quand elles sont plantées dans des potagers que quand elles viennent des collines et des montagnes », nous explique Rosita. « Mais quand on ose se rebeller contre cela, nous sommes traités de ‘terroristes’ », conclut-elle.

 

Rencontre avec la nouvelle génération de Mapuche

 

L’exposition est également l’occasion de découvrir des témoignages, ceux de jeunes rappeurs dans la banlieue de Santiago notamment, que les deux artistes ont rencontrés à la fin de leur voyage, et qui malgré leur déracinement, entretiennent un lien étroit avec la culture Mapuche.

 

« Ces jeunes sont la troisième génération de ces Mapuche qui ont émigrés à la ville à la fin des années 70, ils n’ont pas été élevés dans les traditions Mapuche, ils n’ont même pas appris la langue, mais malgré cela, ils ont cherché à travers la musique à se rapprocher de cette culture », nous explique Florencia.

 

En photographiant aussi bien les  communautés amérindiennes « traditionnelles » mais aussi catholiques, évangéliques et les jeunes rappeurs de la banlieue de Santiago,les artistes du collectif Ritual livrent une superbe galerie de portraits des acteurs des principaux rituels de ce peuple.

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Florencia, une des photographes du projet, et Rosita, une chamane Mapuche, nous en ont dit un peu plus !

Jusqu’au 23 avril
Exposition « Mapuche, voyage en terre Lafkenche »
Musée de l’Homme
17, place du Trocadéro et du 11 Novembre – 16e