“Magnum Analog Recovery”, 70 ans de photos d\'archives retrouvées

undefined 21 juin 2017 undefined 12h27

La Rédac'

C’est une rétrospective loin d’être ordinaire que le BAL présente à l’occasion des 70 ans de l’agence Magnum. Intitulée Magnum Analog Recovery, cette exposition présente une série de clichés, piochés dans un fonds de 50 000 tirages récemment retrouvés, retraçant ainsi les contours de notre monde de 1947 à 1979. Un témoignage historique fabuleux.


Les premières images que l’on découvre sont celles de Robert Capa, prises lors du débarquement. Ce choix est loin d’être anodin car Magnum est née sous l’impulsion principale de cet homme qui, peu d’entre nous le savent, s’appelait en réalité André Friedmann.

Cinq magnas de la photo – Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, George Rodger, William Vandivert et David Seymour – sont à l’origine de Magnum, qui fut créée en 1947 en réaction au "monstre tentaculaire" qu’est la presse à l’époque. En effet, les photographes ne peuvent choisir l’ordre des photos ou leur légende, et ne peuvent garder les négatifs. 70 ans plus tard, Diana Dufour, fondatrice du BAL et directrice de Magnum Paris pendant 18 ans, s’est plongée dans ce fond de tirages retrouvés pour en extraire des pépites et ainsi offrir un témoignage historique encore jamais vu auparavant.

robert-capa©Robert Capa-Magnum Photos

Loin d’être une simple présentation de clichés (aussi saisissants soient-ils), cette exposition s’attache à montrer les dilemmes auxquels ces photojournalistes étaient confrontés. A travers de nombreuses citations, le public découvre ainsi comment ces derniers se sentent démunis face à leur travail. « Est-ce que documenter une révolution a vraiment un intérêt ? Est-ce que la photographie a vraiment un but ? » se demandent-il. La citation d’Erich Lessing est assez parlante : « Avant, je pensais, comme Capa, qu’en prenant des photos nous pouvions montrer le vrai visage du monde, et avoir ne serait-ce qu’une infime influence sur les comportements et le cours de la politique. Or tout journaliste apprend (…) que cela est faux – les plus horribles photos de guerre n’arrêteront jamais les guerres. ».

Chris Steele-Perkins-Magnum Photos© Chris Steele-Perkins-Magnum Photos

Guerre froide, Bloody Sunday, guerre en Hongrie, guerre en Algérie, mais aussi des sujets sur le jazz, la prostitution, les prisons au Texas… C’est une grande traversée du monde des années 1947 à 1979 (date du premier tirage en cartoline) qui nous est montrée. On découvre la vie d’habitants de New York en marge de la société dans les publications de Bruce Davidson, qui arrivait à rentrer chez les gens en leur offrant des tirages.

Ou encore l’ouvrage de Leonard Freed, publié en 1963, le premier à utiliser le terme "black" et non "nigger", et enfin le reportage sur le Vietnam de Philip Jones Griffiths, interdit de séjour dans ce pays toute sa vie suite à ces photos.

Un témoignage historique poignant qui montre toute la complexité du métier de photojournaliste, à découvrir absolument !


Exposition Magnum

Analog Recovery
Le BAL
6, impasse de la Défense – 18e
Jusqu’au 27 août