Les vêtements du futur s’exposent

undefined 30 juin 2017 undefined 19h26

Rachel Thomas

La Gaîté lyrique accueille jusqu’au 2 juillet une exposition qui nous plonge dans la mode du futur, à la fois visionnaire, belle et parfois même freaky. Look Forward FashionTech présente les créations de demain, les innovations beauté, santé ou environnementales. Tour d’horizon des pièces les plus bluffantes de ce showroom spécial, guidé par la commissaire d’exposition Anne-Sophie Bérard.


Entre la robe en protéines de lait, la cape anti-pollution, ou encore la veste qui vibre au rythme de la musique pour les malentendants, notre cœur balance. Immergé au cœur de la fashion tech, un territoire bouillonnant, on y découvre des projets surprenants, des prototypes visionnaires et des propositions audacieuses. L’exposition rend hommage à l’imaginaire et à l’expérimentation, plus que de nous montrer les dernières créations technologiques appliquées à la mode. De quoi s’interroger sur notre relation, personnelle et/ou collective, à nous-mêmes, aux autres, à l’environnement et à l’immatériel.

A l’origine de cette expo fascinante, Look Forward, créé par Showroomprivé. Un observatoire de l’innovation dans les domaines de la mode et du retail. Sa mission : détecter et partager toutes les initiatives qui ont un impact positif sur la mode. Le festival est donc né de cette envie de partager le fruit de ces recherches et réflexions sur le retail du futur.

Une trentaine d’œuvres sont réparties en 4 thématiques pour montrer comment la fashion tech a sa place dans notre société actuelle : l’engagement environnemental, l’impact de l’immatériel, l’intimité et la société, et vers un corps augmenté.

Anne-Sophie Bérard, la commissaire d’expo, nous parle de ces œuvres étonnantes. On commence par le coin environnement avec une robe fabriquée à partir de protéines de lait.

« Anke Domaske est une ingénieur qui s’est rendu compte qu’en Allemagne, des millions de litres de lait était gaspillés chaque année car pas consommables. Elle s’est dit "qu’est-ce qu’on peut faire avec ça ?" et a donc travaillé le lait jusqu’à le transformer en fibres. Résultat, c’est comme du coton, sauf que c’est totalement responsable. »

Après une autre robe, cette fois imprimée en 3D, on découvre une impressionnante "cape" dotée d’un masque, qui s’allume de manière assez intriguante… Anne-Sophie nous éclaire sur ce human sensor.

« Kasa Molga est une artiste qui est asthmatique et qui souffre beaucoup des problèmes de l’air. Elle a donc décidé de créer un vêtement qui mesure la pollution de l’air. Quand on respire par le casque, l’air est intégré et analysé par des capteurs vont traduire la qualité de l’air. Quand on est dans une zone dangereuse, la cape devient rouge. Quand l’air est sain, c’est vert. Là c’est en mode automatique, sinon elle serait toute rouge ici. »

Le parcours continue dans le noir, avec une projection d’une vingtaine de minutes. L’occasion d’imaginer le maquillage de demain, grâce au mapping en temps réel de Nobumichi Asaï. Autre surprise plutôt sublime, une robe créée à partir de tissu luminescent.

« On voulait aussi des créateurs de mode, pas que des gens de la fashion tech. Le travail de Kunihiko Morinaga est assez spectaculaire, et pour le voir il faut flasher le vêtement. Le défilé était plongé dans le noir, et les gens devaient prendre des photos pour voir l’œuvre. »

Direction la troisième section, pour aborder le thème de l’intimité et de la surveillance. Un manteau un peu creepy habille un mannequin.

« Ce manteau nous coupe de toutes les ondes magnétiques. A partir du moment où on le met, on n’est traqué de rien. Carte bleue, GPS… on est protégés de tout. C’est quand même assez paranoïaque. Un détail qui me fait rire, il a quand même une petite poche pour mettre son téléphone si on en a besoin. »

Disparaître de la circulation, check. Un peu plus loin se trouve la star de la fashion tech : la Synapse Dress. Une robe qui pourrait faire des miracles. « Le casque chope l’activité cérébrale, et quand celle-ci s’intensifie, on a une émotion qui monte - de la joie ,de la peur -, la robe s’illumine, et la caméra qui va filmer tout ce qui l’entoure pour que le porteur puisse retrouver l’instant qui a provoqué cette émotion. »

Dernière partie : le corps augmenté. « L’idée était de voir si la mode et les vêtements étaient capables de donner à notre corps des capacités que nous n’avions pas à la base. »

Gros coup de cœur pour cette chemise conçue pour les malentendants. Entièrement reliée à la scène de concerts, spécifiquement de l’orchestre de Hambourg pour l’instant. Les capteurs pour les basses, contrebasses, violoncelles, sont situés au niveau du ventre. Les aigus quant à eux se situent au niveau des épaules et de la poitrine. « Chaque note, chaque intensité, chaque rythme, est traduit par un système de vibration spécifique. La vidéo est super émouvante parce qu’ils découvrent et parviennent à comprendre la musique », nous confie-t-elle.

Pour finir la visite, direction le fab lab, un laboratoire d’idées et de création à la portée de tous, histoire de « mettre la main à la pâte » de manière ludique. On approuve !


Jusqu'au 2 juillet 

La Gaîté lyrique
3 bis, rue Papin - 3e