Les œuvres les plus folles de la nouvelle saison du Palais de Tokyo

undefined 6 février 2017 undefined 00h00

Olivia

Il y a toujours une réflexion derrière les œuvres que nous présente le Palais de Tokyo. Pour sa nouvelle saison, le musée explore les relations que l’on entretient, ou même que l’on subit dans notre rapport au réel. A travers une série d’interventions, d’installations et de performances de plusieurs artistes, En toute chose s’interroge sur « le pouvoir parfois absurde que nous avons sur les objets qui nous entourent comme celui, magique, enchanté ou inquiétant, qu’ils exercent sur nous en retour », explique Jean de Loisy, le président du Palais. On est allés faire un tour au vernissage, en présence des artistes qui nous ont un peu éclairés sur ces œuvres pour le moins conceptuelles. Voici un aperçu de ce que tu pourras y trouver si tu y pointes le bout de ton nez ! 

 

Un rocher habité et la naissance de poussins au Palais

A la manière d’un chercheur et d’un explorateur, Abraham Poincheval a pour credo d’habiter dans les sculptures qu’il crée. A l’intérieur d’un ours au Musée de la chasse pendant 13 jours en 2014 dans un état de subconscience totale, sur un mât devant la gare de Lyon lors de sa performance Vigie / Stylite dans le cadre de la Nuit blanche 2016, ou encore dans une bouteille géante avec laquelle il effectue depuis quelques mois une remontée du Rhône à contre-courant.

Pour son expo au Palais de Tokyo, Abraham va faire l’expérience inédite d'habiter dans la pierre. A partir du 22 février, et pendant 7 jours, l'artiste va habiter dans un rocher, taillé dans sa silhouette et qui trône au centre du Palais de Tokyo. L’idée, nous a expliqué Abraham, est d’explorer cette idée de s’évader pour fuir le présent. « Est-ce que, à la manière de la cristallisation des pierres, est-ce qu'on peut s'imaginer une cristallisation de l'homme ? » s’interroge l’artiste.

abraham-palais-tokyoVue de l’exposition d’Abraham Poincheval, Palais de Tokyo (03.02 – 08.05.2017). Courtesy de l’artiste et Galerie Semiose (Paris) © Aurélien Mole

Abraham a également créé un vivarium où à partir du 29 mars, il va couver des œufs durant une vingtaine de jours pour tenter de les faire éclore, et ainsi donner naissance à des poussins au sein même du Palais !

 

La découverte d’un rituel périlleux : la cueillette de nids d’hirondelles

Pour son expo perso au Palais, l’artiste australienne Mel O’Callaghan a organisé un parcours en trois parties. On commence par une sculpture traditionnelle, utilisée dans une performance jouée par un homme et une femme. On assiste alors à une réelle procession, animée par le son d'un gong. A travers cette performance, l'idée est de comprendre comment on peut entrer dans un état de transe.

Mais surtout Mel O’Callaghan est allée filmer la tradition ancestrale de la cueillette des nids d’hirondelles à Bornéo, une île du Sud-Est asiatique. « Ce rituel particulièrement périlleux est réalisé deux fois par an par les populations Orang Sungai à plus de 120 mètres de haut – jusqu’au sommet de la grotte de Simud Putih, la "grotte blanche" de Gomantong », nous explique-t-on. Avec ce film, l’artiste avait pour velléité de montrer comment la répétition d'un geste mène le corps et l'esprit dans un état second, nous explique la commissaire de l'exposition. 

 

Une sculpture extraordinaire d’objets animés 

Au bas de quelques marches qui prennent alors la fonction de gradins, on se retrouve face à une œuvre à mi-chemin entre un film et une sculpture. Cette installation inédite a été réalisée spécialement par Dorian Gaudin, une jeune artiste française qui vit à New York, pour cette nouvelle saison du Palais de Tokyo. Un théâtre d’objets – des tables et des chaises principalement – s’anime selon une mécanique aléatoire et précise. « Ce qui m’intéresse ce sont les matériaux, on contraint ces matériaux à prendre la forme d’un objet, de trouver un endroit où se mettre », nous explique Dorian. L'artiste cherche ainsi à montrer la tension emmagasinée par ces objets en les faisant s’exprimer en s’animant.

dorian-gaudin-palais-tokyoVue de l’exposition de Dorian Gaudin Rites and Aftermath, Palais de Tokyo (03.02 – 08.05.2017). Courtesy de l’artiste, Dittrich & Schlechtriem Galerie (Berlin), Nathalie Karg Gallery (New York) etGalerie Pact (Paris). © Aurélien Mole

 

Un loup qui hurle, un mur fait d’une seule brique, des personnes implantées dans le sol…

Le clou du parcours réside dans la dernière expo présentée, celle de l’atypique et silencieux Taro Izumi. « Taro Izumi remet en question toutes les règles, autant dans sa façon de vivre que dans son travail », nous explique Jean de Loisy, commissaire de l’expo. « Les règles n’ont ainsi pas d’importance, le bas et le haut sont parfois inversés, parfois pareils ». Accueillis par le cri d’un loup, on se retrouve face à un mur composée d’une seule brique, brique qui se trouve sur un mur dans le 17e que l’artiste a filmé nuit et jour. Le Japonais pense que l'art n'est pas fait pour être verbalisé, c’est pourquoi il faut commencer l’exposition par un mur, nous explique Jean de Loisy.

taro-izumi-palais-tokyoVue de l’exposition de Taro Izumi, Pan,  Palais de Tokyo (03.02 – 08.05.2017). SAM Art Projects . Courtesy de l’artiste et Galerie GP & N Vallois, Paris. ©André Morin

Une autre pièce est dédiée à notre passion pour le ballon. L’artiste a recréé un socle où l’on peut revivre l'exploi du footballeur en s'installant dessus. « Ces sculptures sont devenues leur propre objet car elles sont devenues l'épouse de ces sportifs », poursuit Jean de Loisy.

Dernière œuvre, on entre dans une pièce où l’on retrouve une série de "petites personnes". Illusion d’optique, ces personnages sont implantés dans le sol, tournent sur eux-mêmes tandis que se fait à nouveau entendre le cri du loup, créant ainsi un univers où la tension règne. Les différentes œuvres de l’artiste – le mur, le socle, les acteurs – s’amoncellent dans le désordre mais cela se fait dans les règles, pour montrer justement la vanité des règles, conclut le commissaire.

Abraham Poincheval nous en a dit un peu plus sur sa folle initiative de vivre 7 jours sans quitter sa capsule rocheuse au sein du Palais de Tokyo.

  

Du 3 février au 8 mai 2017
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson – 16e