The Dead Don't Die, faux film de zombies mais vrai autoparodie

undefined 16 mai 2019 undefined 09h32

Louis Haeffner

Présenté en ouverture du Festival de Cannes, le dernier film de Jim Jarmusch générait, comme à chaque fois, beaucoup d'excitation. Après tout c'est normal, le réalisateur de Coffe and Cigarettes a développé, avec le temps, un style unique qui a su remporter l'adhésion de nombreux grands acteurs et actrices. On est donc rarement déçu avec Jarmusch... sauf cette fois. 


Dans la calme commune de Centerville, perdue quelque part au milieu de l'Amérique profonde, d'étranges événements éveillent la méfiance des deux policiers locaux, Cliff et Ronnie. Les montres s'arrêtent, la lune prend une lueur étrange, les animaux disparaissent, et bientôt, les morts se réveillent et quittent leurs tombes pour envahier les rues et se nourrir de chair humaine. Tout cela est très, très inhabituel. 

The Dead Don't Die film critique

Après les vampires de Only Lovers Left Alive, Jim Jarmusch continue son exploration très personnelle du cinéma de genre avec ce zombie movie. Seulement du film de zombies, The Dead Don't Die n'a guère que le titre et le contexte, l'action en étant presque entièrement absente. Pas de hurlements d'effroi ni de grandes scènes de massacre ici, on suit l'avancée des événements à un rythme d'une lenteur caractéristique chez Jarmusch, c'est-à-dire qu'il ne se passe pas grand-chose. C'est tout juste si quelques coups de machette viennent perturber le flegme drolatique de nos deux policiers, incarnés avec une inconviction probablement volontaire par Bill Murray et Adam Driver

The Dead Don't Die film critique

Il semblerait pourtant que le métrage ne soit pas totalement vain, puisque que Jarmusch s'en sert comme support pour parodier son propre cinéma. De la bande originale (la chanson "The Dead Don't Die" de Sturgill Simpson) revenant sans cesse comme une ritournelle qui finit par exaspérer Bill Murray à quelques mises en abyme un peu cheap avec le personnage de Ronnie qui fait référence au script – et même à "Jim" directement – en passant par un casting qui lorgne fortement vers le milieu de la musique (Tom Waits et Iggy Pop notamment), le seul intérêt du film réside dans cette accumulation d'hommages rendus à lui-même, non dénués d'ironie et d'humour mais un peu redondants, jusqu'à la réplique finale, (« What a shit world ») vaste considération sur l'état du monde qui justifie mal un propos satirique peu cohérent. 

The Dead Don't Die film critique


Jim Jarmusch s'auto-parodie donc avec cette histoire de zombies d'une lenteur contemplative abusive, mais manque la cible en basant tout là-dessus. Le public averti y verra certainement une auto-dérision amusante, et la private joke convient sûrement bien au contexte cannois, mais le film en lui-même, dénué de réelle intention artistique, est franchement peu divertissant. Dommage, ça donnait sacrément envie.